Isabel Alba - Baby spot
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Baby spot
Isabel Alba
Traduction de l’espagnol par Michelle Ortuno
96 pages
Août 2016
ISBN : 9782917817520
4ème de couverture :
« Avec les films c’ est plus facile, parce que quand les images t’ envahissent et que t’ arrives pas à les effacer, tu peux te consoler en te disant que, comme dans les cauchemars, tout est faux, que rien de ce que tu vois dans ta tête n’ est vrai et que bientôt tout va disparaître pour toujours. Mais ce qui est arrivé au Zurdo, et aussi à Lucas, je sais que c’ est arrivé pour de vrai, voilà pourquoi ça ne sort jamais complètement de ma tête. C’est pour ça que je veux écrire, pour voir si j’arrive à faire sortir toute cette histoire et à la laisser pour toujours sur le papier. »
Tomás, un garçon de douze ans, vit dans une banlieue de Madrid. Un soir d’août, son ami Lucas est retrouvé pendu à une poutre, sur un chantier abandonné.
Tomás se met alors à écrire. Son récit prend l’apparence d’un roman noir.
« Je m’appelle Tomás, j’ai douze ans et je ne sais pas qui est mon père. Mais après tout, c’est banal dans la vie d’un gamin, et d’ailleurs je crois que ça n’intéresse personne, même pas moi, et puis j’en ai vraiment marre de toujours entendre la même histoire. »
L’auteur (site de l’éditeur) :
Isabel Alba est une écrivaine, scénariste, photographe. Ces quinze dernières années, elle a allié son activité littéraire et artistique avec l’enseignement dans le domaine de l’audiovisuel. La véritable histoire de Matías Bran est son deuxième roman. Ont été publiés aux éditions Montesinos Baby Spot (2003) et un livre sur la narration au cinéma, Derrière la caméra : le script pour le film (2011) qui a reçu le prix « María de Maeztu ».
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Tomás, vit dans une banlieue pourrie de Madrid, zone avec ses potes dans un immeuble en construction, abandonné suite à la faillite ou les malversations des promoteurs. Les familles sont disloquées, les femmes souvent battues, les hommes ivres, au chômage, les plus grands trafiquent avec le flic qui habite le quartier. Tout est pourri de ce côté-ci du périph.
Personne pour leur indiquer la route, les aider à discerner le bien du mal, à grandir du bon côté de la corde raide sur laquelle ils marchent. Seul Lucas a la chance d’avoir une mère qui l’élève, suit son travail scolaire, l’aime, bref une mère normale.
L’été, lorsque les autres vont au bord de la mer, les gamins restent là à s’ennuyer, à s’inventer des jeux. Tomás, Martin et, surtout le Zurdo que le gosse admire «Ce que je voulais, moi, c’était ressembler au Zurdo, un mec dur ». Oui, mais c’était avant, « avant qu'il se fasse embarquer… à cause de la nuit où il s’est fait coffrer et de ce qui est arrivé à Lucas ».
Lucas est leur souffre-douleur, pourtant, il les suit partout, en mal de copains, de leur « normalité ». C’est peut-être cela la cause de sa mort.
Tomás n’a plus les idées claires depuis que Lucas a été retrouvé pendu dans l’immeuble en construction. « J’ai pas les idées claires et c’est pour ça que maintenant j’ai vraiment envie de me mettre à écrire ; même si c’est ridicule et que ça sert peut-être à rien, mais autrement e ne vois pas comment je vais arriver à faire sortir tout ce que j’ai dans le crâne. Moi, je pense que sur le papier, si j’arrive à tout écrire sur des lignes bien droites, une chose après l’autre et sans faire de ratures, j’y verrai plus clair. »
Un jour, leur quotidien bascule. Lucas est retrouvé pendu. Le Zurdo, frère de Martin, est arrêté par le flic pourri, accusé d’avoir tué Lucas et de l’avoir pendu pour faire croire à un suicide. C’est pour cela que Tomas veut, doit parler, raconter ce qu’il a vu, ce qu’il vit, ce avec quoi il devra vivre. J’ai suivi, mot après mot, page après page, sa prise de conscience.
Il raconte, un long monologue, une logorrhée sans trop de style. Tout sort, sa vie d’avant avec sa petite sœur Diana (en hommage à la princesse tuée sous le pont de l’Alma) qu’il aime tant, sa mère, caissière dans un bureau de tabacs, dépressive, battue. Les filles, qui comme dit Germān « ce sont toutes des salopes et elles aiment ça autant que nous », la promiscuité. Il y a ce jeu débile où, sur le pont enjambant l’autoroute, ils visent les voitures comme au flipper, ou dans un jeu vidéo. A réalité « vraie » n’est plus la leur, les bzrrières de a civilité, de la civilisation basculent, l’esprit de gang prend le dessus.
Ce livre, Baby spot, une fois ouvert, je n’ai pu le lâcher, même après le point final. J’étais la, dans le noir, les yeux grands ouverts, choquée, KO debout. Les phrases chocs s’entrechoquent en moi. « Tout a commencé à être beaucoup plus fascinant que de provoquer des accidents sur le périph. » La cruauté et l’innocence jouent au ping-pong.
Superbe
J’ai eu le plaisir de lire ce livre dans le cadre su club des Explorateurs initié par Lecteurs.com. Je les remercie pour cette lecture coup de poing