Raphaëlle Riol - Amazones
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Amazones
Raphaëlle Riol
Editions du Rouergue
janvier 2013
208 pages
ISBN : 9782812604577
4ème de couverture :
Fin d’été au "Repos fleuri", une maison de retraite où de vieilles dames survivent à leurs époux défunts. Spectacle de désolation : certaines sont même attachées à leur chaise pendant qu’on joue à "la croisière s’amuse", en ce dimanche où l’on accueille les proches. Parmi elles, Alphonsine Guerini, 89 ans, qui n’en peut plus de ce mouroir, assise à côté d’Alice, 30 ans, venue, elle, voir sa grand-mère.
Deux femmes sans rien de commun ? Au contraire. L’une et l’autre ont bien des points communs, dont celui de détester la campagne. Pas plus tôt rencontrées, les voilà en fuite, loin du "Repos fleuri", dans la maison de jeunesse d’Alice, à la campagne justement. En quelques jours, l’une et l’autre vont tenter de se réapproprier leur vie et leur mémoire, car comme elles disent, "on n’est pas entre femmes pour se dégrader".
Plus de résignation, de la révolte, à 30 comme à 89 ans ! Dans ce deuxième roman, Raphaëlle Riol confirme son esprit libre et iconoclaste, dans un roman féministe et drôle qui embarque le lecteur à grande vitesse. On y découvre ce que fut la funeste vie d’Alphonsine, mariée à un notable, chasseur du dimanche et tyran domestique, avant qu’elle ne se libère de son mari. On y voit Alice, parisienne trentenaire travaillant dans l’événementiel, dont l’amant vient de mourir (peut-être à marche forcée, en écoutant du Vincent Delerm !) et qui rêve de tout plaquer, boulot compris.
Véritables guerrières, ces "Amazones" (l’une s’est d’ailleurs coupé un sein) car, comme elles disent, la seule alternative, c’est "devenir Madame Bovary ou tuer". Amazones cultive l’ironie et le second degré. Et l’on se régale souvent du sens de la formule de la révoltée Raphaëlle Riol, qui en appelle au "féminin singulier".
L’autrice (site de l’éditeur) :
Née en 1980, Raphaëlle Riol a fait des études de lettres à Clermont-Ferrand et Paris, notamment une maîtrise sur la poésie contemporaine. Elle vit et travaille à Paris. Tous ses romans ont été publiés dans la brune à partir de 2011.
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C’est jour de fête au Repos-Fleuri. Alphonsine Guerini, 89 ans, vit, plutôt, survit dans cette maison de retraite où elle ne se sent pas du tout à sa place parmi ces vieux croutons.
Mais, c’est jour de fête tout de même et les familles sont invitées à déjeuner au son de « La croisière s’amuse », oui franchement, il y a de quoi rire… jaune en regardant le personnel installer ses vieux fantômes qu’il faut, des fois attacher à leur chaise.
Alphonsine n’a pas de familles ou elle n’est pas venue, pour l’instant, on n’en sait rien. Assiste à côté d’Alice, la petite-fille d’une autre résidente, elle ne fait que répéter : « c’est dur, c’est dur... »
Alice, 30 ans, mal dans sa peau, bipolaire,est vraiment là à contrecœur pour elle « La vieillesse est une phobie ». Elle fait une overdose de Michel Sardou, de tiramisu, et se faufile vers la réserve à médocs pour se suicider, oui, c’est vraiment ce qu’elle veut faire.
Et qui retrouve t-elle dans son dos… Alphonsine bien sûr qui lui dit « Je m’appelle Alphonsine. Sortez-moi de là… Sortez-moi de ce marasme, je n’en peux plus »
« Et d’un coup je ne sais ce qui me prend. Une impulsion magnétique. J’empoigne mon sac à main et mes clés de voiture… Je m’entends la sommer de me suivre discrètement. On traverse le hall d’entrée, on descend l’escalier, l’école en ligne de mire…. Portière, serrure, clé, ceinture de sécurité, bruit du moteur, coin de la rue, rétroviseur, un sourire, un rond-point, une avenue... »
Et oui, cela s’apparente au kidnapping, mais aucune des deux, Alice 30 ans et Alphonsine 89 ans, ne s’en soucie.
Rebelles, insoumises, elles vont se raconter, se reconnaître dans cette parenthèse enchantée.
Alice est quelque peu instable, déstabilisée, inconséquente. Elle démissionne, comme ça, de son job, se réjouit de la mort de son compagnon « Autant la mort de Robin, je l’ai espérée.. », envoie des courriers d’engueulades à ses sœurs qui, pour elle, sont dans la routine la plus absurde.
Alice est un brin dérangée, bipolaire, suicidaire, insatisfaite notoire, colérique, égoïste… Pourtant, elle arrive à s’entendre avec Alphonsine et se soutiennent. Alphonsine va peut-être apprendre à Alice à grandir, à sortir de sa prison de verre.
Une fugue quelque peu invraisemblable, mais drôle, une écriture plutôt rigolote, un style idoine et cela permet une petite échappée facile.