Colum McCann - Treize façons de voir
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Treize façons de voir
Colum Mc Cann
Editions Belfond
Traduction de Jean-Luc Piningre
mai 2016
210 pages
ISBN : 9782714470768
4ème de couverture :
out le talent, la poésie, l'émotion de Colum McCann déployés dans un court roman et quatre nouvelles reliés par la violence – quotidienne, guerrière, psychologique, politique ou sociale –, mais surtout par ces moments de grâce qui font qu'au bout du compte l'espoir reste.
Ces nouvelles étaient presque achevées à l'été 2014, quand j'ai été victime, le 27 juin, d'une agression à New Haven, dans le Connecticut. Certains de ces récits ont été composés avant cette mésaventure, et d'autres après.
Il me semble parfois que nous écrivons notre vie à l'avance et que, d'autres fois, nous sommes seulement capables de regarder derrière nous. Mais en fin de compte, chaque mot que nous écrivons est autobiographique, peut-être plus encore quand nous essayons d'éviter toute autobiographie.
Malgré tout ce qu'elle doit à l'imagination, la littérature prend des chemins inimaginables.
L’auteur (site de l’éditeur):
Colum McCann est né en 1965 à Dublin et vit aujourd'hui à New York.
Lauréat des prestigieux prix de littérature irlandaise Hennessy (1992) et Rooney (1994) pour ses nouvelles, il est l'auteur de deux recueils, La Rivière de l'exil et Ailleurs, en ce pays, et de six romans, Le Chant du coyote, Les Saisons de la nuit, Danseur, Zoli, Et que le vaste monde poursuive sa course folle – prix littéraire du Festival de cinéma américain de Deauville, élu Meilleur Livre de l'année par le magazine Lire et lauréat du prestigieux National Book Award – et Transatlantic, tous parus chez Belfond et repris chez 10/18.
Il est aussi le maître d'œuvre d'Être un homme (Belfond, 2014), qui rassemble soixante-quinze textes d'auteurs majeurs de la scène internationale pour son association, Narrative 4.
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Treize, c’est le nombre de chapitres de la première nouvelle, plutôt du court roman qui débute et donne son titre au livre.
Monsieur Mendelssohn vit sous le regard de sa gouvernante Sally, plonge dans ses souvenirs, sa femme tant aimée, jamais oubliée, son travail, sa position sociale… pour regarder le vieillard qu’il est devenu. Monsieur Mendelssohn est assassiné au sortir d’un restaurant où il a déjeuné avait déjeuner avec son fils. La police regarde les vidéos des caméras de surveillance aux alentours du meurtre, scrute chaque détail, questionne, cherche. Les caméras regardent et enregistrent la vie. « Les caméras sont plus nombreuses en ville que les oiseaux dans le ciel ». En très exactement 175 pages, Colum Mc Cann campe des personnages denses, Ici, il condense, écrit le mot exact sans plus de fioriture, une précision d’orfèvre qui donne beaucoup de densité aux personnages, surtout celui du vieillard et de sa gouvernante. La description de son fils, très courte est bluffante.
Je me pose une question : Pourquoi à chaque début de chapitre, il y a-t-il des vers où apparait, à chaque fois, un merle noir : «Je connais de nobles accents, Et des rythmes clairs, inévitables ; Je sais aussi, cependant, Que le merle noir a sa part Dans ce que je connais » ? Est-ce le regard extérieur, le lecteur qui regarde l’action se dérouler, L'oeil ?
Avec les autres nouvelles, l’auteur offrent d’autres regards sur la violence, le rapport parent-enfant.
Sh’khol décrit une relation mère-fils, le regard de Rebecca sur son fils adoptif handicapé. Tomas, un matin de Noël disparait après avoir reçu son cadeau, une tenue de plongée. Cette disparition pourrait être une métaphore sur le passage de l’enfance à l’adolescence, ce qui expliquerait la fin.
Dans une autre nouvelle, l’auteur met en scène son métier d’écrivain avec cette jeune femme dans son poste de garde en Afghanistan un soir de Noël.
Traité autre nouvelle très forte. Beverly nonne se trouve dans sa congrégation en Irlande lorsqu’elle voit et reconnait à la télévision, son violeur. Tout pourrait basculer. Beverly décide de partir à la rencontre de cet homme et la fin est superbe. C‘est pour moi, la meilleure des nouvelles.
L’auteur décrit la violence sociale ou autre à travers différents prismes, regards, façons de voir. Le regard est le pivot du livre. Les personnages sont bien campés, construits. Comme dans le texte éponyme, tout est dit en peu de mots, mais des mots choisis, ciselés, forts en émotion. .Ce n’est pas qu’un livre où l’on côtoie la tragédie, il y a autre chose de plus fort. Est-ce la vie ?
Merci Brigitte Semler de m’avoir permis cette très bonne lecture.