Adeline Dieudonné - La vraie vie

La vraie vie

Adeline Dieudonné

Editions l’Iconoclaste

août 2018

270 pages

ISBN : 2378800231

 

4ème de couverture :

C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.

Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.

D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing.

Prix du roman FNAC 2018, prix des lectrice ELLE

L’autrice :

Adeline Dieudonné est née en 1982. Elle habite Bruxelles. Dramaturge et nouvelliste, elle a remporté grâce à sa première nouvelle, Amarula, le Grand Prix du concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle a publié une nouvelle, Seule dans le noir aux éditions Lamiroy, et une pièce de théâtre, Bonobo Moussaka, en 2017. La Vraie Vie est son premier roman.

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« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres ». Plus loin, j’apprends qu’il s’agit d’animaux empaillés tués par le père chasseur. Et puis, il y a la hyène qui effraie la petite fille de dix ans.

La famille vit dans un quartier pavillonnaire à l’écart de la ville. Le père bosse dans une usine et passe son temps libre à picoler, taper sur sa femme et chasser et semble y trouver du plaisir, un vrai prédateur dans tous les sens du terme. « Ma mère se retrouvait toujours par terre, immobile. Elle ressemblait à une taie d'oreiller vide. Après ça, on savait qu’on avait quelques semaines de calme devant nous. » La mère est un ectoplasme, transparente, soumise qui ne dialogue qu’avec ses chèvres. Le petit frère, Gilles, est pour l’instant, un enfant gai. Le frère et la sœur s’amusent dans les carcasses de voitures de la casse d’à côté. Tiens, ils écoutent la petite musique qu’ils attendent avec impatience, celle du glacier. Tout un rituel rythme l’achat des glaces et, surtout, LA chantilly que le père ne veut pas, trop cher et que le vieil homme dépose, grâce à un siphon sur le sommet des boules de glace « Avec de la chantilly, mademoiselle ! Mais certainement... »… Un pur instant de bonheur. C’est justement par cet instant de plaisir que le malheur arrive. Le siphon éclate tuant le glacier devant les deux enfants pétrifiés. « Puis j’ai vu le visage du vieux monsieur gentil. Le siphon était rentré dedans, comme une voiture dans la façade d’une maison. Il en manquait la moitié. »

« Gilles ne bougeait plus. Ses grands yeux écarquillés, sa petite bouche ouverte, sa main crispée sur son cornet de glace vanille-fraise »

A partir de cet instant, Gilles ne sourie plus, ne parle plus, passe son temps auprès de la hyène. Il paraît être sous l’emprise totale du père.

La narratrice voudrait tant effacer, revenir une journée en arrière, revenir comme avant. Alors, pour sortir son frère de la hyène, elle se lance dans une guerre contre elle, contre son père. Une guerre à la fois frontale et larvée.

Pendant cinq ans, elle ne baisse pas la garde à la maison, se forge son monde à l’extérieur en décidant d’être la première à l’école, d’apprendre encore et toujours pour se rapprocher de son modèle Marie Curie.

« Le jour finissait et mon histoire commençait ». Enfin elle peut se projeter, revenir dans la vraie vie, enfin je l'espère ; le sourire de son frère est revenu parce que….

Adeline Dieudonné d’une écriture vive, tendre, ironique, acide, dépeint une famille dysfonctionnelle. La narratrice oscille entre la tendresse poétique de l’enfance et la brutalité paternelle, l’amour et la haine, le plaisir et la peur. Drame social au vitriol, prenant.

Coup de cœur pour ce premier roman multi récompensé.


 


 

 

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U
Beaucoup aimé aussi :)))
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Z
J'ai peiné avant de l'ouvrir, peur de ne pas supporter. J'ai bien fait de persister et je crois que ton avis a joué en faveur du livre
V
engouement entièrement partagé ! J'ai dévoré ce livre!
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Z
Nous ne sommes pas les seules !
M
Un livre qui reçoit beaucoup d’éloges et que je n’ai pas encore lu. Le thème est bien difficile, c’est sans doute ce qui me freine...
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Z
Cela m'a freiné, mais essaie de passer outre, c'est si beau
L
Il est en attente dans ma PAL celui-ci.
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Z
J'attends ton avis !
A
J'étais complètement passée à côté de cette lecture.
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Z
J'ai attendu pour le lire d'être dans une meilleure condition
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