Stéphanie Kalfon - Les parapluies d'Erik Satie
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Les parapluies d’Erik Satie
Stéphanie Kalfon
Février 2017
216 pages
ISBN : 9782072706349
4ème de couverture :
En 1901, Erik Satie a trente-quatre ans. Sans ressources et sans avenir professionnel, il délaisse Montmartre et l'auberge du Chat Noir pour une chambre de banlieue sordide où, coincé entre deux pianos désaccordés et quatorze parapluies identiques, il boit autant, ou plus, qu'il compose. Observateur critique de ses contemporains, l'homme dépeint par Stéphanie Kalfon est aussi un créateur brillant et fantaisiste : il condamne l'absence d'originalité de la société musicale de l'époque, et son refus des règles lui vaut l'incompréhension et le rejet de ses professeurs au Conservatoire.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Lauréate en 2007 de la bourse « Scénariste TV » décernée par la Fondation Lagardère, Stéphanie Kalfon a notamment travaillé pour la série Vénus et Apollon diffusée sur Arte. Elle est également la réalisatrice du film Super triste avec Emma de Caunes, et travaille actuellement sur un long métrage avec Jean-Pierre Darroussin. Les parapluies d'Erik Satie est son premier roman.
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Ce n’est pas une biographie mais une interprétation, une recomposition de la vie d’Erik Satie, sa longue descente dans les enfers de la solitude, de la folie, de la création.
Avec Erik Satie, homme très entier
« On ne partage rien pour de faux. On ne partage rien pour passer le temps, faire quelque chose, rester à ensemble sans importance. »
Depuis sa plus tendre enfance, le compositeur est hors temps, hors jeu, "un égaré dans ce siècle" Il se cherche dans un monde qui se modernise mais dont les parangons refusent toute innovation comme ses professeurs du Conservatoire. Il entre en lui-même, écorché vif. Sa chambre à Arcueil, est son cercueil, son refuge ultime, il y crève de solitude. Pourquoi partir si loin de Paris, de ses amis ?
« Il veut être à la périphérie car il se sent périphérique. Et Satie est avant tout un être cohérent. Voilà ce que les autres n’ont pas compris, ceux qui le croient fou, excentrique. Ceux qui ne voient en lui qu’une dérisoire dérision ».
L’amitié est importante pour lui et n’en veut même pas à son ami Debussy qui lui vole ses idées et créera Pelléas et Mélisande.
« Il s’était senti compris, et aussitôt dépossédé, mais trop tard mon bon vieux, il ne fallait pas en dire autant, tout donner pourquoi ? Est-ce qu’un peu d’admiration vaut assez pour tout donner ? Juste pour le plaisir d’être le centre éphémère du monde ? »
Man Ray, quant à lui estimait que
« Erik était le seul musicien à avoir des yeux.. Le photographe avait repéré qu'Erik n'écoutait pas la musique, il la peignait, il la photographiait, il l'observait."
Un écorché vif qui se protège, mais de quoi ? Avec ses quatorze parapluies noirs.
Quelques petits entractes lorsque Stéphanie Kalfon met en scène les actualités de l’époque, naissance du cinéma, la construction de la Tour Eiffel, même la naissance du Coca Cola ! Heudebert et la création de la biscotte… « Mais ceci est une autre histoire. »
L’écriture vive, alerte, de Stéphanie Kalfon est à l’opposé de ce qu’elle raconte de la vie misérable, décalée d’Erik Satie. Pourtant, elle épouse le rythme du compositeur, scande la musique de ses mots au rythme des divagations de Satie, le suit dans ses désespérances, sa fuite en avant. Elle le suit en Absurdie, dans sa déchéance, son enfermement. Pour moi, cette apparente dichotomie est la force de ce livre.
Un très bon premier livre qui m’a permis de découvrir une autre vue de la musique de Satie
Livre lu dans le cadre des 68 premières fois.