Arnaud Dudek - Les fuyants
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Arnaud Dudek
Août 2013
132 pages
ISBN : 9782362790645
4ème de couverture :
Dans la famille Hintel quatre hommes décident d’en découdre avec la filiation. Mais l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ? Une tragi-comédie tendre et rosse, désopilante à souhait, construite comme un Rubik’s cube.
Jacob, David, Simon et Joseph Hintel n’ont pas vraiment l’esprit de famille chevillé au corps. Les uns après les autres, ils s’évaporent. Adieu famille, moquette et vieillesse : la vie, même ordinaire, est ailleurs. Courage, partons. Les trois premiers fuyants connaîtront des fortunes diverses : Jacob pose ses valises au pays de l’ennui (sidéral), David choisit les contrées éternelles (il avale un insecticide), Simon part en quête de sagesse à marche forcée (en devenant oncle actif à défaut d’être mari ad hoc). Seul le petit dernier, Joseph, hacker farouchement marxiste et amoureux transi, brise la ligne de fuite et les habitudes de la tribu.
Après Rester sage, retenu dans la sélection finale du Goncourt 2012 du premier roman et traduit aux Pays-Bas, Arnaud Dudek propose une nouvelle tragi-comédie. Ici, les personnages voudraient ne pas rester sages mais le demeurent, malgré eux. Enlevée, savamment organisée, sa mini-saga familiale, écrite en phrases courtes qui font mouche, file les chagrins et les drames de la filiation d'une voix rieuse et parfois narquoise.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Arnaud Dudek déménage souvent (en ce moment, il vit et travaille à Paris). Selon des sources concordantes, ce garçon discret serait né à Nancy, en 1979. Dans ses nouvelles (pour la revue littéraire Les Refusés ou pour Décapage) et dans ses romans (tous publiés chez Alma), il raconte les gens ordinaires avec humour et tendresse. Son premier roman, Rester sage (2012) a fait partie de la sélection finale du Goncourt du premier roman et a été adapté au théâtre par la Compagnie Oculus. Le second, Les fuyants (2013), a été sélectionné pour le prix des lycéens et apprentis de Bourgogne. Le troisième, Une plage au pôle Nord (2015) est traduit en allemand. Les vérités provisoires (2017) est son quatrième roman. Tant bien que mal (2018), son dernier ouvrage est un texte épuré, un concentré brut des thèmes qui lui sont chers : l’enfance, l’identité, la fuite.
Il est par ailleurs co-organisateur des rencontres littéraires AlternaLivres, dont la dernière édition s’est tenue en octobre 2015 à Messey-sur- Grosne en Saône-et- Loire.
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Dans la famille Hintel, ne pas confondre avec la famille Untel ou Intel, les mâles sont volatiles pusillanime, rien de supers héros.
Jacob, le grand-père s’est carapaté laissant femme et enfant se débrouiller seuls. La moquette dans le salon, le pavillon identique à celui du voisin, ce n’est vraiment pas pour lui. Pourtant, homme sans passion, il n’a rien construit ailleurs. Je peux comprendre Jacob ! « Les jeunes époux quittent le pavillon des parents pour un pavillon identique. Même moquette à longs poils bouclés, mêmes doubles-rideaux en velours ». Il y a vraiment de quoi fuir. D’ailleurs, ces fameuses moquettes, je m’en souviens. Je trouvais ça tellement moche, ringard, cucul la praline !
David, le père, semblait heureux avec Esther et son magasin d’informatique, jusqu’a ce qu’un cahier oublié lui fasse rencontrer Jeanne. Le destin a voulu que la belle décède dans un accident de voiture. David avale un insecticide et rejoint la nouvelle élue de son cœur dans les limbes.
Simon, lui, se réfugie dans le sport, la marche rapide à un niveau national et c’est le vide sidéral depuis qu’il a dû arrêter. « On ne biffe pas si facilement vingt saisons de ravitaillements en eau ou en gels…. Vingt saisons d’interclubs et d’étirements, de coups de feu ou de panneaux jaunes ». Même la sémillante Marie n’y arrive pas.
Le petit dernier Joseph, geek, hacker actif et doué semble être le seul à avoir une passion, à être vivant, même s’il passe tout son temps enfermé dans sa chambre avec son ordinateur. Son travail, son plaisir ? Saboter les sites d’extrême-droite
Récit de quatre vies très communes, ordinaires, presque ennuyeuses. C’est tout l’art d’Arnaud Dudek d’en faire un livre qui n’est ni pleurnichard, ni plombant, de nous rendre attachant ces quatre hommes. L’humour, la malice, voire la légèreté et l’amour de ses personnages, la fluidité dans l’écriture, un vocabulaire choisi, des mots qui n’ont rien de fuyants en font une lecture parfaite. Une fois de plus, Arnaud Dudek a fait mouche avec la lectrice que je suis.