Jean-Philippe Domecq - Deuxième chambre du monde
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Jean-Philippe Domecq
Editions Serge Safran
Février 2017
144 pages
ISBN : 979-10-90175-61-7
4ème de couverture :
Un homme seul chez lui observe : la rue, les toits, tout ce qui s’offre à sa vue. Il se voit vivre, aussi. Au point que plus rien n’est ordinaire dans sa vie pourtant bien banale.
Un soir, à force de guetter, il aperçoit le reflet d’une fenêtre qui s’allume au-dessus de chez lui. Une femme ? Cette présence silencieuse va progressivement le hanter. Cela débouche sur un très long couloir qui le conduit au bout du monde – mais quel monde ? Car l’homme abandonne tout : santé, travail, amour, en captant la proie pour l’ombre.
Dans Deuxième chambre du monde, Jean-Philippe Domecq nous engage dans une expérience littéraire et métaphysique où jubilation d’écriture et redoutable humour s’associent pour une étrange et fondamentale interrogation sur la condition humaine.
L’auteur (site de l’éditeur) :
D’abord connu pour son Robespierre, derniers temps (1984), Jean-Philippe Domecq a été membre du comité de rédaction de la revue Esprit et rédacteur de Quai Voltaire, revue littéraire. Il a reçu le prix du Pen Club français pour Qui a peur de la littérature ? Mais il est avant tout romancier, auteur de deux cycles romanesques, « le Cycle des ruses de la vie », et « La Vis et le Sablier » dans lequel il explore un nouveau genre romanesque, la Métaphysique Fiction.
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Les chapitres commencent par (Un jour, comme ça ou (une nuit encre ou la même) pour fixer le récit dans un espace non daté, juste pour me tenir dans sa réalité.
Le narrateur est un homme lambda dont la vie est rythmée par le très célèbre métro-boulot-dodo avec, parfois une partie de jambes en l’air avec son amie. Il ne semble avoir aucune passion, il est transparent. Lorsqu’il est en compagnie, il s’évade au plafond et regarde ses congénères en direct du plafonnier, « Je vous aime beaucoup, d’ici » bref, il se désincarne. s'échappe « C’est une panique, la vie, voilà.»
Cet homme pas bavard parle dans sa tête, se parle ; un soliloque muet et je lis sa voix intérieure. Comme il dit « on est si bien, au bord du monde. » Il a des postures « philosophiques ».
Une vie bien monotone jusqu’au jour où il voit se reflétant sur le mur d’en face, une silhouette féminine se détachant de la lumière d’une lucarne… Il a une voisine. Depuis, il attend le soir, reste couché pour écouter le bruit furtif des pas de sa voisine. Il fait de sa propre chambre, la chambre d’écho de la sienne.
Le narrateur rentre de plus en plus en lui-même. Son imagination, sa fiction deviennent sa réalité. Il entre dans sa seconde chambre, celle de son esprit.
L’écriture n’est pas linéaire, il prend un mot, une phrase, il retourne dans un sens, dans un autre, laisse une phrase en suspens. Le texte est aussi décalé que son personnage
« Il y a ce qui se dit sous ce qui se dit, l y a ce qui se dit sous ce qui ne se dit pas, et ce qui ne se dit pas sous ce qui ne se dit pas alors là ! … La plongée ! »
Ce live est une plongée dans la chambre intime du personnage « Ici est le centre de la ville », centre de ses pensées, centre de sa vie.
La faim amène à la fin, que Jean-Philippe Domecq rassasie par ses mots, ses phrases, ses questionnements.
Un livre qui sort des sentiers battus. Une découverte originale, surprenante, que j’ai aimée.
Quand je vous dis que Serge Safran sait dénicher les talents.