Catherine Hermary-Vieille - D'or et de sang, la malédiction des Valois
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La malédiction des Valois
Catherine Hermary-Vieille
Editions Albin Michel
Octobre 2016
384 pages
ISBN : 9782226323897
4ème de couverture :
Ils ont été les derniers rois de la Renaissance. Violents, cruels, dégénérés, soumis à la férule de Catherine de Médicis, mère abusive, régente ambitieuse, qui tiendra jusqu’au bout un pouvoir que ses fils étaient incapables d’assumer. François II, Charles IX, Henri III, le duc d’Anjou… tous disparaitront dans la fleur de l’âge, assassinés, emportés par la maladie ou la folie.
Libre, rebelle, sensuelle, leur sœur Marguerite, « la perle des Valois », affiche une vie dissolue, collectionnant les amants. Elle acceptera pourtant de se plier à la raison d’Etat en épousant Henri de Navarre, le futur Henri IV.
Femme fatale, la reine Margot domine l’extraordinaire roman de Catherine Hermary-Vieille qui nous plonge dans les fastes et les horreurs d’une cour de France hantée par les espions, les empoisonneurs et les spadassins, gouvernée par des fauves sanguinaires qui s’entredéchireront jusqu’à la mort de leur dynastie.
L’auteur (site de l’éditeur)
Depuis Le Grand Vizir de la nuit (Prix Femina 1981), Catherine Hermary-Vieille alterne biographies et romans : La Marquise des ombres, L'Infidèle (Grand Prix RTL), Un amour fou (Prix des Maisons de la Presse), La Bourbonnaise, Les Années Trianon, Merveilleuses, Le siècle de Dieu, etc.
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François II est mort. Marie Stuart, sa veuve, retourne à Edimbourg dans l’espoir d’un nouveau mariage. Catherine de Médicis, devenue régente, espère encore et toujours trouver un terrain d’entente entre huguenots et catholiques alors que le colloque de Poissy a échoué. Commentaires du duc de Guise. « Nous avons beaucoup perdu, madame, insiste le duc de Guise. Ce colloque a offert un statut aux huguenots. Ils vont redresser la tête et leur orgueil n’aura plus de limites. Vous rendez-vous compte qu’ils représentent un danger mortel pour la monarchie, pour votre famille ? Ne faites pas l’erreur de vouloir boire à deux fontaines à la fois. »
Sous la plume de Catherine Hermary-Vieille, Catherine de Médicis brille par son intelligence quelque fois machiavélique. Elle tient à défendre l’intégrité du royaume et attend avec impatience l’arrivée, sur le trône, de son fils préféré, Henri III. « Grâce » à elle, ses fils s’entredéchirent, se haïssent. C’est elle qui tient le pouvoir, rien ne se fait sans son aval, ni sans l’avis de ses astrologues. Sous le règne de Charles IX, après l’attentat manqué contre l’amiral de Coligny, et afin d’éviter que les Guise ne prennent le pouvoir, elle pousse le roi à ordonner ce qui sera la nuit de la Saint Barthélémy «Le danger est imminent, insiste Catherine. Usez, mon fils, du glaive que Dieu vous a confié pour l’élimination des mécréants ».
Margot épouse Henri de Navarre, protestant. Drôle de cérémonie de mariage où Henri reste sur le parvis pendant que Margot entre à l’église seule. La belle et appétissante Margot a de multiples amants, ce n’est un secret pour personne. Elle aime comploter, mais sans le talent de sa mère pour ce faire. Les relations entre la mère et la fille sont glaciales. « Catherine ne parvient pas à cajoler sa fille, une effrontée, coquette, trop avide de preuves d’amour. Ses élans l’agacent. Elle n’aimait pas que le feu roi Henri la prenne sur ses genoux par la mignarder, l’appelant « ma petite femme. Diane et Margot, deux voleuses. » Tout est dit dans cet extrait. Chez Diane de Poitiers, LA rivale, Margot trouvait la tendresse.
Le Louvre ? Un château où personne ne se sent à l’aise, où les mains et naines des Valois espionnent tout le monde, où les murs ont des oreilles et des épées, un lieu sombre, froid, humide. Ainsi le Duc de Guise « ne se sent jamais à l’aise au Louvre. On a l’impression que des regards ennemis guettent sans cette une proie à abattre ». Cela devient pire avec l’accession au trône de Henri III et de ses Mignons « Margot retrouve l’atmosphère irrespirable de la cour…Henri et François s'affrontent en réalité par fidèles interposés. Il n’y plus de banquet, plus de bal où des insultes ne soient prononcées ou des défis inacceptables ne soient lancés en présence même du roi. »
En lisant, je visualise Catherine de Médicis, par monts et pas vaux et par n’importe quel temps, dans sa voiture allant parlementer, essayer, encore et encore, d’arranger les choses à sa sauce. « Catherine monte en voiture. Son obésité, ses rhumatismes, ses maux d’estomac sont d’incessantes incommodités, mais a-t-elle le choix ? »
D’or et de sang, la malédiction des Valois, baigne dans une atmosphère lourde, noire, faite de complots, d’assassinats, de vengeance, de guerre. Charles IX sur son lit de mort dit à sa nourrice : « Ah ma nourrice, chuchote Charles, ma mie, que de sang et que de meurtres ! Ah, que j’ai eu un méchant conseil ! » Avec la mort de Henri III, la sulfureuse dynastie des Valois s’éteint, les Bourbons arrivent au pouvoir avec Henri IV. Un livre où il est beaucoup question de différentes religions, de guerre de religions, un sujet très actuel.
Grâce à l’écriture classique et belle de Catherine Hermary-Vieille, j’ai lu cette fresque historique avec grand plaisir et des nuits écourtées