Gaëlle Josse - Une longue impatience
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Gaëlle Josse
Editions Notabilia
Janvier 2018
192 pages
ISBN 9782882504890
4ème de ouverture :
Ce soir-là, Louis, seize ans, n’est pas rentré à la maison. Anne, sa mère, dans ce village de Bretagne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voit sa vie dévorée par l’attente, par l’absence qui questionne la vie du couple et redessine celle de toute la famille.
Chaque jour, aux bords de la folie, aux limites de la douleur, Anne attend le bateau qui lui ramènera son fils. Pour survivre, elle lui écrit la fête insensée qu’elle offrira pour son retour. Telle une tragédie implacable, l’histoire se resserre sur un amour maternel infini.
Avec Une longue impatience, Gaëlle Josse signe un roman d’une grande retenue et d’une humanité rare, et un bouleversant portrait de femme, secrète, généreuse et fière. Anne incarne toutes les mères qui tiennent debout contre vents et marées.
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Anne Le Floch, femme de marin vit dans une petite maison de pêcheur. Après la disparition en mer de son mari Yvon, elle élève seule son fils Louis. Nous sommes juste après guerre, la vie est rude et dure. Anne travaille dans une conserverie.
Après une attente de deux ans, durée de veuvage oblige, Etienne Quémeneur, le pharmacien du village, notable, la demande en mariage et lui promet d’aimer et d’élever Louis comme son propre fils. Il l’aime en cachette depuis le temps béni de l’école. Voici Anne le Floche devenue Anne Quéméneur débarquant, la bague au doigt dans le grand appartement au-dessus de la pharmacie.
Bientôt deux autres enfants naissent Gabriel puis Jeanne. Le bonheur aurait dû être parfait. Oui mais voilà, Louis ne reçoit plus les attentions de Quémeneur mais plutôt les brimades jusqu’aux coups de ceinturon de trop. Pouraquoi Quémeneur agit-il ainsi ? Est-ce le fait que ce soit le fils d’Yvon qu’il sait n’avoir jamais remplacé dans le cœur d’Anne ? Est-ce également ce que lui a connu avec son propre père ?
Toujours est-il que ce soir, rue des Ecuyers en ce mois d’avril 1950, Louis n’est pas rentré.
« Ce soir, Louis n’est pas rentré. Je viens d’allumer les lampes dans le séjour, dans la cuisine, dans le couloir… Elle n’éclaire qu’une absence. »
L’attente infernale débute. Anne sera un fantôme parmi les siens, toute entière dans l’attente, l’espoir de revoir Louis.
Un livre magnifique, profond sur l’absence et son corollaire, l’attente. Louis est supposé vivant, il s’est engagé sur un bateau. Pour supporter l’absence, Anne lui écrit des lettres, où elle lui raconte le repas magnifique qu’elle concoctera pour son retour. Ces missive, qui ne partiront jamais ?, lui permettent de maintenir Louis dans son réel.
Il n’y a plus de futur au dehors de Louis. Anne passe son temps, hors les occupations ménagères et le soin aux deux autres enfants, à surveiller les arrivées des bateaux de commerce, à espérer. Elle marche sur le fil qui la sépare de la folie, elle est au bord de la falaise physiquement et mentalement.
Anne survit pour donner à ses deux autres enfants et son mari, les soins qu’ils demandent, mais en est-elle capable ? Je plains Gabriel et Jeanne qui ont manqué de cet amour maternel, qui n’ont pu jouir de la présence pleine, entière et aimante de leur mère. Ce départ brusque est définitif a redessiné la vie, l’atmosphère de la famille.
A travers Anne, Gaëlle Josse, par ses phrases ciselées, ses mots si vrais, parle de toutes ces mères dont un enfant a disparu, la douleur de l’absence et l’attente interminable qui sape les bases de leurs vies.
Un superbe livre poignant, un coup de cœur.