Christophe Carlier - L'assassin à la pomme verte
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L’assassin à la pomme verte
Christophe Carlier
Editions Serge Safran
Août 2012
ISBN : 9791090175051
4ème de couverture :
«J'éprouvais pour Elena une tendre reconnaissance. J'avais toujours voulu tuer quelqu'un. Pour y parvenir, il me manquait simplement de l'avoir rencontrée» songe Craig, fraîchement débarqué des États-Unis comme Elena d'Italie. Tous deux se trouvent pour une semaine au Paradise : un palace, vrai monde en soi, où l'on croise parfois au bar d'étranges clients. Par exemple cet homme de Parme, mari volage et volubile, découvert assassiné au lendemain de leur arrivée. Entre Craig et Elena naît un sentiment obsédant, fait d'agacement et d'attirance, sous l'oeil impitoyable de Sébastien, le réceptionniste, auquel rien n'échappe. Ou presque.
Dans cette envoûtante et spirituelle fiction à plusieurs voix, chacun prenant à son tour la parole, chacun observant l'autre, épiant son voisin, amour et meurtre tendent à se confondre. En émule d'Agatha Christie et de Marivaux, Christophe Carlier prouve avec maestria que l'accidentel, dans le shaker du grand hôtel, a partie liée avec l'imaginaire. Et qu'un assassin peut être aussi discret que l'homme à chapeau melon de Magritte, au visage dissimulé à jamais derrière une pomme verte.
L’auteur :
Christophe Carlier, né en 1960, a publié Lettres à l'Académie française (Arènes 2010) et divers autres essais dont plusieurs consacrés aux contes et aux mythes.
L'Assassin à la pomme verte est son premier roman.
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Soyez le bienvenu au Paradise. C’est ce que pourrait dire Sébastien, lui qui, de service de nuit, accueille les clients. Sébastien voit beaucoup de chose, étudie les attitudes de son regard expérimenté. « J'affecte à leur égard la sagesse bouddhique d'un tenancier de maison close. »
Il regarde la comédie humaine qui se joue devant ses yeux entre Craig, l’américain qui enseigne la littérature française aux USA, venu en France pour une série de conférences ; Elena, l’Italienne qui travaille pour une maison de couture italienne et un italien volubile, vantard, déjà peu ou prou pris de boisson. Des liens se nouent entre Craig et Elena qui prennent l’habitude de petit-déjeuner à la même table. Tout pourrait couler vers une douce romance comme dans tant d’hôtels, mais, l’italien volubile est découvert mort, le crâne fracassé dans sa suite. Tout laisse croire à un meurtre. «L'annonce d'un crime est toujours salutaire, puisqu'elle nous rappelle à nous-mêmes que nous sommes vivants.», déclaration de Craig.
Tout au long du livre alternent les récits de Craig, Elena et Sébastien. Chacun s’épie, se raconte. L’enquête n’est pas le plus important puisque l’assassin décrit son forfait très calmement. Les réflexions des trois personnages, loin d’alourdir le récit, donne un rythme alerte au livre. Cela tient de la pièce de théâtre.
Les réparties caustiques de Craig sont le sel de ce livre au style classique, enlevé. La fin inattendue clôt un livre que j’ai pris grand plaisir à lire. Un très bon premier roman.