John Wayn - Et frappe le père à mort

Et frappe le père à mort

John Wain

Traduction Paul Dunand

Editions du typhon

2019

396 pages

ISBN: 9782490501045

 

4ème de couverture :

Après une énième dispute avec son père - un universitaire à la vie austère, Jeremy fugue et arpente un Londres ravagé par les bombardements nazis. Seul et fauché, révolté contre un monde qu'il juge étriqué, il survit grâce à sa passion pour la musique.

Vissé à son piano dans un bar enfumé, Jeremy réchauffe les nuits glacées des êtres brisés tout en rêvant de devenir un grand pianiste. Un soir, il fait la rencontre de Percy, un jazzman noir américain. Une rencontre qui bouleverse son existence… mais cette existence sera-t-elle comprise par père pétri de certitudes ?

Mené sur un rythme trépidant qui épouse la sensualité du jazz, ce roman interroge les tensions générationnelles avec un regard perçant et serein. Si chaque génération semble toujours perdue aux yeux de la précédente, une trêve est possible quand les pères et les fils reconnaissent qu'ils portent en eux un peu de la souffrance de l'autre.

Ce livre a reçu le prix Mémorable créé par des libraires réunis au sein du groupement Initiales

L’auteur (site de la maison d’édition) :

John Wain (1925-1994) est né à Stoke-on-Trent dans le nord de l’Angleterre. Considéré comme l’un des écrivains anglais les plus importants du milieu du XXe siècle, il a écrit de nombreux romans, des nouvelles et de la poésie.

Associée au mouvement littéraire des « Jeunes hommes en colère », son œuvre est aujourd’hui régulièrement rééditée en Angleterre et aux États-Unis.

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Jeremy a perdu sa mère lorsqu’il était tout enfant. Depuis lors, il est élevé par son père Alfred et sa tante Eleanor.

Alfred, professeur latin-grec dans une université, ne conçoit la vie pour son fils que comme la sienne, à savoir en dehors de toute éducation religieuse... Mais dans la sacro-sainte connaissance du latin-grec. Son propre père était pasteur et Alfred a dû s’opposer à lui, au retour de la guerre 14-18 pour être universitaire.

Le schéma se reproduit avec Jeremy qui ne supporte plus l’autorité paternelle. Lui, pianiste, ne voit que par le jazz alors qu’Alfred ne conçoit la musique que classique. "Jouer ou écouter du jazz avait quelque chose de déshonorant, un peu comme la masturbation". Autre source de discorde, le grec l’ennuie profondément (je suis polie!), alors que pour le père, « un bon fils est un fils qui sait la grammaire grecque »

Alfred, arc-bouté sur ses principes ne comprend plus Jeremy qui, par un beau jour de printemps part en vélo et, oh sacrilège ! ou Oh liberté ! Déchire son livre de grammaire grecque. Un gros poids en moins sur la poitrine et, d’un cœur allègre, pédale jusqu’à un club où se retrouve une faune populaire. Là, il joue du piano en prenant la place du pianiste en retard. C’est une soirée de première ; première fois où il joue en public, première femme qui le fait danser, premier baiser, première cuite et première bagarre. Le voici de retour au bercail tout penaud et tuméfié.

Mais la graine de la liberté est là. Il s’enfuit du collège pour ne plus revenir, sans donner aucune explication ni au recteur, ni à son père ou sa tante. Il fuit direction Londres. Une capitale dévastée, nous sommes en 1943.

Là, il joue, fait des rencontres primordiales pour lui, se fait un nom petit-à-petit. L’amitié joue un très grand rôle. Un drôle de personnage débrouillard et roublard, Tim, lui sert de Pygmalion. Et puis, il y a Percy, son maître puis son égal, son ami le plus précieux, d’ailleurs présenté par Tim.

John Wain raconte un thème fort connu, souvent sujet de livres, faire mourir le père pour exister. Son interprétation, très anglaise pour moi, ne donne pas dans le face-à-face violent, même si l’attitude du père peut paraître violente dans sa non-intervention lors de la disparition de son fils.

L’émancipation de Jeremy se fait au rythme du jazz ; le livre donne la parole à Jeremy (principalement), Alfred et Eleanor. Chacun raconte, se raconte. « Selon lui (le père) il fallait choisir ; je ne pouvais pas quitter ma prime jeunesse et laisser la porte entrouverte derrière moi ; il fallait que je claque cette porte, ou que je rentre à la maison. Alors, je l’avais claquée ; et j’étais là, sans racines, sans histoire, sans mémoire. »

La seconde guerre mondiale, tout comme la première, amène un changement des mœurs, de la vie quotidienne. Le conflit entre les générations en est un exemple . Quoique bien que plus je lis, plus je constate que « tuer le père » est une réalité aussi vieille que la nature humaine.

En vieillissant, Jeremy se rend compte qu’il ressemble de plus en plus à son père, qu’il a les mêmes réactions. Oui, il se voue tout entier à la musique, travaillant sans cesse. Comme son père il ne choisit pas la carrière, mais le bien faire. Il a la même incompréhension face à ceux qui veulent aller dans une autre façon de jouer le jazz et je ne vous parle pas lorsqu’il entend la musique rock ! « Vous prenez le jazz et vous le simplifiez en vous rappelant que la plupart des adolescents s’intéressent plus au rythme qu’à la mélodie. Partant de ce principe, vous accentuez l’un et vous sacrifiez l’autre. Finalement vous obtenez une musique composée de neuf dixièmes de rythme et d’un dixième de mélodie, et cette mélodie se réduit à quelques phrases maintes fois répétées, sous forme de braillements ininterrompus ».

La filiation se rappelle à lui, comme elle s’est rappelée à son père qui ressemblait à son propre père. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas, nous sommes et resterons les enfants de nos père et mère. Ce, démontré magistralement par John Wayne.

Avec ce livre recommandé par Wilfrid, de la librairie Le Cyprès à Nevers, je découvre une nouvelle maison d’éditions, les éditions du Typhon. « Et frappe le père à mort entre dans le volet « Après la tempête » qui « entend proposer des auteurs qui, bien qu’éloignés dans le temps et l’espace, se retrouvent à être habités par une ambition commune : sonder les êtres après des périodes de conflits. »

 


 

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M
Un beau sujet, à la fois troublant et très fort. Je ne connais pas du tout cette maison d'édition et je vois que ton libraire est de bon conseil. Je le note !
Répondre
Z
Découverte grâce à mon libraire
A
Un thème qui m'intéresse, d'autant plus qu'il y a le contexte historique.
Répondre
Z
Lecture très agréable
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