Olivier Dorchamps - Ceux que je suis

Ceux que je suis

Olivier Dorchamps

Editions Finitude

256 pages

ISBN : 9782363391186

256 pages

 

4ème de couverture :

« Le Maroc, c’est un pays dont j’ai hérité un prénom que je passe ma vie à épeler et un bronzage permanent qui supporte mal l’hiver à Paris, surtout quand il s’agissait de trouver un petit boulot pour payer mes études. »
Marwan est français, un point c’est tout. Alors, comme ses deux frères, il ne comprend pas pourquoi leur père, garagiste à Clichy, a souhaité être enterré à Casablanca. Comme si le chagrin ne suffisait pas. Pourquoi leur imposer ça ?
C’est Marwan qui ira. C’est lui qui accompagnera le cercueil dans l’avion, tandis que le reste de la famille ­arrivera par la route. Et c’est à lui que sa grand-mère, dernier lien avec ce pays qu’il connaît mal, racontera toute l’histoire. L’incroyable histoire.

L’auteur (site de l’éditeur) :

Olivier Dorchamps est franco-britannique. Issu d’une famille cosmopolite, il a grandi à Paris et vit à Londres d’où il a choisi d’écrire en français.
Il pratique l’humour, l’amitié et la boxe régulièrement

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« Hier soir il est rentré du garage, tard comme d’habitude. Il s’est plaint de douleurs dans la poitrine. Il a dit à ma mère que son cœur était comme pris dans un étau ».

Le père de Marwan est mort brutalement. Autre coup dur, IL veut être enterré dans son pays d’origine, le Maroc. Pour cela il a contacté une assurance rapatriement où tout est prévu. Marwan est désigné pour l’accompagner en avion en tant qu’aine de la fratrie

Mais pourquoi le père qui ne pratique pas sa religion, hormis la festive Aïd-el-Kébir veut-il être enterré à Casablanca « Dieu, il est là, dans ton cœur, mon fils » leur disait-il souvent. Eux qui sont si bien intégrés, vivent à Clichy, eux dont les enfants ont réussi. Marwan est prof, son frère jumeau, Ali avocat, le plus jeune n’a pas encore terminé ses études. En plus, les enfants ne parlent ou si peu et mal l’arabe, se considèrent comme français, d’ailleurs ils ont raison puisqu’ils sont nés sur le sol français. La réponse vient de Kabic, parce que ses racines sont là-bas, même si sa vie fut française.

Or donc, Marwan part en avion avec Kabic qui a décidé de l’accompagner et, en classe « affire », « je veux le meilleur pour ton père »

Les retrouvailles avec Mi Lalla, sa grand-mère et mère du défunt sont pleines de tendresse malgré la douleur. Marwan découvre la complicité qui unit Mi Lalla et Kabic... signe d’un passé commun, ce père, le mort, élevé à trois. Les secrets de famille que sa grand-mère lui dévoilent, sans acrimonie, avec délicatesse et amour, lui font comprendre les réactions du père. Les funérailles sont le but ultime de la vie terrestre du père et sources de révélations sur un passé douloureux et heureux que Mi Lalla et Kabic lui dévoilent.

Les phrases d’Olivier Dorchamps, délicates, tendres, parlent d’une quotidienneté dure mais que l’amitié pure, l'amour et le désintéressement ont su rendre belles. Le passé est lourd, les mots pour le dire simples, sans larmes ni cris avec une très grande justesse. Pourtant, ne croyez pas à une mièvrerie, non, tout est juste et avoué simplement

Marwan suit les traces de ses grands-parents, de son père et apprend à connaître son passé, ce qui l’a fait et comprendre certaines attitudes, positions de son père. "Je remercie mon père de m’avoir fait venir jusqu’ici pour comprendre qui je suis. Non, pas comprendre. Apprendre."

Ce livre parle des racines qui peuvent être autres que celles du pays. La cuisine de sa mère et de sa grand-mère sont, pour Marwan, ses vraies racines. La migration des parents est souvent, très souvent, un choix par défaut pour espérer une vie meilleure malgré le déracinement ; les questions religieuses et ethniques qui ne manquent pas de se poser pour la seconde génération qui vit « le cul entre deux chaises », entre deux pays, deux civilisations « zmagiri » il est au Maroc et marocain en France.

Olivier Dorchamps soulève cette question essentielle de qui je suis , de qui je viens, ce que je suis et ceux que je suis par un subtil jeu de mots. « Je suis né en France. Je n’ai jamais vécu au Maroc. Je ne me sens pas marocain. Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n’ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois. »

Chronique familiale très bien réussie et premier roman plein de promesses tenues. Bravo.

La pus grande honte, c'est d'avoir honte de qui l'on est.

Tu sais mon fils, c'est bien d'être marocain, c'est bien d'être français et c'est bien d'être les deux comme toi et tes frères. ça prend un peu plus de temps, c'est tout.

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A
Je le note, d'autant plus qu'il est à la bibliothèque.
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Z
Alors, ne te prive pas d'une belle lecture
M
Un thème passionnant et une critique très attirante !
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Z
Et, surtout, un très bon livre
K
Oui je suis d'accord, ce premier roman est tout à fait réussi, juste et passionnant.
Répondre
Z
J'avoue avoir été heureusement surprise et ravie. Un petit bijou en ces temps de grisaille
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