Olivier Mak-Bouchard - Le dit du Minstral
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Le dit du mistral
Olivier Mak-Bouchard
Editions Le Tripode
Août 2020
360 pages
ISBN : 9782370552396
4ème de couverture :
Après une nuit de violent orage, un homme voit toquer à la porte de sa maison de campagne Monsieur Sécaillat, le vieux paysan d’à-côté. Qu’est-ce qui a pu pousser ce voisin secret, bourru, généralement si avare de paroles, à venir jusqu’à lui ? L’homme lui apporte la réponse en le conduisant dans leur champ mitoyen : emporté par la pluie violente et la terre gorgée d’eau, un pan entier d’un ancien mur de pierres sèches s’est éboulé. Or, au milieu des décombres et de la glaise, surgissent par endroits de mystérieux éclats de poterie. Intrigués par leur découverte, les deux hommes vont décider de mener une fouille clandestine, sans se douter que cette décision va chambouler leur vie.
S’il se nourrit des œuvres de Giono et de Bosco, Le Dit du Mistral n’est pas un livre comme les autres. C’est le début d’un voyage, un roman sur l’amitié, la transmission, sur ce que nous ont légué les générations anciennes et ce que nous voulons léguer à celles à venir. C’est un récit sur le refus d’oublier, une invitation à la vie où s’entremêlent histoires, légendes et rêves. C’est une fenêtre ouverte sans bruit sur les terres de Provence, la photographie d’un univers, un télescope aimanté par les dieux.
L'illustration de couverture a été réalisée par Phileas Dog.
Le Dit du mistral a reçu le prix Première Plume 2020.
L’auteur (site de la maison d’édition) :
Olivier Mak-Bouchard a grandi dans le Luberon. Il vit désormais à San Francisco. Le Dit du Mistral est son premier roman.
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J’entre dès les premiers mots dans l’univers du Lubéron, ses bruits, ses silences… ses orages qui font grossir et déborder les rus, déterrer des reliques gallo-romaines, légions (non pas romaines) dans la région.
Mais avant, il me faut parler du Hussard. Ce chat est apparu lorsque Monsieur Sécaillat, paysan et voisin, embarque le vieux J7 du narrateur, direction la déchetterie. De suite il a décidé que ce serait ici sa demeure, rien d’autre à ajouter. Depuis, Hussard en raison des bottes noires sur les pattes et, peut-être, en hommage à Giono, le chat, joue les rôles de premier plan.
Je reviens à mes moutons. Après une nuit, d’orage, Monsieur Sécaillat frappe à la porte du narrateur « Venez y a quelque chose qu’y faut que je vous montre ». Le ru, Cavalon est son nom, sorti de son lit a dégringolé le muret qui enclos le lopin de terre de l’agriculteur laissant apparaître, au milieu des éboulis « Il y avait des cailloux qui n’en étaient pas, des tessons de terre cuite, des bouts de poterie ». Non, il ne veut pas de fouille-merdes chez lui «Il est hors de question qu’ils viennent faire des fouilles ici. On sait quand ça commence, on ne sait pas quand ça finit. Suffit qu’ils retrouvent le bout de la moustache de Vercingétorix et l’Etat vous fout dehors. Je n’ai pas envie qu’ils se mettent à creuser des trous partout et de ne plus pouvoir aller dans mes cerisiers pendant dix ans ou plus.». OK, très bien, mais quoi faire ? Pas de problème, il y a toujours une solution « Dès que c’est sec, un coup de tractopelle là-dessus, et après, je reconstruis le mur. Si vous pouvez m’aider à le faire avec les pierres, tant mieux, c’est plus joli, sinon, trois coups de parpaings et on n’en parle plus. » Pourtant les voici tous les deux dans l’eau boueuse de la source surgit de nulle part dans des fouilles illégales… jusqu’à ce que le narrateur en extrait une petite statue qui le perturbe et dont il tombe amoureux. Ces trouvailles vont changer à jamais leurs destinées. Le narrateur, s’ennuie dans son boulot dans un Lycée, la statuette est une porte qui s’ouvre vers les légendes, l’inconnu, l’aventure sans oublier les cachotteries envers son épouse. L’impression qu’il retrouve son âme d’enfant et moi avec.
Olivier Mak-Bouchard parle, écrit en amoureux du Lubéron, à la fois exubérant et tendre. J’entends le vent, la pluie, les chaussures sur les cailloux, je sens l’herbe humide, l’odeur des arbres, de la garrigue, je vois les arbres, les prés, la nature, je suis dans la magie des contes et sortilèges du Lubéron. La magie a opéré dès le début du prologue « Si le lecteur veut vraiment comprendre, il doit remonter jusqu’à la création du monde. Pas celle que tout le monde connaît, mais bien celle des légendes du coin, celle que l’on raconte aux enfants d’ici pour qu’ils s’endorment. »
Pas question pour moi de lire à tout verdingue, non, je préférais, bien calée sur mes oreillers, bien au chaud, déguster chaque phrase, chaque mot, chaque intonation, me laisser pénétrer par la magie et m’endormir avec le Hussard, bercée par le Mistral et rêver de la statuette miraculeuse.
Je dois ajouter que le livre est dans un superbe écrin dessiné par Phileas Dog dont j’en comprends maintenant le ton orange.
La quatrième de couverture fait référence à Giono et la parenté est évidente. Je pencherais aussi beaucoup plus au nord vers Andrus Kivirähk. Bref, un coup de cœur
Comme toujours, les éditions Le Tripode offre un objet de qualité, beau et où l’humour est présent (lire « Achevé d’imprimer ») Allez pour conclure, voici la dernière, l’ultime phrase de ce beau et très bon livre
« Fatche, le caganis était si beau ! »