Catherine Poulain - Le grand marin
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Le grand marin
Catherine Poulain
Editions de l’Olivier
février 2016
384 pages
ISBN : 9782823608632
4ème de couverture :
Une femme rêvait de partir.
De prendre le large.
Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait :
à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle.
Dormir à même le pont dans le froid glacial, supporter l’humidité permanente
et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures...
C’est une vie terrible.
Et puis il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade.
Traîne dans les bars.
En attendant de repartir.
C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Catherine Poulain commence à voyager très jeune. Elle a été, au gré de ses voyages, employée dans une conserverie de poissons en Islande et sur les chantiers navals aux U.S.A., travailleuse agricole au Canada, barmaid à Hong-Kong, et a pêché pendant dix ans en Alaska. Elle vit aujourd’hui entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc, où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole. Le Grand Marin est son premier roman.
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Lili part pêcher en Alaska. Arrivée à Kodiak, sans carte verte, elle s’embarque sur le Rebel, un nom qui lui va comme un gant. Elle va connaître l’ivresse des grands larges, le frisson de la peur, de la pêche, bref être un vrai marin. Avant d’en arriver là, il faut qu’elle dépasse le stade de bleu que lui font payer les autres marins. Ils lui enlèvent ses affaires de la couchette, elle dort sur le plancher de la timonerie. L’apprentissage est dur, Lili courageuse, obstinée, bosse, trime et fait la nique à ceux qui pensent qu’elle ne fait pas le poids. La vie n’est pas plus tendre sur terre. Les estaminets regorgent de marins en escale qui repeignent la ville en rouge. L’alcool, la drogue circulent et détruisent ces boules de muscles. Lili préfère être sur le bateau, se mesurer aux flétans de deux mètres, manger leurs cœurs encore tout chaud. Elle se blesse, pleure de rage, souffre à en gueuler, mais comme le roseau, ne rompt jamais. L’amour n’est guère plus aisé, un rêve inaccessible. SON grand marin et elle ne sont pas différents des autres, peur de l’enfermement, de la routine. L’amitié, la fraternité prennent une grande place dans ce livre et j’ai aimé le respect que les marins témoignent au Moineau. Elle fait partie de la famille.
Un livre tripal, coup de poing avec des phrases simples, sobres, rageuses, rythmées par les tâches à accomplir. Les descriptions y sont superbes et très visuelles. Un grand changement de tons entre l’exaltation de la vie sur le bateau et la tristesse de celle sur terre décrit l’état de vacuité, le désarroi du marin à terre. Un très bon premier roman brutal et sensuel.
Livre lu en qualité de membre du jury du prix des lecteurs 2016 l'Express BFMTV