David Bosc - Relever les déluges
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Relever les déluges
David Bosc
96 pages
Mars 2017
ISBN : 978-2-86432-919-0
4ème de couverture :
Enfants de rois, de paysans ou de bourgeois, les personnages de ces quatre récits ont ouvert sur le monde des yeux de premier homme : l’ordre des choses, ils entendent l’éprouver, en restant sourds aux « vérités éternelles »Ce sont alors des assauts et des ruses, des solidarités intempestives et de soudains dégagements. Liberté, égalité, fraternité : les vieilles lunes sont décrochées avec tout le décor, et les voici qui se rallument, fragiles, toutes neuves, à hauteur de regard, sur le visage de n’importe qui.
L’auteur (site de l’éditeur)
David Bosc est né à Carcassonne le 7 avril 1973.
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Quatre histoires, quatre époques, quatre hommes pour illustrer ce qui est écrit au fronton de nos mairies : Liberté – Egalité – Fraternité.
Farid Imperator, alias Frédéric II, empereur des Romains à qui l’on a fait le cadeau empoisonné, suite à la mort de ses parents, de la liberté.
« Comme Frédéric, pupille du pape, est intouchable, il prend le parti de le délaisser. Il lui fait l’infamant cadeau de la liberté (car personne n’en veut, à cette heure, et le mot lui-même ne fait rêver que les fous. ».
Il vit en Sicile, à Palerme ville arabo-normande
« On y aimait tant les différences qu’on en inventait quand, faute de vent, il en venait moins ».
« Frédéric choisit ses maîtres parmi les Arabes et les Gréco-Syriens ; son appétit de connaissance les enchante, sa vivacité les émerveille ».
Il n’a que huit ans. Sa vie fut un long combat contre la papauté. Il a su
« conquérir la moitié du monde sans jamais tirer l’épée ».
Avec son armée et sa bande, il fonde, devant Palerme, au lieu d’un camp, une ville qu’il baptise « Victoria »
Frédéric, parti à la chasse, Victoria est détruite par les Parmesans. Basta ! « L’empire s’effondrera bientôt.
« Quelle importance ? Il n’était fait que d’un jeu d’écritures. »
Saut dans le dix-huitième Siècle. Honoré Mirabel, est un homme heureux, mais il ne s'appartient pas.
« Quand les branches des cerisiers sont lourdes de cerises, quand je vais boire mon pot de vin sur la Veaune, après la cueillette des azeroles, je suis heureux. »,
« Tout me plait en ce monde et il ne me va pas Je voudrais que tout change sans que rien ne se perde. »
valet de ferme, issu de serfs, il annonce qu’il a trouvé un trésor et… Que la fête commence. Il fera bombance sans débourser un liard, embobinera le bourgeois, pour finir aux galères.
« Au vrai, je n’ai pas volé grand-chose, mais je crois que j’ai fait pire à leurs yeux : j’ai blasphémé l’argent. »
Son comparse, Auquier sortira de prison, mais la leçon de Mirabel n’est pas perdue.
Pour la troisième nouvelle, je rencontre Miguel Samper, jeune espagnol qui va s’enrôler dans l’armée populaire combattre Franco, pour l’égalité (il y croyait) pour ne pas rester chez lui et risquer de faire des saloperies comme
« Les vainqueurs se livraient aux saloperies. Et même les pauvres diables, pour peu qu’on leur ait donné un fragment de pouvoir. Alors, pour faire face au salaud que l’on porte en soi, pour étouffer le porc tout au fond de son ventre, mieux valait retourner au front, fusil contre fusil, ou la pelle à la main. Du moins, c’était encore ce que je croyais ».
Il subit, des républicains, les mêmes vilénies qu’il dénonce chez les phalangistes. Il trouve toujours le moyen de s’évader, de retrouver une certaine liberté. En fin de compte, il se retrouve dans un camp à Argelès alors qu’il voulait lutter
« pour les copains, pour le matin du monde, pour l’égalité »
Désolé Miguel, mais cela n’a pas beaucoup changé, peut-être même un peu empiré.
« L’égalité est à la fois le passé et l’avenir de notre histoire. Il finira le temps des caciques, de ceux qui possèdent davantage que leur regard ne peut embrasser, même s’ils montent sur le toit. Il finira le temps de ceux qui font le tour en auto de terres dont ils ne sauront rien, sinon le rendement l’hectare. »
Denis, l’onagre du quatrième récit, fabrique et colle des stickers à hauteur du cœur
« Il dit que s’il imprime petit, c’est, en quelque sorte, afin de choisir les lecteurs ; si une personne s’arrête, se penche, sort ses lunettes, c’est qu’elle a encore de la curiosité, et aussi l’espérance que quelque chose d’important peut lui être donné par un semblable, sans puissance ni relais ni porte-voix ».
C’est un anar, qui prend d’assaut, avec d’autres comparses, un bateau-restaurant amarré dans le port de Marseille, offre un feu d’artifice aux prisonniers des Baumettes. Il est à part, il a toujours été à part, dans la meute, dans le groupe. Jamais il ne renonce à sa liberté, son indépendance… qu’il battrait bien en brèche pour Mathilde, s’il arrive à la sortir du groupe.
Le point commun à ses quatre hommes est leur besoin d’indépendance, de liberté. Faire plutôt qu’attendre.
Ils décident de leur vie, du bon ou mauvais côté, veulent vivre leurs aventures intensément. Ce sont des rêveurs, mais pas de doux rêveurs car ils ont en eux un jusqu’auboutisme qui les poussent à aller, à ferrailler, à titiller jusqu’à ce que la pirouette les transportent ailleurs
Lorsque je lis un livre de David Bosc, je vois un tableau se confectionner avec ses mots, sous mon regard. Son écriture est lourde du sens qu’il donne aux mots. Elle me fait penser à ses vignobles caillouteux qui donnent un vin qui tient en bouche et qui, une fois dans la gorge exprime sa vitalité, sa rondeur et dont on se souvient.
Je me dis qu’en ces périodes électorales où nous dépassons les cinquante pour cent d’abstention, ce serait une bonne chose que de faire circuler ce livre. A bon entendeur….
Les éditions Verdier m’ont permis de redécouvrir David Bosc. Je les remercie de leur politique éditoriale exigeante. Grâce à eux, j'ai fait de belles lectures qui me donnent l’impression d’être moins sotte.
Livre lu dans le cadre d’une opération Masse Critique de Babelio. Merci à eux pour cette lecture.