Arnaldur Indridason - Passage des ombres
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Arnaldur Indridason
Traduit de l’islandais par Eric Boury
Mai 2018
304 pages
ISBN : 9791022607759
4ème de couverture :
Un vieil homme solitaire est retrouvé mort dans son lit. Il semble avoir été étouffé sous son oreiller. Dans ses tiroirs, des coupures de presse sur la découverte du corps d’une jeune couturière dans le passage des Ombres en 1944, pendant l’occupation américaine.
Pourquoi cet ancien crime refait-il surface après tout ce temps ? La police a-t-elle arrêté un innocent ?
Soixante ans plus tard, l’ex-inspecteur Konrad décide de mener une double enquête. Jumeau littéraire d’Erlendur, il a grandi en ville, dans ce quartier des Ombres si mal famé, avec un père escroc, vraie brute et faux spirite. Il découvre que l’Islande de la « situation » n’est pas tendre avec les jeunes filles, trompées, abusées, abandonnées, à qui on souffle parfois, une fois l’affaire consommée, « tu diras que c’était les elfes ».
Un polar prenant qui mêle avec brio deux époques et deux enquêtes dans un vertigineux jeu de miroirs. Où l’on découvre que les elfes n’ont peut-être pas tous les torts et que les fééries islandaises ont bon dos…
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Un grand doute m’envahit en commençant le livre. Je retrouve la scène, à Reykjavik, de la découverte du corps déjà lu dans un livre précédent. Une jeune femme est retrouvée morte derrière le théâtre. Flovent et Thorson ont enquêté à l’époque et l’affaire a été classée. Ce n’est qu’une mise en situation. Ouf !!
Revenons au dernier tome de la trilogie.
Erlendur est parti, vive Konrad et retour à notre époque. En quelques mots, Konrad est un flic à la retraite, célibataire qui s’ennuie. Marta, son ex-collègue l’appelle un soir pour lui demander d’enquêter sur la mort de Stefan Thordarson, vieux monsieur étouffé avec un oreiller. Lors de la fouille de l’appartement, la scientifique a trouvé une vieille coupure de journaux relatant l’enquête inaboutie « sur le meurtre d’une jeune file retrouvée étranglée à l’arrière du Théâtre national en 1944 ».
Je retombe sur mes deux pieds… Et sur les deux premiers chapitres.
Cette information titille Konrad du côté de la mémoire. Oui, il se souvient de cette affaire car son père s’y est trouvé impliqué par le biais d’une escroquerie au spiritisme. Il va accepter la demande de Marta et enquêter sur le meurtre du vieux monsieur.
Par chapitre interposés, je fais le grand écart entre cette période de la Seconde Guerre et maintenant. Je passe de Konrad aux deux policiers Flovent l’islandais et Thorson le canadien de parents islandais, un jeu de miroirs intéressant dans lequel je ne me suis pas perdue..
Bien sûr, vous l’avez compris, les deux affaires sont liées. Konrad va mettre toute sa pugnacité, tout son temps, fouiller le passé pour rechercher le meurtrier, tirer les quelques fils qu’il trouve, jusqu’à détricoter et retisser.
Il rencontre une femme, ancienne collègue de la jeune couturière, qui lui rapporte cette phrase, que le violeur a assené à la victime : « tu diras que c’étaient les elfes ». Les contes et légendes ont cela de bon, c’est qu’ils permettent d’expliquer l’inexplicable voire de rendre dicible l’indicible. Un jeune étudiant, Jonathan, fut, à l’époque des faits, soupçonné et interpellé parce que le mémoire qu’il préparait dans le cadre de ses études portait sur ces légendes. Sa fin tragique a été lourde à porter pour les deux inspecteurs.
Outre le fait que Flovent fut à l’origine de la Crim' islandaise, je peaufine mes connaissances sur « la situation », le bouleversement, sans retour en arrière, suite à l’arrivée des troupes alliées d’occupation sur l’île qui a permis l’émancipation des femmes.
Ce dernier tome clôt avec brio la trilogie des ombres. Ombres, quartier mal famé et pauvre où grandit Konrad ; passage des ombres où fut trouvé le corps de la jeune couturière, ombres d’un passé où les oiselles se sont souvent faites avoir par les soldats mariés dans leur pays ; ombres sur les meurtres non élucidés, plutôt mis sous le boisseau pour cause de député influent. Comme quoi, au pays des elfes, les puissants sont les mêmes qu’ailleurs.
Arnaldur Indridason dans sa trilogie, brosse le tableau de l’Islande durant ces soixante dernières années. Satire de la vie islandaise fort bien documentée. L’Islande un pays tourné vers le futur mais toujours enchaîné à ses légendes, traditions, racines Du bel ouvrage.
Un livre que je n’ai pu lâcher et donc, une nuit très écourtée, pour mon grand plaisir.
Alors, adieu Erlendur et bonjour Konrad ?
Premier tome : Dans l’ombre
Second tome : La femme de l’ombre
Symphatique et énigmatique bande-annonce du livre
https://www.youtube.com/watch?time_continue=35&v=j8eIlRLhuzw