Marie-Hélène Lafon - Nos vies
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Marie-Hélène Lafon
Editions Buchet-Chastel
août2017
ISBN 9782283030493
4ème de couverture :
« J’ai l’œil, je n’oublie à peu près rien, ce que j’ai oublié, je l’invente. J’ai toujours fait ça, comme ça, c’était mon rôle dans la famille, jusqu’à la mort de grand-mère Lucie, la vraie mort, la seconde. Elle ne voulait personne d’autre pour lui raconter, elle disait qu’avec moi elle voyait mieux qu’avant son attaque. »
Le Franprix de la rue du Rendez-vous, à Paris. Une femme, que l’on devine solitaire, regarde et imagine. Gordana, la caissière. L’homme encore jeune qui s’obstine à venir chaque vendredi matin... Silencieusement elle dévide l’écheveau de ces vies ordinaires. Et remonte le fil de sa propre histoire.
Nos vies est le nouveau roman de Marie-Hélène Lafon. Il aurait pour sujet la ville et ses solitudes.
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Elle s’appelle Gordana, est caissière (caisse n°4) au Franprix du n°93 de la rue du Rendez-vous dans le 12ème arrondissement de Paris. La narratrice la décrit avec force de mots, de
superlatifs, lui invente une vie. Un homme, Horacio Fortunato (je saurai son nom plus tard), chaque vendredi à la même heure, passe toujours par la caisse de Gordana. Jeanne lui invente aussi une vie et, comme les enfants, emploie le futur du conditionnel, il serait, il aurait… Son assiduité l’autorise à ébaucherune histoire d’amour entre eux, histoire d’amour qui n’aura pas lieu.
Cette femme qui raconte à la première personne, s’appelle Jeanne Santoire. Elle remonte aussi sa vie, parle de sa grand-mère aveugle, de la vieillesse de ses parents, des liens qui les relient. Il y eut Karim, l’homme de sa vie, un Algérien, que le père qui avait fait la guerre d’Algérie n’a jamais voulu rencontrer. Une vie de couple entrecoupée de silence. Il ne sait rien de sa vie antérieure pas plus qu’elle ne connait la sienne. Un jour, il part pour l’Algérie et ne reviendra jamais à Paris, sans plus d’explication. Plus tard, elle apprend qu’il vit à Marseille, marié, avec un enfant.
Cette fois, le roman se passe à Paris, même si il y a des incursions mémorielles en province. Marie-Hélène Lafon a quitté sa Creuse natale pour remonter vers le nord, en suivant, peu ou prou, la Nationale 7. Souvigny, Saint-Hilaire, Moulins, Nevers… Comme elle remonte le fil de ses souvenirs.
Toutes ces histoires inventées sont faites à partir de solitude, pour en combler le vide qu’elle ressent. Ses souvenirs jouent à saute-moutons avec les vies qu’elle invente.
Les phrases sont longues, ponctuées, comme elle les aime, de virgules et points virgules (plus guère utilisé). L’écriture est riche, inventive. Avec Marie-Hélène Lafon, je prends un bain de mots que les voyelles font mousser, les ponctuations me soutiennent dans ma lévitation au
pays de ses rêves.
J’ai gardé ce livre pour la fin, pour le déguster comme un dessert et je me lèche les doigts de ses expressions qui fleurent bon l’Auvergne. « Il s’était enroutiné à Saint-Hilaire ». « Il faisait besoin à sa mère». « En me regardant aux yeux », « Faire maison ». Une madeleine gourmande et goûtue.
Faire partie des Explolecteurs fut un grand plaisir pour moi. Je ne serais jamais allée du côté de "C'est le cœur qui lâche en dernier". Grâce à "Une fille dans la jungle", je peux mettre
beaucoup d'humanité sur des faits divers. Je fus un peu déçue par "Le Cœur battant de nos mères" qui promettait plus que ce que j'en ai ressenti. Quant à "Nos vies » !!!!
Une pépite que je dois à l'opération Explolecteurs organisée par Lecteurs.com