Aminatta Forma - Le paradoxe du bonheur
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Le paradoxe du bonheur
Aminatta Forna
Traduction Claire Deserrey
Editions Delcourt
Janvier 2019
416 pages
ISBN : 9782413011309
4ème de couverture :
Un soir de février, à Londres, un renard traverse un pont, une femme percute un passant. Elle est américaine, il est ghanéen. À partir de cet événement presque banal, Aminatta Forna tisse le long de la Tamise, à deux pas des monuments et des beaux quartiers, une succession de rencontres improbables entre ces deux personnages et des étrangers de l’ombre qui travaillent dans les arrière-cours des théâtres, les parkings ou les cuisines des palaces. Une communauté disparate d’exilés qui, sans se connaître, se mobilisent pour rechercher un petit garçon dont on a perdu la trace. Un roman sur la vie souterraine des grandes métropoles, sur la cohabitation entre les humains réunis par le hasard ou les guerres du monde, entre les hommes et les animaux sauvages. Un récit entrecroisé sur le bonheur qui, et c’est le moindre de ses paradoxes, est là où on ne l’attend pas et qui tient parfois à la présence d’un renard sur un pont, à Londres, un soir de février.
L’autrice (site de l’éditeur) :
AMINATTA FORNA est née à Glasgow d’une mère écossaise et d’un père sierra-léonais, et a grandi en Sierra Leone, puis en Thaïlande, en Iran et en Zambie. Ses romans voyagent aussi et ont été traduits dans 18 langues. Elle est l’auteur de quatre romans (dont Les jardins des femmes, Flammarion 2003). On lui doit aussi un documentaire, Africa Unmasked. Ses nouvelles et essais ont été publiés par Freeman’s, Granta, le Guardian, LitHub, le New York Review of Books, l’Observer et Vogue. Elle enseigne aujourd’hui à l’Université de Georgetown, aux États-Unis.
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« Un homme si grand qu’il semblait fendre la foule », se fait heurter par une femme qui se retrouve projetée par terre. Galamment, il l’aide à se remettre sur ses deux pattes et… chabada ? Non, simplement une rencontre fortuite, la femme, Jean, suit un renard dans Londres,
Quoi, il y a des renards dans le centre de Londres ? Il semblerait, puisque Jean est venue en Angleterre les étudier. Elle arrive directement du Massachusetts pour fuir un divorce et des belliqueux qui n’acceptent pas qu’elle puisse protéger les coyotes. A Londres, en plus de cette étude, elle créé des jardins sur les terrasses, les toits.
Revenons à l’homme qui se prénomme Attila, veuf. Psychiatre, il va dans les zones de combats pour aider soldats et autochtones atteints de syndromes post-traumatiques. D’ailleurs, il arrive d’une zone de guerre et se fait une joie de cette parenthèse anglaise où il participe à un colloque sur la psychiatrie en temps de guerre. Attila accompagne sa vieille amie, victime d’Alzheimer dans sa fin de vie.
Ils se rencontrent à nouveau, fortuitement, pour aider un SDF que deux jeunes connards ennuient. De là, naît une camaraderie, puis une amitié étayée par l’aide que Jean apporte à Attila dans la recherche de son neveu qui a fui les services sociaux. Jean met à contribution son entourage qui œuvre pour elle en notant les passages et descriptions des renards. Tout un petit monde que l’on ne remarque jamais, tel les portiers d’hôtel ou de l’opéra, balayeurs tous émigrés africains, un mime de rue, tous ces gens sans importances qui sont si utiles. Un monde souterrain où l’entraide, la débrouille sont des soutiens indispensables.
Un lien fort les unit. Ils ont la même philosophie de la vie, humanisme, respect des autres, de la vie sous toutes ses formes.
Transparaît une philosophie « Une société s’engourdit autant en subissant les coups du sort qu’en en étant épargnée. Ceux dont l’existence est protégée, qui ont grandi dans du coton, n’ont pas connu la pluie ou le vent, ni couru pour échapper au tonnerre et aux éclairs, ni été pris dans une tempête, ne supportent pas qu'on leur remémore leur conditions de mortels. »
Le paradoxe du bonheur c’est que les personnes n’ayant jamais connu les ennuis, qui ont grandi dans du coton, sont beaucoup moins armées que celles qui ont rencontré le malheur ou pire.
« On en venait à croire que le bonheur était fourni avec le lait maternel, qu’il était de nature de l’homme et que le reste n’était qu’un ersazt »
Comme si la « force émotionnelle » donnait aux seconds une charpente, une colonne vertébrale sur laquelle s’appuyer pour forger un avenir qu’ils ne peuvent espérer que meilleur.
« « J’ai de l’espoir » avait dit Komba. « J’ai de l'espoir. » Il n’avait pas dit « Je suis heureux. ». C’était l‘horizon qu’il donnait à son existence. Un autre aurait parlé de bonheur, mais pas lui. L’espoir était d’un ordre différent. Chaque individu détient le récit de sa vie, et non les professionnels. Komba n’était pas un combattant, il était petit-fils d’aiguilleur ».
Dans le livre d’Aminatta Forna, je pourrais faire un parallèle entre les renards qui se cachent de moins en moins et que d’aucuns veulent exterminer et cette population multiraciale, quasi souterraine que d’aucuns ne veulent voir et certains…
Le récit louvoie entre l’horreur des guerres, le bonheur de deux humains, une foi en la vie, une espérance en l’avenir, l’entraide. La vie est un paradoxe. J’ai aimé ce livre dense où les chapitres en italique raconte le parcours de Jean et Attila, leurs blessures, leurs fêlures, cette envie de s’abandonner à un bonheur et la vieille peur de souffrir.
Un livre profond et dense, à plusieurs lectures ; un manifeste sur l’espoir, l’espérance malgré tout.
Livre découvert grâce à Nicole et Clara