Eliane Serdan - L'Algérois
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4ème de couverture :
Un soir d’hiver 1962, dans une petite ville de province, un jeune lycéen disparaît.
Quelques mois auparavant, l’irruption de Jean Lorrencin, à peine rentré d’Algérie, vient bouleverser la vie de ceux qu’il va croiser. Tantôt séducteur, tantôt maléfique, chassé d’un paradis perdu, il entraîne dans une spirale de haine deux lycéens, Marie et Simon, que rien n’aurait dû séparer. De plus il précipite le destin de Paul, vieux bibliothécaire hostile à ses idées.
Au-delà du portrait déchirant d’une jeunesse blessée, le roman explore les tentations extrémistes toujours d’actualité. Il sait aussi se faire l’écho nostalgique de l’atmosphère si particulière des années soixante dans laquelle les personnages s’aiment, se déchirent et… ne se perdent pas tout à fait.
L’autrice (site de l’éditeur) :
Éliane Serdan est née en 1946 à Beyrouth. De retour en France, elle passe son enfance à Draguignan, avant de faire des études de lettres à Aix-en-Provence et une maîtrise de cinéma à Montpellier. Aujourd’hui, Éliane Serdan vit à Castres, dans le Tarn.
Après La Fresque (prix Tortoni 2013) et La Ville haute (Prix 2016 de la littérature de l’exil), L’Algérois est le troisième roman d’Éliane Serdan chez Serge Safran éditeur.
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« Ta lettre est arrivée aujourd’hui. » La lettre de Simon. Simon son amour, son seul amour, Marie va la lir. Maintenant elle le peut presque arrivée à la fin de sa vie avec le mot cancer écrit dessus. « Il y a dix ans, je n’aurais pas lu cette lettre. J’aurais craint d’ouvrir une brèche dans le silence où je m’étais murée. »
Il est temps de revenir sur ces années passées et, plus spécialement 1962.
Simon et Marie, Marie et Simon, jamais l’un sans l’autre, le grand amour.
Jean Lorrencin est « rapat » d’Algérie où son père, officier est mort. Là-bas, Jean était déjà en contact avec ceux qui voulait une Algérie française. Jean, beau, ténébreux, irrésistible, plein de mystères et sympathique. C’est sans compter sur sa face cachée. En fait, Jean est dur, violent, manipulateur, voire prédateur. Marie et Simon en sont les premières victimes, tous deux fascinés par ce garçon. Le jeune couple se sépare sans explications. « Au bas du marché, devant la fontaine, je t’ai regardé t’éloigner. Tu ne t’es pas retourné. » Marie est sauvée par la lecture et Paul Boisselet, le bibliothécaire qui la nourrit de littérature. « Les livres ne me guérissaient pas vraiment mais ils m’offraient le seul écho secourable. »Il sera son mentor jusqu’à sa mort, précipitée par les manipulations de Jean. D’ailleurs, Jean est suivi par les RG, il publie des tracts dont la teneur ne différencie pas avec ce que nous entendons aujourd’hui « La décadence de la France, la supériorité de l’Occident, le mépris du christianisme, religion sémite et pervertie, le refus du marxisme… la xénophobie qui accompagnait l’idée que la race blanche devait être préservée ».
Marie s’enferme, se mure dans le silence et l’exil, avec pour seul échappatoire la poésie « Je découvrais qu’il y avait un moyen de bercer sa douleur. Ce moyen, c’était la poésie. Au-delà du temps, des voix venaient s’accorder à la mienne. Lorsque je m’abandonnais à leur rythme, que j’empruntais les mots qu’elles m'offrait, ma voix, elle aussi, devenait musicienne. ».
Marie se réfugie dans l’écriture et devient une écrivaine reconnue. « Paul Boisselet avait raison : les pays imaginaires sont les seuls où nous puissions trouver refuge. » Simon est devenu photographe reconnu « J’ai vécu entouré d’images témoin de la vie des autres, cher chant à fixer, dans leurs visages et leurs regards, les émotions que je n’étais plus capable d’éprouver »
Tous les deux ont sur le cœur, le poids de la mort.
Eliane Serdan, avec l’angle de vue des trois adolescents, raconte le climat familial des années soixante, les discussions houleuses autour des repas familiaux entre les pour et contre l’indépendance algérienne, les rapatriés, le climat politique. Les rixes entre extrême droite et extrême gauche sont monnaie courante. L’extrémisme, l’endoctrinement, l’intolérance. déjà existant conduisent à la mort (tiens, cela me rappelle que, malheureusement, rien n’a changé sous le soleil).
Un livre court mais dense d’une écriture simple et précise. Eliane Serdan m’a déjà séduite avec « La ville haute » où l’exil y est traité, cette fois, sous le regard d’une enfant et d’un vieil homme.
Merci Eliane Serdan pour votre gentille dédicace.
L’art, l’écriture pour résilience.