Gaëlle Josse - Ce matin-là
-
/image%2F0555045%2F20210303%2Fob_393547_9782882506696-c40fc.jpg)
Ce matin-là
Gaëlle Josse
Editions Notabila
Janvier 2021
224 pages
ISBN : 9782882506696
4ème de couverture :
Un matin, tout lâche pour Clara, jeune femme compétente, efficace, investie dans la société de crédit qui l’emploie. Elle ne retournera pas travailler. Amis, amours, famille, collègues, tout se délite. Des semaines, des mois de solitude, de vide, s’ouvrent devant elle.
Pour relancer le cours de sa vie, il lui faudra des ruptures, de l’amitié, et aussi remonter à la source vive de l’enfance.
Ce matin-là, c’est une mosaïque qui se dévoile, l’histoire simple d’une vie qui a perdu son unité, son allant, son élan, et qui cherche comment être enfin à sa juste place.
Qui ne s’est senti, un jour, tenté d’abandonner la course ?
Une histoire minuscule et universelle, qui interroge chacun de nous sur nos choix, nos désirs, et sur la façon dont il nous faut parfois réinventer nos vies pour pouvoir continuer.
Gaëlle Josse saisit ici avec la plus grande acuité de fragiles instants sur le fil de l’existence, au plus près des sensations et des émotions d’une vie qui pourrait aussi être la nôtre.
========================
Clara pète les plombs comme l’on dit familièrement. Un bon matin, partant au boulot, sa voiture ne veut plus démarrer et là, tout se fissure, casse. Clara ne peut que remonter chez elle et s’effondrer.
Comment elle, jeune femme dynamique travaillant dans un établissement de prêts, qui paraît à l’aise dans ses baskets, plutôt ses escarpins avec une vie qui semble heureuse. Oui, pourquoi une simple voiture qui ne démarre pas a t-il grippé la roue de sa vie ? « Elle se dit qu’elle, elle vend de l’argent à des petits vieux qui veulent se faire aimer de leurs petits-enfants. Elle ne croyait pas ça possible. » ça, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, le grain de sable qui a enrayé la machine.
Peut-être tout a-t-il commencé avec l’AVC du père douze ans plus tôt et sa décision de ne plus partir « L’impression que l’on vient de tirer avec brusquerie un rideau opaque sur son avenir ». Non, elle ne partira pas enseigner le français à l’étranger. Cette décision, les regrets, l’abnégation, le choix qui n’en est pas un sont là, tapis bien au fond d’elle et font le lit de ce qui lui arrive.
Débute une longue descente, je ne dirai pas en enfer, mais dans l’enfer de la dépression et son corollaire de médicaments qui l’assomment en même temps que la Bête. Elle devient fantôme, son compagnon, incapable de l’aider et de comprendre la quitte. « Tu sais, pour nous, je ne sais plus. »
La voici seule, au fond de son canapé, incapable de nager ou surnager. Je ne suis pas la descente de Clara, mais je l’accompagne comme une présence amie qui tente de l’empêcher de se noyer.
C’est le talent de Gaëlle Josse qui ne me rend pas voyeuse, mais amicale envers Clara.
Beaucoup d’humanité, pas de pathos, Gaëlle Josse met les mots justes sur la douleur du burn-out, cette dépression que de plus en plus de personnes rencontrent.
J’ai aimé ces petits chapitres ouvrant sur des phrases comme qui résume la vie de Clara « Clara la vaillante, vacillante. Une lettre de plus qui dit l’effondrement » ou « Au fond, aimer sans i devient amer ».
Ouvrir un roman de Gaëlle Josse est, pour moi, un gage d’une lecture vraie, émouvante et, « Ce matin-là » ne déroge pas. Merci pour votre humanité.