Orthan Pamuk - Cette chose étrange en moi
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Orhan Pamuk
Traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy
Editions Gallimard
Collection NRF
688 pages
Aout 2017
ISBN : 9782070113682
4ème de couverture :
Comme tant d’autres, Mevlut a quitté son village d’Anatolie pour s’installer sur les collines qui bordent Istanbul. Il y vend de la boza, cette boisson fermentée traditionnelle prisée par les Turcs.
Mais Istanbul s’étend, le raki détrône la boza, et pendant que ses amis agrandissent leurs maisons et se marient, Mevlut s’entête. Toute sa vie, il arpentera les rues comme marchand ambulant, point mobile et privilégié pour saisir un monde en transformation. Et même si ses projets de commerce n’aboutissent pas et que ses lettres d’amour ne semblent jamais parvenir à la bonne destinataire, il relèvera le défi de s’approprier cette existence qui est la sienne.
En faisant résonner les voix de Mevlut et de ses amis, Orhan Pamuk décrit l’émergence, ces cinquante dernières années, de la fascinante mégapole qu’est Istanbul. Cette «chose étrange», c’est à la fois la ville et l’amour, l’histoire poignante d’un homme déterminé à être heureux.
L’auteur (site de l’éditeur)
Nationalité : Turquie
Né(e) à : Istanbul, le 07/06/1952
Biographie :
Ferit Orhan Pamuk est né en 1952 à Istanbul. "Cevdet Bey et ses fils" (1982), reçoit plusieurs prix littéraires en Turquie. "La Maison du silence", (1983) remporte le prix de la Découverte européenne ; « Neige » (2005) le prix Médicis étranger. Orhan Pamuk se voit décerné le prix Nobel de la littérature en 2006
Au début 2005, Orhan Pamuk fait l’objet de menaces et une assignation à comparaître devant les tribunaux, en affirmant l’existence du génocide arménien lors d'un entretien à un journal suisse. Les poursuites sont finalement abandonnées le 22 janvier 2006 sous la pression internationale.
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« Voici l’histoire de Mevlut Karatas, vendeur de yaourt et de boza. L’histoire de sa vie et de ses rêves. »
Mevlut à 25 ans, enlève celle qu’il veut épouser, enfin celle qu’il pensait épouser. Il l’avait vue quatre ans auparavant à un mariage et était tombé amoureux de ce visage. S’ensuit pour lui, un amour épistolaire, jusqu’au jour de l’enlèvement en pleine nuit. Oui, mais voilà, ce n’est pas elle, mais sa sœur aînée qu’il a enlevée avec l’aide de son cousin. Il faut d’abord que la sœur ainée soit mariée. Ainsi fut tramé dans le dos de Mevlut qui s’en arrangea, il ne pouvait faire autrement. L’amour leur vint.
C’est le trait du caractère de Mevlut, accepter et transformer pour quelque chose de mieux, ce qui lui arrive. Il est d’un optimiste à tout crin, mais pas b »at. Il doit se battre, garde toujours espoir.
Tout au long de ses déambulations nocturnes à vendre de la boza aux stambouliotes, Mevlut voit les changements de la ville « Il y a de l’alcool dans la boza, mais très peu. A l’époque ottomane, les gens pieux désireux de s’égayer un peu affirmaient au contraire qu’il n’y a pas d’alcool dans la boza, comme ça, en toute bonne conscience, ils pouvaient descendre une dizaine de verre et goûter à l’ivresse. Mais quand Atatürk a libéralisé la consommation du raki et du vin à l’époque républicaine, la boza a perdu sa raison d’être »,
Je suis Mevlut et les siens sur cinquante années où Orhan Pamuk montre la transformation d’Istanbul et de ses habitants. Mevlut, le rêveur nostalgique, l’optimiste, l’âme pure transporte sa mélancolie avec sa charge de boza. Comme cette boisson qui a tendance à disparaitre, lui semble d'un autre temps.
Un livre passionnant qu’il faut prendre le temps de déguster, faire des allers et retours dans le temps, dans les quartiers d’Istanbul, de déguster la boza, d’accepter les changements, bref de vivre la vie de Mevlut.
Un gros livre, mais si agréable à lire