Olivia Resenterra - Nécrologie du chat
-
Nécrologie du chat
Olivia Resenterra
Editions Serge Safran
Mars 2019
160 pages
ISBN : 9791097594213
4ème de couverture :
Un matin d’hiver, Ana quitte le lotissement qu’elle habite à la périphérie d’une petite ville perdue dans la campagne. Au bout de son bras, une caisse en plastique contenant le corps de son chat mort. Désemparée, marchant au hasard, à la recherche d’un lieu pour enterrer l’animal, Ana est confrontée à l’incompréhension et la cruauté des différentes personnes qu’elle croise sur son chemin : un fermier célibataire et sa gouvernante prête à tout pour éliminer une potentielle rivale, une famille de cyclistes menée par un père autoritaire, un gardien de cimetière pour animaux, spécialiste des obsèques « sur mesures », un duo de criminels en cavale… Pendant ce temps, un renard, qui semble tout droit sorti d’une fable, rôde aux alentours…
L’auteur (site de l’éditeur) :
Olivia Resenterra, née à Rochefort-sur-mer en 1978, a étudié les lettres et la philosophie à Poitiers, Salamanque et la Sorbonne. Elle est l’auteur d’un essai, Des femmes admirables, portraits acides, publié aux éditions PUF en 2012 et d’un roman, Le Garçon, scènes de la vie provinciale, aux éditions Serge Safran en 2016.
======================================
Plus je m’enfonce dans ce livre, plus j’ai l’impression d’être dans un rêve, un mauvais rêve et je n’aurais pas été étonnée qu’à la fin, soit écrit « Elle mit quelques secondes à émerger de ce mauvais rêve, réveillée par les coups de langue de son chat », ce qui aurait trop décrédibilisé le récit.
Nous sommes en hiver, pas loin de Noël, le sapin dépenaillé, laissé dans le hall, en atteste. Une femme élégante, en long manteau noir avec col de fourrure et bottes noires, descend l’escalier un panier à chat à la main, hésite, monologue, semble perdue. Elle voudrait l’aide de la concierge qui la rejette ; elle cherche un lieu, un endroit pour enterrer son chat mort le matin.
Ainsi débute une longue errance de trois jours où elle rencontre un paysan qui la ramène chez lui. Victime d’un malaise, elle se réveille couchée sous un édredon, descend et là, la dame de compagnie du paysan la jette dehors, non mais des fois, il ne faudrait pas qu’elle vienne lui piquer son gagne pain.
Nouvelle déambulation où elle partage le casse-croûte d’une famille de cyclistes assez caricaturales. Nouveau départ pour le cimetière pour animaux, rencontre avec une femme venue e recueillir sur la tombe de son chat de concours. Le gardien intervient et lui propose son aide, lu donne tous les renseignements pour enterrer son chat parmi les autres animaux. Il lui a bien expliqué, les chiens et les chats sont dans des carrés séparés. Oh et puis, ce pin parasol où elle se réfugie… S’il pouvait la protéger, l’aider.
La voila repartie, le brouillard tombe. Elle marche ombre dans le noir avec son long manteau noir, ses bottes noires et le panier clair. Elle pourrait être un ectoplasme. D’ailleurs c’est ce que pense, en voyant la forme, un automobiliste. A partir de là le roman prend un virage sec et tout bascule dans le cauchemar.
Ana dérive semble perdre corps, devient une ombre, alors que les autres personnages sont très concrets, réalistes, dans la vie, la vraie. Elle me fait penser à une bille de flipper qu’un joueur fait valser d’une butée à l’autre.
L’écriture d’Olivia Resenterra est fluide, simple, efficace, maîtrisée, parle de l’isolement, de la solitude, de incommunicabilité, de la mort, de l’incohérence qui peut nous habiter lors d’évènements nous affectant particulièrement. Le rythme des phrases est lent pour mieux marquer le désarroi, l’errance d’Ana.
Olivia Resenterra rend logique ce qui ne semble pas l’être. Un court roman émouvant, sur l’absurde, la solitude, sans concession et toujours avec une note mélancolique.
Je suis très sensible à l’errance d’Ana et son ombre me reste en mémoire. Déjà lu et beaucoup apprécié de cette auteure Le Garçon, scènes de la vie provinciale