Jens Christian Grondahl - Quelle n'est pas ma joie

Quelle n’est pas ma joie

Jens Christian Grondahl

Traduction Alain Gnaedig

Editions Gallimard

Février 2018

160 pages

ISBN : 9782072689499

 

4ème de couverture :

«Voilà, ton mari est mort lui aussi, Anna. Ton mari, notre mari. J’aurais aimé qu’il repose à côté de toi.»

Ellinor a soixante-dix ans. Elle vient de perdre Georg, son mari, et elle a rapidement décidé de vendre leur maison, dans la banlieue chic de Copenhague, afin de retourner vivre à Vesterbro, le quartier populaire de son enfance. Et Ellinor va se raconter. Elle s’adresse à Anna, sa meilleure amie, qui était la première femme de Georg. Et la maîtresse de Henning, son mari à elle. Anna et Henning ont été emportés par une avalanche dans les Dolomites, pendant des vacances que les deux couples passaient ensemble, au cours des années soixante.

Ce roman d’une vie vécue longuement à la place d’une autre mêle les surprises, la rancœur, l’agressivité et la jalousie. Et les regrets : «Nous, qui ne sommes plus aimés, nous devons choisir entre la vengeance et la compréhension», écrit ainsi Ellinor. Ce livre est une apostrophe, à la fois exercice de deuil, de mémoire et de réflexion, où le «tu» donne une immédiateté nouvelle à la palette du grand écrivain qu’est Jens Christian Grøndahl.

L’auteur :

Jens Christian Grøndahl est né le 9 novembre 1959 au Dannemark. Ecrivain de renommée internationale ; il reçoit, entre autre, le prix Jean Monnet des Littératures européennes de Cognac pour son roman "Piazza Bucarest".

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« Voilà, ton mari est mort lui aussi, Anna. Ton mari, notre mari ».

Ainsi débute le libre de Jens Christian Grondahl. Ellinor vient de perdre son mari Georg qui fut également celui d’Anna.

Ce temps de deuil l’autorise à se retourner sur son passé, non pas faire le bilan mais de parler, à travers Anna, à elle-même, de sa vie par procuration ou à la place de.

Ellinor ne s’est jamais sentie à sa place, jamais autorisé à, même avec son premier mari Henning. Comme l’impression qu’il est resté avec elle par devoir et non par amour, suite à son avortement qui la laisse stérile, de lui avoir volé sa vie, de ne pas être dans la bonne vie, de ne pas avoir droit au bonheur. Elle trouve quasi normal la liaison de son mari et Anna, elle est tellement mieux qu’elle.

Petit-à-petit, Ellinor remonte dans sa vie, ses relations difficiles avec sa père célibataire. Qui plus est, Ellinor est fille de boche ! Sa mère a eu une liaison, une histoire d’amour avec un soldat allemand qui n’est jamais revenu la chercher, qui ne sait pas qu’elle existe. Après cela, elle s’interdit de vivre, d’avoir une vie de couple et a, de ce fait, bridé sa fille. Ceci, la narratrice ne l’a raconté à personne, même à ses deux maris ; ce secret est enfoui au fond d’elle et l’a empoisonné toute sa vie durant.

« Il ignorait totalement mon existence…. Comment ai-je pu vivre avec ça ? Avec le fait qu’il ne l’a jamais su ? »

Tout au long du livre, Ellinor dissèque sa vie sans s’appesantir sur son mal être, c’est ainsi, point final. Et toujours cette impression de n’être pas la bonne personne, de ne pas être à la bonne place.

Épouser Georg, a été un long glissement vers cet acte. Elle s’est occupée de la maison, des jumeaux, elle qui ne peut avoir d’enfant. Pas facile de prendre la place et le lit de son amie, même morte, même amante de son propre mari ! «Au début, nous étions obligés d’éteindre la lumière et de faire comme si nous étions quelqu’un d’autre »

« Peu à peu, notre histoire a duré plus longtemps que celle entre toi et Georg. Nous étions unis.» Cela sonne comme une justification, un état de fait, ne pas dire qu’ils formaient un vrai couple et que, l’amour était présent.

Après le décès de Georg, elle vend la maison située dans un quartier résidentiel pour acheter un petit appartement dans son ancien quartier populaire, histoire d’être à sa vraie place ?

Un long monologue à son amie disparue qu’elle a, en quelque sorte « remplacée. « Pour moi, il n’a jamais été question de pardon quand tu es morte. Cela n’a aucun sens de pardonner ou non à une pierre tombale, qu’elle soit en calcaire ou en granit »

Le ton du livre n’est pas en plomb, le sérieux, la tristesse, sont parfaitement contrebalancés par l’humour, l’ironie, la douceur.

Maintenant qu’elle se retrouve face à elle- même, il lui faut le courage de vivre pour elle, par elle-même « Nous pardonnons à nos parents qu’ils nous oublient, à condition qu’ils s’aiment.» Ce qu’elle n’a pas connu avec sa mère et son père jamais vu.

Une belle découverte de cet auteur que je pense très certainement lire à nouveau

 

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A
Ma libraire me l'avait conseillé, mais je ne l'avais pas pris.
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Z
Tu devrais le trouver facilement à la bib
V
tout ce que j'ai lu de cet auteur m'a plu (Les portes de fer, Les Complémentaires...) ! et celui-ci en fait partie. Il était tombé un peu dans les oubliettes chez moi, merci de me le rappeler :)
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Z
Avec tous les livres que nous dévorons, certains auteurs aimés tombent le temps d'autres découvertes, aux oubliettes
I
Cela fait longtemps que je n'ai pas lu Grondhal, dont j'aime l'écriture subtile et mélancolique. J'ai notamment beaucoup apprécié Piazza Bucarest et Silence en octobre, bien que ce dernier comporte quelques longueurs. Celui-ci a l'air très court, il prendra aisément place sur mes étagères, je note !!
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Z
Il me semble avoir retenu Piazza Bucarest à la bib
A
C'était une première lecture de l'auteur pour moi aussi et j'avais franchement aimé.
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Z
Je comprends
M
Je l'ai noté ce livre car ta présentation me tente beaucoup. Je ne connais pas du tout cet auteur et j'aime ces auteurs nordiques. En plus si l'humour contrebalance la tristesse du sujet, c'est super.
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Z
Une belle découverte pour moi. J'espère qu'il en sera de même pour toi
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