Philippe Claudel - L'archipel du chien

 

L’archipel du chien

Philippe Claudel

Editions Stock

Mars 2018

288 pages

ISBN : 9782234085954

 

4ème de couverture :

« Le dimanche qui suivit, différents signes annoncèrent que  quelque chose allait se produire.

Ce fut déjà et cela dès l’aube une chaleur oppressante, sans  brise aucune. L’air semblait s’être solidifié autour de l’île,  dans une transparence compacte et gélatineuse qui déformait  ça et là l’horizon quand il ne l’effaçait pas : l’île flottait au milieu de nulle part. Le Brau luisait de reflets de  meringue. Les laves noires à nu en haut des vignes et des  vergers frémissaient comme si soudain elles redevenaient  liquides. Les maisons très vite se trouvèrent gorgées d’une haleine éreintante qui épuisa les corps comme les esprits.

On ne pouvait y jouir d’aucune fraîcheur.

Puis il y eut une odeur, presque imperceptible au début, à  propos de laquelle on aurait pu se dire qu’on l’avait rêvée,  ou qu’elle émanait des êtres, de leur peau, de leur bouche,  de leurs vêtements ou de leurs intérieurs. Mais d’heure en  heure l’odeur s’affirma. Elle s’installa d’une façon discrète,  pour tout dire clandestine. »

 

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Une île où rien ne pousse, une île où il y a si peu de terre que les morts sont enterrés debout, une île de l’archipel du Chien où les habitants mènent une chienne de vie. Sauf que Monsieur le maire a décidé d’accepter l’offre de construction d’un centre balnéo-thalasso-thermes de grand luxe.

Le projet est presque achevé, le moment de la concrétisation arrive et l’île deviendra un paradis pour touristes friqués, adieu la pêche, vive la thalasso. La mécanique est bien huilée, sauf qu’un grain de sable fait dérailler le pédalier.

Un beau matin, alors que l’ancienne institutrice promène son chien, elle découvre trois cadavres sur la plage. Trois cadavres de migrants venus s’échouer là où ils n’auraient pas dû échouer. Maire, toubib, alertés, décident de cacher les cadavres dans l’usine frigorifique appartenant au maire jusqu’à ce que ces migrants soient définitivement oubliés, car personne ne viendra réclamer les corps. Bref, il faut les faire disparaitre définitivement au nom du progrès et des affaires et, SURTOUT, ne rien dire.

L’instituteur, qui faisait son cross quotidien, le curé appelé, et deux autres autochtones à la solde du maire sont au courant. Seul, l’instit n’est pas d’accord avec la loi du silence. Il y a des morts, il faut prévenir les autorités. Ah bon ! Mais que nenni, les continentaux n’ont pas à venir fourrer leur nez dans les affaires de l’île, pas certain que les fonds du projet soient bien clairs, bien propres, et puis, on est chez nous.

Les cadavres soigneusement balancés dans un des gouffres du Brau, le volcan local, chacun retourne à ses occupations ou ses préoccupations, les remords encore sous le mouchoir ressortiront et ils devront vivre avec ce poids, cet acte tout le reste de leurs vies.

Par  un beau jour, débarque un homme entre deux âges, entre deux ivresses, un homme banal. C’est un policier qui demande à rencontrer  le maire. Pourquoi est-il là, qui l’a envoyé ? Sa seule présence enflamme l’île.  Pour faire diversion, les protagonistes vont trouver un bouc émissaire en la personne de l’instituteur. Après tout, il n’est pas de l’île, c’est un étranger. Quelle machination, quel traquenard le maire n’ourdit-il pour que les Thermes voient le jour et sonne sont heure de gloire, même au prix de la déchéance et la mort d’un homme ! La meute est lâchée et tient à son os

Le policier est-il un vrai ou un faux policier ? Le curé croit plus en ses abeilles qu’en dieu, le médecin sourit continuellement pour mieux cacher sa vérité. L’ancienne institutrice ne semble pas avoir digérer l’arrivée du nouvel enseignant et ses méthodes, le maire tire les ficelles car il connait quelques secrets. Tout ce petit monde se tait. Sur l’île, l’odeur, je devrais plutôt dire la puanteur se répand de plus en plus

Tout aussi mystérieux, envoûtant, oppressant que le Rapport de Brobek, Philippe Claudel raconte la lâcheté humaine, le rapport aux vilainies dont le mécanisme impitoyable broie tout sur son passage. Le peu de poids des migrants, leur marchandisation, le lucre des marchands d’humains. Genre thriller psychologique sur fond social, difficile à lâcher avant la dernière page.

Oppressant, glaçant et si réaliste.

Un coup de coeur

 

 

 

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A
Pas un coup de coeur, mais j'ai aimé encore une fois l'atmosphère si particulière.
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Z
Rarement déçue avec Claudel
M
Bien sûr le lien avec le rapport de Brodek se fait tout de suite. Un livre à ajouter à ma PAL illico !
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Z
Et un de plus, un !!
L
Je dois le lire celui-ci.
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Z
Tu devrais aimer
M
Je le lirai c'est sûr ! J'aime cet auteur... Bon dimanche
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Z
Alors, j'attends ton commentaire
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