Maylis Adhémar - Bénie soit Sixtine
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Bénie soit Sixtine
Maylis Adhémar
Editions Julliard
Août 2020
304 pages
ISBN : 9782260054542
4ème de couverture :
Sixtine, jeune femme très pieuse, rencontre Pierre- Louis, en qui elle voit un époux idéal, partageant les mêmes valeurs qu’elle. Très vite, ils se marient dans le rite catholique traditionnel et emménagent à Nantes. Mais leur nuit de noces s’est révélée un calvaire, et l’arrivée prochaine d’un héritier, qui devrait être une bénédiction, s’annonce pour elle comme un chemin de croix. Jusqu’à ce qu’un événement tragique la pousse à ouvrir les yeux et à entrevoir une autre vérité.
Bénie soit Sixtine est avant tout l’histoire d’un éveil et d’une émancipation. Entre thriller psychologique et récit d’initiation, ce premier roman décrit l’emprise exercée par une famille d’extrémistes sur une jeune femme vulnérable et la toxicité d’un milieu pétri de convictions rétrogrades.
Un magnifique plaidoyer pour la tolérance et la liberté, qui dénonce avec force le dévoiement de la religion par les fondamentalistes.
L’autrice (site de la maison d’édition) :
Née en 1985, Maylis Adhémar vit à Toulouse où elle travaille en tant que journaliste indépendante. Bénie soit Sixtine est son premier roman.
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Sixtine, vous avez été élevée dans une famille catholique pratiquante traditionaliste et cela ne vous pose aucun problème. Votre parcours est tout tracé, pas de plaisir hors ceux procurés par la prière encore et encore, les diverses messes obligatoires, les rencontres pastorales et autres joyeusetés. « Votre fille a eu un comportement provocant. Elle a porté une tenue indécente et dans cette tenue elle a préféré jouer au football avec des garçons plutôt que de se rendre à l’atelier chorale ». La tenue indécente était un short, certainement très décent.
Sixtine, vous avez connu vos premiers émois dans les bras d’un garçon qui, sans aller jusqu’au bout, a réveillé vos sens. Par contre, en épousant Pierre-Louis Sue de La Garde, vous connaissez et pratiquez « le devoir conjugal », en position du missionnaire, la tête sur le côté pour ne pas voir la tête de votre mari en train de jouir.
Sixtine, vous connaissez votre feuille de route ; faire des enfants, être un ventre, puis une mère, sans oublier le devoir d’obéissance envers votre belle-mère. Madeleine, la belle-mère « mocassins bleu marine, toujours, jupes à l’ourlet situé vingt centimètres au-dessous du genou, écossaise souvent, chemise polo, bleu marine également pour les jours de campagne, chemisier à petits boutons blancs les jours de messe, soit cinq fois par semaine, collier de perles blanches inamovible, médaille de la Vierge… Sa volonté est ferme, sa foi inébranlable, sa parole toujours conforme à la tradition catholique. Elle prône la soumission de la mère au chef de famille, le père bien entendu, tout en faisant marcher la maisonnée à la baguette, mari y compris. Madeleine est grande forte, sans être grasse, hanches larges, parfaites pour faire sortir huit rejetons. Solide, elle ne flanche pas, jamais, parle fort, prie humblement courbée, à genoux, rit fort, engueule fort, souvent. »
Sixtine, votre époux, Pierre-Louis a une haine des tantouzes, « Un papa, une maman ! On ne ment pas aux enfants ! C’est la fin de la civilisation ! La société occidentale se meurt ! » l’extrême gauche, l’étranger « Pour défendre le tombeau du Christ, les croisés ont bien levé une armée ! » alors sa Milice est chargée de ce combat, pour corriger et redresser une France qui part à vau l’eau, sans vertu ni moralité… Il en devient meurtrier et est tué.
Sixtine, vous voici veuve, enceinte. Madeleine commence déjà à vous tarauder pour vous remarier au bout d’un an… Un ventre ne doit pas rester sans être fertilisé ! « Après la naissance, nous laisserons passer une année, ce serait correct, puis il faudra vous marier… Votre devoir sera aussi de donner un père et des frères à l’enfant que vous portez. »
Sixtine, là commence, après la dévastation, grâce à l’infirmière qui s’occupe de vous un désir d’indépendance. Le premier ? Vous accouchez seule, vous ne prévenez personne… Et vous acceptez la péridurale ! Non, vous n’accoucherez pas dans la douleur ! Un grand premier pas. « J’ai accouché hier dans la nuit, je n’ai pas voulu vous importuner. Le bébé va très bien » C’est le message que vous leur avez envoyé. Foucault, bien sûr ressemble à son père. Quoi, vous avez dit Foucault ? Pourtant Sixtine, vous voulez l’appeler Adam, Foucault c’est le prénom qu’à donné, arbitrairement, le père, mais… Non, une seconde fois, vous faites preuve de courage, avec l’aide de votre père qui fait la déclaration à la mairie. Adam c’est donc Adam.
Sixtine, par un beau jour, ne supportant plus la main mise de Sainte Madeleine sur votre vie, vous fuyez pour aller dans le couvent où, jeune fille, vous alliez à la chorale. Rien à voir avec la secte que vous avez fréquentée. La peur de voir surgir les grands-mères vous fait reprendre la route pour un ailleurs… Sauveterre-de-Rouergue.
Sixtine, la première visite de ta voisine te fout sur le flanc… Elle ne te connaît pas et t’apporte des fraises de son papy !!!
Sixtine, tu découvres un nouveau monde où même le curé est humain !! Il te propose un boulot à temps partiel où tu aideras ton prochain en l’aidant dans ses papiers de naturalisation, sans t’occuper de sa religion !! Quel pas de géant
Sixtine, tu vas fréquenter des infréquentables, des jeunes qui fument le pétard, jouent de la musique impie… Mais qui t’acceptent comme tu es
Sixtine, petit-à-petit, tu vas t’ouvrir à ce monde, renaître, t’amuser, profiter de la vie et d’Adam. Tu vas même le faire garder pour aller travailler… Dans une garderie
Sixtine, tu découvres le petit plaisir de boire une bière en terrasse avec des copains sans te soucier du quand-dira-t-on, tu connais même la jouissance !
Sixtine, grâce à ta belle-sœur qui, bien sûr, a retrouvé ta trace, tu connais la lignée maternelle et découvre un grand-père qui n’a rien d’un crapaud de bénitier. Un vieux soixante-huitard qui n’a pas compris la dérive catholique de sa fille et, surtout, le rejet de ses parents.
Sixtine, tu connais l’histoire de ta famille maternelle grâce aux lettres de ta grand-mère à sa fille (jamais envoyées). tu t’envoles une nouvelle fois pour un ailleurs. Surtout ne pas être retrouvée par tes mère et belle-mère et vivre avec Adam, découvrir la vie tout en gardant ta spiritualité débarrassée de tout ostracisme, extrémisme
Sixtine Bon vent à toi, tu as fait le grand écart entre deux mondes en gardant ton équilibre...la vie vous tend les bras
Un premier roman parfaitement maîtrisé. L'histoire est habilement distillée à travers des lettres de la grand-mère adressées à sa mère. Maylis Adhémar aborde l’intégrisme catholique, les dérives sectaires, l’emprisonnement moral, la violence que cela engendre, la spiritualité hors intégrisme, l’humanité, l’émancipation.
Très beau premier roman