Mohamed Mbougar Sarr - La plus secrète mémoire des hommes
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La plus secrète mémoire des hommes
Août 2021
448 pages
ISBN : 978-2-84876-886-1
Prix Goncourt 2021
Prix Transfuge du meilleur roman de langue française 2021
4ème de couverture :
En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?
Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…
D’une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Mohamed Mbougar Sarr, né en 1990 au Sénégal, vit en France et a publié trois romans : Terre ceinte (Présence africaine, 2015, prix Ahmadou-Kourouma et Grand Prix du roman métis), Silence du chœur (Présence africaine, 2017, prix Littérature-Monde – Étonnants Voyageurs 2018), et De purs hommes (Philippe Rey/Jimsaan, 2018).
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Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais « promesse à suivre de la littérature africaine francophone » vit en France et poursuit son cursus universitaire. Il découvre le livre de T.C. Elimane « Le labyrinthe de l’inhumain » et, là, une grosse déferlante s’empare de lui. « Son livre tenait de la cathédrale et de l’arène ; nous y entrions comme au tombeau d’un dieu et y finissions agenouillés dans notre sang versé en libation au chef-d’œuvre. Une seule de ses pages suffisait à nous donner la certitude que nous lisions un écrivain, un hapax, un de ces astres qui n’apparaissent qu’une fois dans le cille d’une littérature. » Mais quel est donc cet ouvrage et à quoi ressemble son auteur ? C’est à la fois un chef d’œuvre et un livre maudit. A sa sortie, il fut encensé par les critiques et son auteur qualifié de « Rimbaud nègre », puis vilipendé parce que un chercheur a parlé de plagiat et, enfin, tombé dans l’oubli total
Faye part à la recherche de l’homme perdu, de l’histoire « Celle des livres perdus dans un couloir du temps, pas même maudits, mais simplement oubliés, et dont les cadavres, les ossements, les solitudes jonchent le sol de prisons sans geôliers, balisent d’infinies et silencieuses pistes gelées ». Son auteur ne s’est jamais montré et a disparu dans la nature .
Au cours de son enquête, de sa quête, il rencontre celles et ceux qui l’ont connu, côtoyé, ses amis, maîtresses, éditeur éditrice… Au premier rang Siga D que le narrateur appelle « l’araignée-mère », écrivaine « On ne rencontre pas Elimane. Il vous apparaît. Il vous traverse. Il vous glace les os et vous brûle la peau. C’est une illusion vivante. J’ai senti son souffle sur ma nuque, son souffle surgi d’entre les morts ».
Chaque rencontre donne lieu à un nouveau livre dans le livre (Tiens, cette construction n’est pas sans me rappeler le livre de martin Mongin « Francis Rissin », mais là s’arrête la concordance).
Dans ce grand livre protéiforme, il est question de négritude, littérature française, de langue française, d’histoire, d’histoires, de contes, de légendes, de la vie, de l’amour, de la mort.
Je vais suivre le conseil du colocataire et ami de Faye, « N’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre ». ou ce qu’en dit Faye lui-même « C’est une histoire qu’il est à la fois impossible de raconter, d’oublier, de taire. »
Mohamed Mbougar Sarr, quel livre ! Vous mélangez les littératures africaine, française avec brio. Vous nous racontez avec un immense talent des histoires que, pour certaines, j’ai eu besoin de lire à voix haute, de les raconter en quelque sorte. Oui, l’oralité n’est jamais loin, tout comme la recherche du mot juste et beaucoup d’exigences. J’espère vraiment que vous ne suivrez pas l’exemple d’Elimane et que ce ne sera pas votre dernier livre.
Un prix Goncourt très mérité, exigeant. Un livre qui parle de littérature avec un vocabulaire recherché, des phrases qui vous hérissent les poils des bras (dans le bon sens du terme). Un livre qui parle de la place de la littérature et de l’écrivain dans notre société
Une véritable déclaration d’amour à la littérature. Un grand, très grand coup de cœur. La littérature francophone en sort grandie
Laissez-vous emporter, embarquer en tournant les pages, perdez-vous, vous vous retrouverez sur la bateau, blotti entre deux pages, à vous repaître de la belle écriture de Mohamed Mbougar Sarr, suivre les méandres de sa quête, ses rebondissements qui en font également ce que l’on appelle, en bon français, un page-turner.