Patrick Da Silva - Les pas d'Odette
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Patrick Da Silva
février 2018
60 pages
ISBN9782370551559
4ème de couverture :
« Elle, si elle se met à compter, ce sont les lunes pour les semis et les récoltes qu’elle ne fait plus, ce sont les pluies, la neige et les gelées, ce sont les saints de glace et Barnabé et le plein de la cuve en fioul domestique, du bout des doigts, les mailles à l’envers, les mailles à l’endroit et les grains du chapelet, ce sont, sur le calendrier, les fêtes du bon Dieu et les anniversaires.
Faut dire, qu’avec les petits et les arrières-petits ça en fait une jolie litanie, et compter les années depuis la mort de pépé. »
Les Pas d’Odette est le portrait d’une femme, les paroles d’un homme pour sa mère.
L’auteur (site de l’éditeur) :
"Ses mains sont larges, son regard attentif. Ses silences sont de ceux qui éprouvent et rendent difficile les simagrées. Ses paroles peuvent d’un même élan questionner les fondements de la chrétienté, les tragédies grecques ou la vie d’une proche voisine. Le vin, dans la cabane qu’il s’est construite au bord d’une rivière, se boit dans des coupelles et succède généralement à une balade dans les champs où il s’occupe de ses bêtes. Et pourtant, aussi inhabituelle que sa vie sylvestre se présente, Patrick Da Silva reste un homme du commun. Ceux qui le rencontrent devinent qu’il s’est donné pour seules règles l’attention aux autres et l’existence la plus simple. Lui, qui habite depuis soixante ans sur des terres qui l’ont vu naître et qu’il quitte rarement, façonne depuis son territoire une langue singulière avec laquelle il fouille le monde. Ainsi poursuit-il, à travers des textes qui mêlent sans façon le patois aux mots rares, mais aussi des films, un chemin qui lui est propre. À l’occasion de la parution de deux nouveaux livres – et filii et Les Pas d’Odette – nous avons préparé ce bref dossier pour envisager un peu mieux cet auteur qui attache plus d’importance à la parole partagée et à la quiétude qu’aux reconnaissances littéraires." Le Tripode
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« Pour autant, tout menus qu’ils sont devenus, pas plus comptés qu'avant, lorsqu’ils étaient, le spas, plus grands. Plus grands, plus vites et plus allants. Avant quand elle était juste mémé, mémé, sans qu’il y faille rien rajouter, vu qu’elle était la seule de sa catégorie. »
Je me reconnais tout-à-fait dans cette définition, même si je suis plus jeune parce que pas encore arrière-grand-mère.
Oui, je me fais appeler « mémé » car je suis « celle qui dit qui y est ». Mamie n’a, pour moi, pas la même chaleur, peut-être un peu trop bien pensante, ou ne veut pas apparaître pour ce qu’elle est. Ainsi que m’a dit une connaissance : Mémé, ça fait vieux. Non, P.... c’est ce que tu as dans le ventre et dans le cœur qui te sèche ou pas.
Je m’y vois déjà « Arrière-mémé à pas menus et pas comptés, pas plus comptés qu’avant, du temps des genoux bien en os, en os bien usé, le droit surtout, à force de turbiner, du temps d’avant la canne à béquiller ». Cette phrase semble être écrite pour ma propre mémé.
Patrick Da Silva a cela en lui, dans son écriture, rendre quelque chose d’intime, universel.
Un petit livre mais si grand par l’amour qu’il porte, l’amour de Patrick Da Silva pour sa mère, l’amour que l’on aimerait porter à sa mère, l’amour que l’on espère…
Ce livre est un condensé d’amour filial, pour Odette qui, maintenant marche à pas comptés, mais qui n’a jamais compté son amour pour les siens, un livre à l’aune de l’amour que porte un fils à sa mère, c'est-à-dire un très grand livre.
Merci mémé Odette d’avoir porté, élevé, aimé un tel fils et permis un tel livret d’amour.
Patrick Da Silva, écrivain-paysan, n’auriez-vous pas des airs d’Emile Guillaumin, c’est un peu à qui vous me faites penser en lisant le dossier joint ; j’apprécie beaucoup votre regard humaniste.
Merci Le Tripode pour cette perle poétique. Histoire de, je vais le faire lire à mes enfants et à ma petite-fille