Tiffany Mc Daniel - Betty

Betty

Tiffany Mc Daniel

Traduction François Happe

Editions Gallmeister

août 2020

ISBN 9782351782453

4ème de couverture : 

“Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne.”

La Petite Indienne, c’est Betty Carpenter, née dans une baignoire, sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et sœurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler.

Betty raconte les mystères de l’enfance et la perte de l’innocence. À travers la voix de sa jeune narratrice, Tiffany McDaniel chante le pouvoir réparateur des mots et donne naissance à une héroïne universelle.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Tiffany McDaniel vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne. Son premier roman, L’Été où tout a fondu, est à paraître aux Éditions Gallmeister.

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« Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d’avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve. »

« Mon père était fait pour être père. Et malgré les problèmes qu’il a pu y avoir entre ma mère et lui, il était également fait pour être mari »

Dans les années 30, la rencontre entre Alka et Landon, les parents de Betty est plus qu’insolite. Pourquoi l’a t-elle choisie, elle blanche, blonde, classe moyenne et lui, cherokee brun de peau et de cheveux. Au fil de ma lecture j’en comprend les raisons. « L’amour n’est pas indispensable pour qu’une semence germe et se développe » Enceinte, ils se marient et, avant qu’elle ne parte de chez ses parents, Landon casse la figure à son père et lui ôte l’âme c’est-à-dire qu’il lui fait une entaille au nez jusqu’à l’os (le nez est le siège de l’âme chez les cherokees). Il avait osé rosser sa fille.

Le couple mène une vie d’errance, la famille s’agrandit de huit enfants puis ils retournent dans l’Ohio, où Alka a vécu. C’est là, dans une maison quasi en ruines que Betty va grandir entre ses parents, ses deux sœurs et trois frères.

Betty, physiquement, est celle qui ressemble le plus à son père, c’est pourquoi il l’appelle « Petite indienne ». Un lien très fort se tisse entre eux. Il ne la couve pas, mais à chaque fois il trouve l’histoire, la leçon qui lui permet de repartir. De par sa couleur, elle est le souffre-douleur à l’école, des élèves comme des enseignants. Même ses sœurs lui font remarquer leurs différences.

Pourtant, ces trois là sont unies par un amour très fort qui n’évite ni la jalousie, ni les rivalités. Fraya ,qui cache un lourd secret, Flossie qui veut être actrice et Betty qui écrit des poèmes.

L’écriture, chez Betty, est primordiale et lui sauve la vie. Des poèmes qu’elle écrit, elle passe à ce qui se passe chez elle, autour d’elle, ses réflexions, ses sentiments. Elle met les feuilles dans des bocaux qu’elle enterrent, comme les révélations que lui a faites sa mère alors qu’elle n’avait que neuf ans. Le jour de son anniversaire sa mère lui révèle ce qui s’est passé « J’avais neuf ans quand Dieu m’a tourné le dos pour la première fois, m’a-telle dit, le regard fixé droit devant elle. L’âge que tu viens d’avoir, petite fille. » A partir de ce jour, Betty en a terminé avec l’insouciance de l’enfance.

Comment une mère peut-elle infliger de telles révélations à une gamine de neuf ans, alors que les aînés ne sont pas mises au courant. Est-ce dû à la couleur de la peau de Betty qui lui rappelle pourquoi elle a épousé cet homme ? Betty aurait tant pouvoir se blottir dans les bras de sa mère, être aimée d’elle, vivre son enfance pas très heureuse, mais quand même. Il se trouve que cette gamine est ou devient le réceptacle de tous les secrets de la famille. A elle de gérer et vivre avec.

Vivre dans l’Amérique rurale de le début de la première partie du xxème siècle lorsque l’on n’est pas blanche et pauvre n’a rien d’un conte de fée.

Le père est piégé par ce mariage qu’il ne remet jamais en cause, ne serait-ce que parce que c’est elle qui, pour la première fois, lui a donné du monsieur « Ta maman m’a trouvé. Je n’avais ni but ni nom avant ta maman…. Personne ne m’avait même jamais demandé comment je m’appelais, avant ta maman. Non seulement elle me l’a demandé, mais elle à même ajouté un « monsieur » à la fin. « Quel est votre nom, monsieur ? » On ne m’avait jamais dit « monsieur » avant cela... »

Son père, Landon Carpenter est Cherokee et est donc traité comme sous-race avec tout le mépris que les petits blancs sont capables dans les usines, fermes où il travaille quelques temps, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus supporter ce comportement.

« Au début de ma vie, je n’étais personne, mais parce que ta maman a fait de moi un père, j’ai une bonne chance de finir mon existence sur cette terre comme quelqu’un qui vaut la peine qu’on se souvienne de lui. Pourquoi diable j’aurais envie de m’enfuir et quitter ça ? ». Il va élever ses enfants dans l’amour de la nature, des mots, du pardon mais pas de la joue tendue. C’est un père aimant et attentionné un peu perdu dans le monde où il vit, qui raconte les contes cherokee à ses enfants, qui donne le goût des mots à Betty, le goût des dessins à Trustin, qui calme Lint et ses démons.

L’écriture est belle, rythmée, envoûtante, poétique malgré les horreurs qui s’y répandent. La façon dont elle les met en scènes les rendent palpables dans leur horreur. La traduction de François Hoppe participe à la beauté du texte.

Ce livre, qui prend aux tripes est plein d’amour, d’empathie, d’espoir, de haine, de colère, de rage, de peur, de secrets. Tiffany Mc Daniel rend un très bel hommage à sa mère et aux femmes victimes de trop de violences. Une jolie façon de lui dire je t’aime maman.

Un coup de cœur, un futur classique de la littérature américaine, François Busnel a raison.

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D
Bonsoir Zazy, un roman que j'espère lire un jour. Je n'ai lu que des louanges à son sujet. Bonne soirée.
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Z
Il doit être dans toutes les bib. D'ailleurs, ce qui m'ennuie, c'est qu'il va falloir que je rende le mien
D
Bonjour Zazy, je compte bien lire ce roman qui a reçu le prix du roman Fnac. Je n'ai lu que des éloges à son sujet. Bonne après-midi et bonne année!
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Z
C'est un des rares livres au sujet duquel je n'ai rien lu de négatif
H
Un roman très fort !
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Z
Oui, un futur classique
M
Un livre qui m'a marqué moi-aussi je suis contente de lire aujourd'hui ton avis passionné...je ne suis pas prête de l'oublier. Je viens de finir "impossible" que tu as présenté récemment...
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Z
Deux très bons livres, des coups de coeur pour moi
A
Une lecture et des personnages que l'on n'oublie pas. Ravie que tu aies aimé toi aussi.
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Z
Rares sont les personnes qui n'ont pas aimé ce livre
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