Léonora MIano - Crépuscule du tourment

Crépuscule du tourment

Léonora Miano

Editions Grasset

Août 2016

288 Pages:

ISBN : 9782246854142

4ème de couverture :

De nos jours, quelque part en Afrique subsaharienne, au Cameroun peut-être, quatre femmes s’adressent successivement au même homme : sa mère, la femme à laquelle il a tourné le dos parce qu’il l’aimait trop et mal, celle qui partage sa vie parce qu’il n’en est pas épris, sa sœur enfin.
À celui qui ne les entend pas, toutes dévoilent leur vie intime, relatant parfois les mêmes épisodes d’un point de vue différent. Chacune fait entendre un phrasé particulier, une culture et une sensibilité propres. Elles ont en commun, néanmoins, une blessure secrète : une ascendance inavouable, un tourment identitaire reçu en héritage, une difficulté à habiter leur féminité… Les épiphanies de la sexualité côtoient, dans leurs récits, des propos sur la grande histoire qui, sans cesse, se glisse dans la petite.
D’une magnifique sensualité, ce roman choral, porté par une langue sculptée en orfèvre, restitue un monde d’autant plus mystérieux qu’il nous est étranger… et d’autant plus familier qu’il est universel. 

L’auteur (site de l’éditeur) :

Née en 1973 à Douala, au Cameroun, Léonora Miano a vécu en France à partir de 1991. Elle est l’auteur de sept romans, dont L’intérieur de la nuit (Plon, 2005), Contours du jour qui vient (Plon, 2006, Prix Goncourt des Lycéens), Les Aubes écarlates (2009), deux recueils de textes courts, un texte théâtral et La Saison de l’ombre (Grasset, 2013, Prix Femina).

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Après Catherine de Médicis, je retrouve, avec crépuscule du tourment, une mère incapable de démonstration d’amour maternel, celle que tout le monde appelle Madame.

Léonora Miano met en scène quatre femmes, quatre voix africaines. Ces mélopées sont adressées à un homme absent, fils, ex ou fiancé, frère des quatre femmes.

Madame. Oui, c’est ainsi que l’appelle son entourage, enfants inclus, débute le bal.

Il y a en elle une immense blessure héritée de ses ascendants, qui se dévoile petit à petit. « Je sais nommer l’épine qui, logée en moi depuis le plus jeune âge, est ma torture et ma boussole. Ma véritable identité. » Elle a épousé Amos, un noble désargenté mais à la lignée prestigieuse. Elle ne quittera jamais malgré les coups assenés même  devant ses enfants, Pour elle, on doit avoir une généalogie et c’est au fil de ma lecture que je découvre ce que ce terme de sans-généalogie signifie pour elle. Je comprends pourquoi elle n’a accepté aucune des deux femmes que Dio a connues dans le Nord (la France) et ramené à la maison. Elles sont descendantes d’esclaves, donc sans généalogie, leur grande tare.

Madame est une femme à qui on obéit mais que l’on n’écoute pas, une femme seule qui s’est caparaçonnée pour survivre aux coups de son mari, à ce qui la ronge, pour assurer l’avenir de ses deux enfants Dio et Tiki. « Je ne serai pas accusée de m’être dérobée ».

Amandla,  Dio l’a aimée et, pourtant, il l’a quittée. Ce n’est pas le grade de sans-généalogie donné par Madame, non, il y a autre chose qui vient du père. Leur relation amoureuse est toujours restée chaste, Il en est de même avec Ixora qu’il veut épouser parce qu’il ne l’aime pas.

Tiki, la sœur, ferme le bal. Elle  a vécu le drame de sa mère de l’intérieur. Elle s’est construite sur ces ruines,  toute seule et, comme son frère, a une vie et une sexualité compliquée.

« Ici, comme ailleurs, nous avons des codes. Une vision du monde. Une manière d’être. Et, pour nous, l’ascendance servile est une des pires choses qui soient. Lorsque par-dessus le marché, elle s’expose à travers gestes et attitudes… Cette femme ne sera pas tolérée, tu ne l’épouseras pas, nous ne célébrerons pas vos fiançailles. ». Elles vont se réinventer, se recréer sur le territoire africain. Amandla renoue avec les racines africaines d’avant la colonisation. Ixora rencontre l’amour en la personne d’une belle africaine.

Quatre monologues distincts qui  se répondent, s’imbriquent, se complètent.  Les femmes déroulent leurs peines, leurs douleurs, leurs vies.  La  féminité bâillonnée par la religion des coloniaux et la place de servante qu’elle lui a donnée,  l’amour saphique, complètement tabou avec, pour emblème, le quartier  « Vieux pays ». Le  retour  à un besoin de racines africaines et chamaniques, Les hommes faibles, versatiles, fainéants et, surtout, l’importance de la lignée. Ce que j’aime chez elles, c’est leur énergie qui leur permet de rebondir, de rester droites.

Entre sorcellerie, chamanisme, modernité, sensualité, Léonora Miano parle de ces femmes qui portent une blessure, un secret refoulé  de la colonisation et ses effets sur la population camerounaise, des hommes velléitaires, qui sèment à tout vent

Une lecture forte et émouvante

 

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L
Ce n'est pas mon roman préféré d'elle, mais c'est ce qui m'a permis d'entrer dans son œuvre. Depuis septembre, j'ai lu 5 romans d'elle et je suis absolument fan !! Il y a une telle cohérence, une telle complexité des sentiments et des idées, c'est une œuvre à la fois romanesque et politique, j'adore !!! C'est sans hésiter la plus belle découverte littéraire de cette année !
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Z
Je vais remonter, petit à petit, son oeuvre... Quelques 40 livres commandés à la bibliothèque départementale m'attendent à la bibli du village !!<br /> Une écriture qui me plait beaucoup
I
C'est un des titres de cette rentrée littéraire que j'ai l'intention de lire bientôt, une interview de l'auteur entendue à la radio m'avait donné très envie, et je vois que tu confirmes...
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Z
Un des bons, voire très bons livres de la rentrée
A
Une auteure que je n'ai pas encore lue et pourtant, j'ai très envie de la découvrir.
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Z
Ce fut une belle découverte pour moi
L
On me souffle dans l'oreillette que ma PAL vient de s'écrouler !
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Z
Mes étagères tiennent le coup. Par contre, une de mes bibliothèques, a besoin de voir un chriurgien. Verdict demain avec devis
A
J'avais beaucoup aimé son précédent roman, j'attends celui-ci avec impatience.
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Z
Ce fut mobn premier. Je vais remonter dans le temps de ses livres
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