Ali Zamir - Dérangé que je suis
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4ème de couverture :
Sur l’île d’Anjouan, Dérangé est un humble docker. Avec son chariot rafistolé et ses vêtements rapiécés, il essaie modestement chaque jour de trouver assez de travail pour se nourrir. Mais un matin, alors qu’il s’est mis à la recherche d’un nouveau client, Dérangé croise le chemin d’une femme si éblouissante qu’elle « ravage tout sur son passage ». Engagé par cette femme dans un défi insensé qui l’oppose au Pipipi (trio maléfique de trois dockers Pirate, Pistolet et Pitié), le pauvre homme va voir son existence totalement chamboulée.
Avec ce troisième roman, Ali Zamir confirme la place très originale qu’il occupe dans la littérature francophone, son don pour les récits incongrus et l’usage de mots rares. Dans Dérangé que je suis, la vitalité de sa langue se met au service de l’histoire tragi-comique d’un pauvre docker. Le mélange survitaminé des genres (on passe en un clin d’œil du drame à la farce) et la puissance ininterrompue des scènes font de ce roman-film virevoltant un bonheur de lecture. Dérangé que je suis, c’est tout à la fois la folie du Surmâle d’Alfred Jarry ou de Wacky Races, la tendresse du Voleur de Bicyclette et la conviction d’avoir trouvé un nouveau Pagnol sur une île de l’océan Indien.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Ali Zamir est né en 1987 aux Comores. Il vit actuellement à Montpellier. Il est l’auteur au Tripode de Anguille sous roche (2016 ; récompensé notamment de la mention spéciale du prix Wepler et du prix Senghor) et de Mon Étincelle (2017). Dérangé que je suis est son troisième roman.
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Dérangé, c’est ainsi qu’ils l’appellent, les autres dockers du port de Mutsamudu, sur l’île d’Anjouan ; tout comme les habitants. Dérangé, il l’est peut-être, lui a écrit sur chaque tee-shirt un jour de la semaine pour ne pas se tromper. « Comment expliquez-vous le simple fait qu’il y ait des gens qui ne supportaient pas de me voir ou d’entendre parler de moi parce que tout simplement mes vêtements portaient les jours de la semaine ? En quoi mes hardes les gênaient au juste ? Peut-être est-ce la première chose dont je dois vous parler pour mieux me faire connaître, moi, Dérangé, comme on m’appelait à mon insu. » Les autres se gaussent, se moquent, l’interpellent et lui le sait, les entend, mais il garde sa dignité. Oui, Dérangé est digne, très digne.
Sur les docks, avec son chariot tout déglingué, il décharge les containers pour pouvoir s’acheter de quoi manger.
« Dans ma chienne de vue, j’ai toujours dérangé ceux que dérangent les vies rangées » Vous avez quatre heures pour développer et je ramasse les copies !
Un jour, le trio infernal des Pipipi lui propose un défi qu’ils comptent bien gagner, faire une course à travers la ville avec leurs chariots. Défi « parrainé » par Elle « C’était une femme éblouissante… Une beauté divine, un chant d’oiseau. » Ah ! cette femme qui l’aguiche, le met en érection mais qui sera sa perte. Mariée, il ne veut répondre à ses avances et sa vengeance sera terrible
Ali Zamir a une écriture éblouissante, imagée, truculente. Il utilise des mots rares qui, dans son texte ne sont pas incongrus, déplacés mais donne un petit plus.
Ali Zamir passe du rire aux larmes, de la tragédie au comique avec une grande tendresse dans ses mots pour Dérangé.
Un livre aussi survitaminé qu’une samba, un bonheur de lecture.
Monsieur Dérangé, les pipipi vous traitent de tardigrade, alors sachez, que ce petit ourson d’eau renait toujours, il est immortel.
Livre lu dans le cadre du cercle des lecteurs de la librairie le Cyprès.