Cécile Coulon - Une bête au Paradis

 

Une bête au Paradis

Cécile Coulon

Editions l’Iconoclaste

352 pages

août 2019

ISBN 9782378800789

 

4ème de couverture :

Le roman fiévreux d'une lignée de femmes envoûtées par ce qu'elles ont de plus précieux : leur terre. Puissant et Hypnotique.

La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.

« Une bête au Paradis » est le roman d’une lignée de femmes possédées par leur terre. Un huis clos fiévreux hanté par la folie, le désir et la liberté.

L’autrice (site de la maison d’édition) :

Cécile Coulon est née en 1990. En quelques années, elle a fait une ascension fulgurante et a publié six romans, dont Trois Saisons d’orage, récompensé par le prix des Libraires, et un recueil de poèmes, Les Ronces, prix Apollinaire.

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Vivre au Paradis, ce doit être très agréable. Oui, mais le Paradis a plusieurs faces et ici, il s’agit d’une ferme, une sorte de trou du cul du monde. Emilienne y vit, travaille et élève ses deux petits-enfants Blanche et Gabriel suite au décès accidentel de leurs parents. « Émilienne soignait les blessures des enfants à la manière d’un chirurgien manquant de tout, elle faisait avec ce qu’elle avait, c’est-à-dire, elle-même, ses vaches, ses poules et ses cochons, ses champs, sa cheminée, ses étangs. Sa troupe se rassemblait chaque soir et se disloquait chaque matin, sûre de son chef d’orchestre. »

Emilienne, c’est une sacré bonne femme, un tempérament. Elle a recueilli Louis, avant qu’il ne meure sous les coups de son père et il devient l’homme à tout faire. C’est sa nouvelle famille.

Or donc, tout ce petit monde grandit, vieillit. Louis est fou amoureux de Blanche qui, s’en étant rendu compte, évite toute interprétation de ses gestes.

Par un beau jour, Alexandre et Blanche tombent amoureux. Ils sont au lycée, en terminale. Leur première fois a lieu dans sa chambre à coucher au Paradis. Seul Louis, qui a des antennes pour tout ce qui concerne Blanche, l’a deviné.

Oui mais voilà, le temps de choisir son avenir est arrivé et Alexandre, trop à l’étroit chez ses parents, qu’il juge si petits, si minables continue ses études en ville ; Blanche, viscéralement collée au Paradis ne peut, ne veut en partir. « Elle avait toujours pensé qu’elle était le rêve d’Alexandre… Jusqu’à ce jour, elle n’avait pas imaginé un autre avenir pour eux que le Paradis, la chambre, les vaches, le café sur la table. L’amour. » Première déchirure dont elle ne se remet pas, bien que le temps mette des mouchoirs sur le cataclysme, ainsi le ressent Blanche « Comment guérir d’un amour vivant ? " Chaque jour, après le départ d’Alexandre, « Emilienne répara, une par une, les failles que ce garçon avait ouvertes en Blanche. …  Elle réparait Blanche. »

Par un beau jour, revoici Alexandre, retour de l’enfant prodige (ou pas) qui a moult projets pour son village et sa vie.

L’amour renaît entre eux jusqu’à ce que….

Le Paradis est une prison de verre d’où Blanche ne peut ni ne veut s’éloigner. Elle l’a dans le sang, dans les tripes, c'est viscéral ; elle ressemble tellement à Emilienne, son modèle, son phare. Sa vie est régie par le Paradis, c’est à la fois sa prison et sa liberté. Tout ses décisions sont prises en fonction de la ferme, elle est droite dans sa vie, dans ses bottes, ce qui entraîne traîtrises et incompréhensions.

Dans ce livre, dont chaque titre de chapitre est un verbe (pardonner, se tordre, rêver…) montre à quel point la vie se fait chaque jour. Au Paradis, on agit, on ne rêvasse pas sa vie, que ce soit les deux femmes ou Louis. Il en va autrement pour Gabriel, perdu dans un autre monde mais… « Peut-être que vivre en dehors du Paradis lui procurait un anonymat bienvenu, creusait en lui un vide, une place pour les pensées et les souvenirs qui n’appartenaient qu’à lui. Hors du regard de Blanche et d’Emilienne, hors de cette chambre qu’il avait partagée avec Louis, Gabriel grandissait, enfin. »

Au Paradis, les femmes sont fortes, les hommes obéissent ou partent, mais on ne déroge pas à l’amour de la terre, de la ferme quoiqu’il en coûte et il ne faut pas avoir peur de payer le prix fort. Pourtant Louis qui, souvent n’a pas son mot à dire, est partie prenante, un rouage essentiel dans ce qui se passe, toujours prêt à mettre de l’huile dans les rouages ou sur le feu.

Avec Cécile Coulon, tout est dans les détails comme la chemise d’Alexandre le jour du retour . « Le tissu synthétique, de mauvaise qualité, grattait la peau ». Pour quelqu’un qui aurait réussi… Ou la scène de la défloraison de Blanche dans sa chambre du Paradis, alors que l’on égorge le cochon

C’est « mon premier » Cécile Coulon et je suis scotchée devant ce huis clos en extérieur. La passion qui dévore et broie tout. L’âpreté de la vie agricole, je la connais pour la côtoyer chez nos amis, tout comme sa générosité. Tout ceci restitué par une écriture presque charnelle, qui part des tripes, imagée. Le récit monte en puissance, puis il y a l’étale et les vagues reviennent à l’assaut pour un final ...

Une très belle découverte

 

 


 

 

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V
contente que tu aies aimé, je l'ai beaucoup apprécié pour ma part, comme tout ce que j'ai lu de cette autrice.
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Z
D'autres ont moins aimé et j'ai eu le plaisir de la rencontrer en dédicace
S
Les deux romans de Cécile Coulon que j'ai lus m'ont plu, je crois que je la lirais à nouveau avec plaisir, surtout ce roman d'après ce que tu en dis.
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Z
Un livre qui connait des avis différents. A faire son opinion !<br />
N
C'est bien que tu la découvres avec ce dernier car, à mon humble avis, ses deux précédents sont bien meilleurs, particulièrement Trois saisons d'orage (tu vas te régaler:-) )
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Z
J'ai sorti de ma pile "Méfiez-vous des enfants sages
M
Je l'ai noté mais j'attendrais que ma pile diminue un peu pour le lire sauf si je le trouve la semaine prochaine à la médiathèque...Merci pour ta présentation
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Z
Ah ! les visites à la médiathèque !!
A
Je n'ai lu que deux romans de cette auteure : l'un m'est tombé des mains, et l'autre ne m'a pas emballé plus que cela.
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Z
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