Dimitri Rouchon-Borie - Le démon de la colline aux loups
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Le démon de la colline aux loups
4ème de couverture :
Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin.
Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante que bienveillante, Le Démon de la Colline aux Loups raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d’amour et de passion, de moments de lumière... Il dit sa solitude, immense, la condition humaine.
Le Démon de la Colline aux Loups est un premier roman. C’est surtout un flot ininterrompu d’images et de sensations, un texte étourdissant, une révélation littéraire.
L'illustration de couverture a été réalisée par Clara Audureau.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Dimitri Rouchon-Borie est né en 1977 à Nantes. Il est journaliste spécialisé dans la chronique judiciaire et le fait divers. Il est l’auteur de Au tribunal, chroniques judiciaires (La Manufacture de livres, 2018). Le Démon de la Colline aux Loups est son premier roman.
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« Mon père disait ça se passe toujours comme ça à la Colline aux Loups et ça s’était passé comme ça pour lui et pour nous aussi. Maintenant je sais que ça s’est arrêté pour de bon. La Colline aux Loups c’est là que j’ai grandi et c’est ça que je vais vous raconter. Même si c’est pas une belle histoire c’est la mienne c’est comme ça. »
L’histoire de ce petit garçon me prend aux tripes, au cœur. « A qui j’écris ce journal alors je ne sais pas. Peut-être à moi-même et à celui que j’étais avant le Démon. »
Une famille on ne peut plus dysfonctionnelle et le mot est faible. Le père et la mère sont plus occupés à se pochetronner, s’engueuler, faire des gosses, regarder la télévision quand le voisin leur en a donné une ; contre quoi, on ne sait pas
A chaque naissance, le bébé est mis dans dans une pièce sombre qui sert de chambre, sur une couverture, aux autres frères et sœurs de s’en occuper. D’ailleurs, cette petite chose, le jeune garçon l‘appelle « la Boule » les grands la prenne sur le ventre pour qu’elle sente un peu de chaleur. L’amour parental, l’éducation, les repas équilibrés, ils ne connaissent pas. Ce ne sont même pas des animaux car les femelles s’occupent de leurs petits. A la Colline aux Loups ce ne sont que corrections et sévices, aucune éducation à la propreté, rien, rien, rien que des coups, sévices et viols. Duke subit, s’endurcit pour protéger sa sœur que l’on cache et que la mère veut offrir au père
Comment voulez-vous qu’un enfant puisse s’épanouir sans un minimum d’attention, d’éducation. Comment avoir du cœur. lorsque personne ne vous a appris que vous en aviez un. Seul le démon est connu car Duke (c’est le nom de l’enfant) l’a tous les jours en face de lui. Il grandit en lui
Les services sociaux ont forcé le gamin à aller à l’école. Là, il découvre un nouveau monde et c’est lorsque la maîtresse l’appelle par son prénom qu’il sait qu’il s’appelle Duke et qu’il découvre l’humanité, le sourire gratuit.
« Je crois que c’est ma souffrance qui m’a tué depuis longtemps je ne crois pas que je suis vivant autrement que par mes fonctions biologiques mais dedans je suis mort… Et c’est aussi sans doute ma souffrance qui a fait le lit du Démon et qui a causé la mort de tous ces gens que j’ai tués. »
Le Démon, il connaît, la maltraitance également. Lorsqu’il découvre la bienveillance et l’amour, il a tendance à fuir parce que cela ne peut durer, un jour ou l’autre le Démon reviendra. Pourtant il y a eu des éclaircies, les policiers venus voir les parents, l’institutrice, le docteur, l’équipe hospitalière qui s’est occupée de le réparer après les viols d’une grande violence de son père, sa sœur, la solitude avec la beauté de la nature, sa découverte de la mer et surtout, Peete et maria, famille d’accueil qui l’a recueilli et considéré comme leur enfant. Duke est continuellement en lutte contre lui-même, une lutte entre le bien et le mal, le bien contre le mal surtout.
« Je ne pouvais pas me tenir longtemps dans les habitudes des autres car j’aurais explosé un jour et je ne voulais pas que Pete et Maria aient affaire au Démon alors je leur ai écrit tout ça. J’ai écrit une longue lettre pour exprimer une gratitude éternelle et je m’excusais de ne pas avoir les mots pour dire combien je souffrais au-dedans de les quitter et de perdre encore une famille et ils étaient une famille...alors je partais tant que j’étais encore assez innocent. »
La période dans la profondeur d’une forêt a été une renaissance
« Dans la nature je pensais que tant que la chaleur était là le démon ne pouvait rien faire j’étais dans l’origine de choses rien de plus rien de moins que toutes les autres créatures et les fleurs et les herbes. Moins je serais quelqu’un je pensais moins le Démon pourrait être nécessaire pour que je survive ou que mon destin s’accomplisse et que la graine de mon père pousse »
« Plus je recevais ces détails comme des cadeaux plus j’en cherchais de nouveaux et plus je m’enfonçais dans les plis et les replis de l’univers et j’oubliais tout et je m’oubliais moi et le Démon ».
En prison, il a trouvé une délicate attention chez un prêtre qui lui a donné à lire Saint Augustin et l’aide, sans juger, dans sa soif de découvrir le pourquoi de Dieu par l’intermédiaire du Démon qui est en lui et qui, en fait, est la figure du père.
Un texte sans aucune ponctuation autre que le point ; Une écriture faussement naïve, travaillée au plus près du mot pour donner encore plus d’ampleur à la souffrance, la vie et aux quelques émerveillements de Duke.
Un roman d’une extrême noirceur, dur, poignant où l’humanité permet des respirations. Un uppercut qui vous prend aux tripes.
Les éditions du Tripode ont le savoir-faire de dénicher des auteurs au talent inclassable et certain
vous êtes comme une maison qui tient sur deux parpaings au lieu d'un mur à cause de votre enfance
Quand le car est parti, je me suis effondré sur le bord de la route. Il y avait des aiguilles de pin séchées, de la poussière et un peu de terre ocre qui s’en allait dans le fossé. Et là, assis, je ne savais pas si je devais remonter pour retourner à la maison ou partir explorer encore. C’est la première fois que ma conscience avait affaire à un choix et je dois dire que j’ai fait le mauvais. Je suis rentré à la maison.