Arnaldur Indridason - La pierre du remords
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4ème de couverture :
Un livre impitoyable sur les regrets et le désespoir du remords. Une construction haletante et surprenante sur l’inévitabilité d’un passé qui refuse de se laisser oublier.
Troisième roman de la série Konrad, plus simenonien et mélancolique que jamais.
Une femme est assassinée chez elle. Sur son bureau, on retrouve le numéro de téléphone de Konrad, ancien policer. L’enquête révèle rapidement qu’elle l’avait contacté récemment pour lui demander de retrouver l’enfant qu’elle avait mis au monde cinquante ans plus tôt, et qu’elle avait abandonné juste après sa naissance. Maintenant désolé de lui avoir refusé son aide, Konrad s’emploie à réparer son erreur. Il retrouve les membres d’un mouvement religieux contre l’avortement et reconstruit l’histoire d’une jeune fille violée dans le bar où elle travaillait. Il retrouve aussi un clochard équivoque, des trafiquants de drogue et même des fragments de l’histoire de la mort violente de son père.
Lorsqu’il retrouvera l’enfant, il mesurera l’ampleur de la tragédie dans laquelle son intuition et son entêtement l’ont plongé.
Konrad se révèle un enquêteur sensible à la souffrance des autres, d’une humanité touchante.
Dans une construction particulièrement habile et haletante, La Pierre du remords est un roman captivant et impitoyable sur la honte, le désespoir et l’intensité des remords qui reviennent nous hanter.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Arnaldur Indridason est né à Reykjavík le 28 janvier 1961. Diplômé en histoire, il est d’abord journaliste et critique de films pour le Morgunbladid, avant de se consacrer à l’écriture. Ses nombreux romans, traduits dans quarante langues, ont fait de lui un des écrivains de polar les plus connus en Islande et dans le monde, avec douze millions de lecteurs. Il a reçu le prix Clef de verre à deux reprises, en 2002 pour La Cité des jarres, et en 2003 pour La Femme en vert (également couronné par le Gold Dagger Award et le Prix des lectrices de Elle), le Prix du Polar européen Le Point en 2008 pour L'Homme du lac, le prix d’honneur du festival les Boréales en 2011, et le prix espagnol rba du roman noir en 2013 pour Passage des Ombres (troisième tome de la Trilogie des Ombres, à paraître en 2018).
Douze de ses romans mettent en scène le personnage d’Erlendur Sveinsson, inspecteur de la police de Reykjavík. Plusieurs autres sont consacrés à des énigmes historiques ou des affaires d’espionnage. Dans la fascinante Trilogie des Ombres, il met en scène un nouveau couple d’enquêteurs, à l’époque de la « Situation », l’occupation américano-britannique de l’Islande à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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Les vies se vivent derrière les fenêtres de petits immeubles ou maisons mitoyennes de ce quartier construit début soixante-dix. Marta inspectrice est présente dans ce quartier suite à la mort violente d’une vieille dame. (Oh, pas si vieille que ça, elle n’a que soixante-dix ans, faudrait voir à relativiser les choses que diantre !!). L’appartement sens dessus-dessous semble annoncer un cambriolage qui a mal tourné ou, plutôt, un meurtre prémédité comme le pense Marta. Valborg, c’est le nom de la victime, avait sur son bureau le numéro de téléphone d’un certain Konrad !
Konrad, vous savez bien, ce policier islandais qui est à la retraite, un collègue-copain de Marta. J’aime à le retrouver au fil des ans et des livres d’Indridason.
Bref, Valborg avait contacté Konrad pour lui demander de rechercher son fils abandonné à la naissance quelques cinquante années auparavant, offre qu’il avait refusé, trop d’imprécision. Maintenant, il regrette son refus et fait sa propre enquête pour retrouver l’assassin. Il remonte l’écheveau de la vie de Valborg. En même temps, il continue l’enquête sur le meurtre de son « cher » père.
Konrad remonte jusqu’à la jeunesse de Valborg car il sait que le nœud de sa triste vie est là.
L’ex-policier aime à déterrer, à chercher comme un chien truffier (ça a plus de gueule qu’un clebs qui cherche son nonos!). Si les faits n’ont pas d’odeur, ils laissent toujours traîner des fils que Konrad, patiemment, rempelote. Le passé ne se laisse pas facilement oublier et laisse souvent des traces.
Le remord est l’une des lignes conductrices de ce livre. Remords de n’avoir pas voulu aider cette femme. Le remords a également démoli Valborg qui vit seule, sans faire de bruit, sans se faire remarquer. Avant de mourir, elle est gravement malade, elle veut que son enfant sache qu’elle ne l’a jamais oublié, c’est pour cela qu’elle a rencontré Konrad.
J’apprécie, comme souvent dans les polars d’Indridason, la lenteur (fausse) de l’enquête. L’homme prend le temps de discuter, revient à la charge sans brusquer, sauf si cela est nécessaire.
Indridason a une écriture dense mais taiseuse, sensible et tragique dans un mélange polar et roman noir. Du premier, il y a la quête de la vérité avec une construction qui maintient le suspens jusqu’au bout. Du second, la description du Reykjavík sombre de sa jeunesse mélangée à la vie actuelle, de la vie islandaise avec ses misères, noirceur, travers.
J’aime retrouver Konrad comme un vieux copain auprès de qui l’on peut se tenir sans rien dire, juste le plaisir de se retrouver. Je sais qu’il y aura une suite car il n’a toujours pas élucidé la mort de son père.
Alors, à tout bientôt Konrad,je vous attends sagement.