Philippe Hayat - Où bat le coeur du monde

Où bat le cœur du monde

Philippe Hayat

Editions Calman Levy

429 pages

Août 2019

ISBN : 9782702167304

4ème de couverture :

Sa musique décrivait un coin du ciel, une façade éclaboussée de lumière, invisibles sans jazz. Il jouait et la joie se réveillait d’un rien et de partout."

À Tunis dans les années trente, Darius Zaken est frappé de mutisme après la disparition brutale de son père. Élevé par sa mère Stella qui le destine aux plus hautes études et sacrifie tout à cette ambition, il lutte pour se montrer à la hauteur. Mais le swing d’une clarinette vient contredire la volonté maternelle. Darius se découvre un don irrésistible pour cet instrument qui lui redonne voix. Une autre vie s’offre à lui, plus vive et plus intense.

De la Tunisie française aux plus grandes scènes du monde, en passant par l’Europe de la Libération et l’Amérique ségrégationniste, cette fresque est

un magnifique roman d’initiation et d’émancipation, mené au rythme étourdissant du jazz.

L’auteur (site de l’éditeur) :

Philippe Hayat partage sa vie entre l’écriture et ses activités d’entrepreneur. Son premier roman, Momo des Halles (2014), lauréat du Festival du premier roman de Chambéry, a été traduit dans plusieurs pays. Où bat le cœur du monde est son deuxième roman.

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2015, Darius, quatre-vingt-dix ans, donne son dernier concert à Paris et, juste avant d’entrer en scène,

« C’est la dernière fois

et après plus de public

plus de musicien

plus de trac

plus rien

seulement la nuit qui vient. »

il se souvient.

Nous sommes dans les années trente, Darius Zaken vit avec sa famille à Tunis. De confession juive, ils habitent la Hara, dans la Médina, un quartier de petites gens où son père tient une librairie. C’est là qu’il est lynché à mort sous ses yeux par des fanatiques arabes. Lui-même, gravement blessé, claudiquera toute sa vie et a perdu, sous le choc, l’usage de la parole. Dorénavant, ils communiquent grâce au langage des signes ou par l’intermédiaire de l’écrit. C’était une famille heureuse, sans histoire. Le bonheur est parti, sa mère l’élève seule et se prive de tout pour que l’unique objet de sa vie fasse de très bonnes études, comme elle en avait fait la promesse à son mari disparu.. « Maman était une plaie ouverte, je venais de le comprendre ».

Sa rencontre fortuite avec Lou, une jeune fille de très bonne famille, amoureuse de la vie, de la musique lors d’un concert où il est sensé aider sa mère, va changer sa vie en écoutant la clarinette « Ce musicien m’avait parlé à moi aussi. Sans mots, sans signes, mais je l’avais entendu. Ses états d’âme, ses confidences, j’avais tout reçu. Il racontait une histoire dans un langage de sons et de silences. ». Elle s’est entichée de ce marmot qu’elle nomme « mon petit muet » et cette foucade se transforme en une véritable amitié. Elle lui ouvre les portes de sa maison, lui présente des musiciens qui font son apprentissage.

Jouer du jazz avec sa clarinette va lui permettre d’exprimer toute sa douleur et de vivre sa passion.

Oui, mais voilà, il doit régler son dilemme : obéir à sa mère et son rêve de grandes études ou tout plaquer pour les Etat-Unis comme l’incitent à le faire ses camarades de musique ?

Son choix est fait, il s’engage dans l’armée américaine, part se battre en Italie où son mentor se fait tuer. Lui rentre dans son nouveau pays.

Les débuts sont durs, mais soutenu par sa femme Dinah, rencontrée dans un bordel où il est musicien, qui lui consacre tout son temps, mais ne le lui sacrifie pas.

Darius :

« Pour moi

tu as renoncé o tout

Je ne t’ai pas aimée

Comme tu le méritais »

Dinah :

« Nos soirs ensemble entre les concerts, je les comptais. Notre lit, je l’ai partagé avec la musique. Nos seuls enfants, ce sont tes disques. Tu as raison, comment j’ai fait pour te supporter pendant soixante-dix ans ? »

L’amour de la musique et de Dinah lui a permis d’aller plus haut, plus loin, de connaître la reconnaissance des grands des Charlie Parker, Dizzie Gillepsie, la grande Billie Holiday...

Darius me fait traverser l’Amérique où règne le racisme et où il lui est difficile, en tant que blanc, d’être reconnu comme musicien de jazz.

Les bas-fonds où se joue cette « musique de nègre » sont ses lieux de délices même si la vie y est très dure et l’envie de renoncer toujours présente. Dans un de ses courriers, sa mère, avec ses antennes, lui écrit ses mots : Ne cherche pas à leur plaire. Ne te renie pas. Ils finiront par te remarquer. Je m’inquiète pour toi, bien sûr, et jusqu’à mon dernier souffle, mais j’ai confiance. Tu deviendras un grand artiste. Je ressens ce que tu ne peux pas voir. »

Darius semble si vrai, si bien ancré entre les musiciens de jazz connus et reconnus, que je suis allée vérifier si il était une réalité ou une fiction et c’est une très belle fiction, un bel hommage à la musique de jazz qui permet de transcender la douleur, la misère, la foutue vie.

Un roman mélancolique et plein de vie, une ode au jazz et à la musique. Un voyage de la médina tunisienne, où l’on tue au nom de la religion, aux USA où l’on tue pour la couleur de la peau. Histoire d’une relation mère-fils fusionnelle et d’un déchirement qui jamais ne guérit. Histoire de trois femmes qui furent les fées de Darius

Des disques à réécouter et, à chaque fois que j’entendrai la clarinette, je verrai un petit garçon muet et boiteux transcendé par la musique.

 

 


 

 

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B
désolée, j'ai un pb; j'ai beaucoup aimé Hayat et j'avais posté un commentaire sur Cécile Coulon; c'est mon dernier essai!
Répondre
Z
J'ai eu ton com. tout va bien
J
Si on n'est pas fan de jazz ça marche aussi ?
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A
Un personnage plus vrai que nature, alors.
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Z
Oui, il est si bien intégré que je me suis posée la question
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