Tavares Gonçalo - Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père
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Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père
Traduit du portugais par Dominique Nédellec
4ème de couverture :
— C’est votre fille ? — Non, répondis-je. Je l’ai trouvée dans la rue. J’ai déjà demandé dans des magasins : personne ne sait qui elle est. Personne ne l’a jamais vue dans le quartier. Elle est à la recherche de son père. Elle s’appelle Hanna. Il y a une institution qui accueille ce genre d’enfant, je vais l’y conduire.
Cette rencontre déterminante, dictée par le hasard, va bouleverser la vie des deux protagonistes.
Marius – qui jusque-là fuyait un danger inconnu – décide de prendre Hanna sous son aile et de l’aider à retrouver son père. Un détail retient son attention : la jeune fille tient entre ses mains une boîte contenant une série de fiches dactylographiées destinées à l’« apprentissage des personnes handicapées mentales. » Mais cette définition, handicapée mentale, s’applique-t-elle vraiment à la situation de la jeune fille ? Rien n’est moins sûr.
Une odyssée moderne et initiatique commence alors, portée par l’écriture « quasi hallucinée » propre à Gonçalo M. Tavares.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Auteur portugais, né en 1970. Après avoir étudié la physique, le sport et l’art, il est devenu professeur d’épistémologie à Lisbonne.
Depuis 2001, il ne cesse de publier (romans, recueils de poésie, essais, pièces de théâtre, contes et autres ouvrages inclassables). Il a été récompensé par de nombreux prix nationaux et internationaux dont le Prix Saramago, le Prix Ler/BCP (le plus prestigieux au Portugal), le Prix Portugal Telecom (au Brésil).
Gonçalo M. Tavares est considéré comme l’un des plus grands noms de la littérature portugaise contemporaine, recevant les éloges d’auteurs célèbres comme Eduardo Lourenço, José Saramago, Enrique Vila-Matas, Bernardo Carvalho et Alberto Manguel.
Son œuvre est traduite dans une cinquantaine de pays.
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Une rencontre qui va changer le cours de leurs vies. Marius, qui semble fuir un danger remarque Hanna, jeune fille trisomique tenant dans ses mains une fiche bristol indiquant ce que la jeune fille doit faire.
Les voici accrochés l’un à l’autre avec une confiance inouïe. Hanna se repose et s’en remet complètement à Marius. Hanna recherche son père mais ne veut dire son nom par peur qu’on lui coupe la langue. Est-ce son père ou quelqu’un d’autre qui lui a enfoncé ses paroles dans le crâne ?
A partir de cet instant, ils vont faire des rencontres aussi étonnantes que bizarres ou incongrues. Un photographe s'installe à leur table et voudrait photographier la jeune trisomique ; des photos ressemblant à des portraits anthropométriques. Fried Stamm leur raconte sa vie de révolutionnaire utopique. Il faut bien dormir, alors on leur recommande un hôtel tenu par un couple rescapé des camps de concentration, dont les chambres ne sont pas numérotées. Non, chaque chambre porte le nom d’un camp de concentration et la topologie de l’endroit répond à la cartographie exacte des camps.
Je n’aurais garde d’oublier Vitrius et son appartement en haut d’un immeuble très délabré avec un escalier sans rambarde qui donne le vertige à Marius. Cette scène me fait penser à quelque chose, peut-être un mauvais rêve ou alors, le dessin animé Fantasia dans sa première mouture avec une montée d’escalier qui se finit dans les nuages.
Hanna ne suscite jamais de haine ou de mauvais regards. Dans les rues, les passants la regarde avec bienveillance, voire en souriant, elle suscite non pas la compassion mais un élan d’amitié.
Toutes ces rencontres vont crescendo, comme un suspens.
En lisant ce livre, je baigne dans un autre temps ou hors du temps, avec, en final, une foule, une horde vociférant des mots d’ordre, brisant tout sur leur passage qui les happe. Il est très facile de se laisser entraîner par cette vague, de hurler avec les loups.
Un livre qui oscille entre le fantastique, le conte philosophique où le poids des rencontres, de l’histoire amènent une crainte, une peur qui s’amplifie au fil des pages. J’ai évidemment pensé au début du fascisme. Une histoire curieuse, atypique, presque ubuesque qui ne s’oublie pas une fois le livre refermé. Tout est dit sur un passé qui peut revenir à pas cadencé.