Cécile Oumhani - Une odeur de henné
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Une odeur de henné
Cécile Oumhani
Editions Elyzad
Novembre 2017
240 PAGES
ISBN : 9789973580993
4ème de couverture :
Kenza est médecin dans un l’hôpital de campagne. Son père lui a transmis sa passion des livres. Depuis son enfance, Kenza se sent différente, en rien semblable à sa mère ou à ses camarades de classe. Habitée par un vif désir de connaissance, elle fait tout pour échapper aux conventions de son milieu. Aussi, quand ses parents lui annoncent qu'un jeune homme a demandé sa main, Kenza se révolte. Elle part pour Paris, loin de l'emprise de la tradition. Sans se douter que sa soif de liberté y sera aussi mise à l'épreuve...
Grâce à son écriture sensible, Cécile Oumhani donne vie à un personnage attachant qui se débat dans ses contradictions, vit intensément ses émotions, s'émancipe, mais à quel prix, et découvre dans la souffrance une forme de libération.
Un roman élégant qui se fait l'écho intime de questions brûlantes de la société tunisienne d'aujourd'hui.
L’auteure (site de l’éditeur) :
Poète et romancière, Cécile Oumhani, née à Namur (Belgique), vit en région parisienne. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages et a reçu plusieurs prix littéraires dont le Prix européen Virgile décerné à l'ensemble de son œuvre.
Aux éditions Elyzad, sont parus les romans Le café d'Yllka (2009) Prix Littéraire Européen de l'Adelf (Association des Écrivains de langue française), L'atelier des Strésor (2012) mention spéciale du Prix franco-indien Gitanjali et Prix de la Bastide, ainsi que ses carnets Tunisie, carnets d'incertitude (2013). Ont été réédités en poche Une odeur de henné (2012) Prix Grain de Sel et Les racines du mandarinier (2016). Son nouveau roman Tunisian Yankee (septembre 2016) a obtenu le prix ADELF de l'Afrique méditerranéenne/Maghreb et a été finaliste du Prix Joseph Kessel 2017.
Par ailleurs, Cécile Oumhani est membre du comité de rédaction de la revue Siècle 21 et collabore à Europe, La Traductière, Babelmed, et à la revue américaine en ligne Words Without Borders.
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C’est toujours un grand plaisir d’ouvrir un livre de Cécile Oumhani.
Kenza est devenue médecin avec le soutien de son père, enseignant, qui ne lui a jamais refusé l’accès à la bibliothèque familiale. Le seul problème, en plus d’être une femme, est qu’elle n’est toujours pas mariée et, dans la campagne tunisienne, ce n’est pas bien vu. Ses parents, son père y compris, aimerait la voir mariée avec enfants et ainsi perpétuer la tradition. C’est ainsi que se présente un ami de ses frères qui la demande en mariage. C’est un homme genre self-made-man qui se veut plus européen que tunisien et c’est ce qu’il apprécie en Kenza, une femme « moderne » et affranchie des diktats religieux. Soit, mais c’est quand même lui qui fait construire la maison où ils vivront sans en référer à sa future femme. Kenza ne se voit pas jouer les maîtresses de maison, pourtant elle accepte le mariage, surtout lorsque le fiancé lui accorde le droit de partir à Paris poursuivre ses études pour une spécialisation médicale dans la recherche, son souhait le plus cher.
En Tunisie, elle passe pour une femme affranchie, portant robe européenne et cheveux non couverts, mais arrivée à Paris, elle se perd, n’a plus les codes. Sa soif de liberté est prise au piège de son éducation. Elle se heurte à beaucoup d’obstacles qui sont en elle, son éducation ne lui permet pas de s’émanciper. Elle se cache derrière son travail, puis derrière un voile, elle qui trouvait arriérée ces femmes voilées. Bref, comme le hérisson, tous les piquants sont dehors alors qu’à l’intérieur d’elle-même c’est la pagaille, voire un gigantesque maelström. Même l’arrivée de Jacques, dans sa vie ne la dégèlera pas. Oui, ils sont très attirés l’un par l’autre, mais elle est fiancée au pays et, pour mieux fuir, elle s’enferme derrière son voile et ses tenues austères.
Ne se sentant pas à l’aise à Paris, une fois son diplôme en poche, elle retourne chez elle, toujours voilée. Son fiancé ne semble pas trop d ‘accord « Quand je t’ai connue, tu étais normale, enfin, tu t’habillais comme la plupart des femmes de ton âge… C’est ce qui m’avait pu en toi… Alors si tu veux te marier avec moi, il faut que tu enlèves ton foulard. »
A l’intérieur, toujours le Vésuve, la guerre. Un torrent de contradictions se déverse dans son âme, elle est perdue et donc, se referme encore plus sur elle. A son retour, elle apprend la mort de sa grand-mère maternelle Khadija, son repère, son phare qui lui permet d’aller au-devant des convenances tunisiennes et un rempart, une digue cèdent.
Le retour au pays permettrait-il d’y voir plus clair ?
Cécile Oumhani à travers le portrait de cette femme cultivée, active, fait le portrait de toutes les femmes, pas seulement arabes, qui veulent évoluer, changer leurs conditions. Les difficultés d’adaptation, le choc des cultures, la non possession des nouveaux codes de vie, font apparaitre les contradictions, les peurs, l’envie de retourner dans le cocon familial ou un autre abri. Elle nous montre combien il faut de force pour s’arracher de ce cocon. Elle n’oublie pas les femmes plus soumises, plus traditionnelle telle Zina, sa mère, l’étudiante portant foulard et robes ternes et, Khadija sa grand-mère.
Une fois de plus, je suis séduite par la plume de Cécile Oumhani qui partage avec nous son amour de la Tunisie, l’écartèlement des tunisiens entre modernisme et traditions et, de ce fait, la montée de l’islamisation.
Les éditions Elyzad sont, pour moi, source de lectures très intéressantes ;
Une odeur de henné, initialement paru en 1999 est régulièrement réédité en format poche. Il faut savoir que ce format, chez Elyzad, est d’une très belle qualité.