Bonsoir, la rose
Chi Zijian
Traduction Yvonne André
Editions Philippe Picquier
192 pages
mai 2015
ISBN : 9782809710953
4ème de couverture :
Il faut d’abord imaginer ce Grand Nord de la Chine aux si longs hivers, les fleurs de givre sur les vitres et l’explosion vitale des étés trop brefs. Puis Xiao’e, une jeune fille modeste, pas spécialement belle, dit-elle, pour qui la vie n’a jamais été tendre :« j’appartenais à une catégorie insidieusement repoussée et anéantie par d’invisibles forces mauvaises ». Et puis Léna aux yeux gris-bleu et au mode de vie raffiné, qui joue du piano et prie en hébreu, dont le visage exprime une solitude infinie. Elle qui avait une vie intérieure si riche, comment pouvait-elle ne pas avoir connu l’amour ? Xiao’e rencontre donc Léna, une vieille dame juive dont la famille s’est réfugiée à Harbin après la révolution d’Octobre. Tout semble les opposer, pourtant on découvrira qu’un terrible secret les lie. C’est un monde où les fantômes côtoient les supermarchés, où les blessures de l’enfance restent vivaces. A la fois désabusé et espiègle, tragique et gai. L’écriture de Chi Zijian est, elle, à la fois étincelante et d’une infinie délicatesse. Un auteur qui n’a pas fini de nous enchanter
L’autrice :
Chi Zijian est née en 1964 dans la province de Heilongjiang, où elle réside toujours. Elle commence à publier dès 1985. Son écriture tour à tour sensible et poétique s’attache à décrire les réalités les plus banales de la vie. En 2008, elle a obtenu le grand prix Mao Dun pour son roman Le Dernier Quartier de la lune. Trois de ses ouvrages ont paru aux éditions Bleu de Chine : Le Bracelet de Jade, La Danseuse de Yangge et La Fabrique d’encens. Elle est le seul écrivain à avoir obtenu trois fois le prestigieux prix Lu Xun
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« Léna Ji fut ma troisième logeuse à Harbin. Elle avait plus de quatre-vingts ans lorsque j’ai fait sa connaissance. »
Nous sommes dans le Grand nord de la Chine où les hivers sont si froids. Xiao’e, jeune femme ordinaire, correctrice dans une agence de presse, loue une chambre chez une veille dame Léna Ji.
Léna, juive a fui les pogroms de Russie, la Sibérie où elle habitait avec ses parents pour passer de l’autre côté en Mandchourie et s’est fixée là malgré la révolution chinoise. Entre les deux femmes, deux mondes, deux façons de vivre qui vont s’apprivoiser petit à petit. Lena, cultivée, lettrée joue du piano ; Xiao’e, villageoise, toute empotée, à la vie sentimentale chaotique, ne se voit ni belle, ni intelligente. Les deux femmes, en miroir, se dévoilent grâce ou à cause de conflits qui naissent entre elles. Avec Léna, Xiao’e apprend à s’aimer. Rien que de très classique me direz-vous. Oui, mais… Non… grâce à l’écriture tout en élégance, belle, de Chi Zijian et la traduction d’Yvonne André qui a su en garder rythmique et musicalité.
C’est un livre subtil, nostalgique, poétique où l’émotion est à fleur de mots. « Quand elle parlait des fleurs de prunier, je ne sais pourquoi, les yeux de Léna s’embuaient. Les histoires de fleurs dont parlent les femmes sont la plupart du temps teintées de nostalgie. »
La force et le sel de ce livre sont la découverte, à travers Léna, de la fuite des juifs après la révolution russe et leur arrivée en Mandchourie. J’apprends son histoire au fil des pages, tout comme celle de Xiao’e, bâtarde conçue lors d’un viol dans le cimetière du village, sur la tombe de son grand-père. Des personnages complexes, secrets, entourés de la nature, de cette région que Chi Zijian décrit avec tant d’amour.
C’est le troisième livre de Chi Zijian que je lis et ce ne sera pas le dernier, car J’apprécie de plus en plus son écriture et son univers et la découverte d’une certaine Chine.