Thierry Marignac - Cargo sobre
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Thierry Marignac
Editions Vagabonde
février 2016
ISBN : 9782919067176
4ème de couverture :
Partir… Et échapper, « le temps d’une rêverie atlantique, à mon sort de civilisé ». Tel est l’un des enjeux de ce journal de voyage rédigé au cours d’une traversée sur un porte-conteneurs d’une compagnie maritime de fret entre Fos-sur-Mer et Port Elizabeth. Une retraite intime émaillée des souvenirs de rencontres et éclaboussée par les chocs visuels provoqués par les éléments naturels… Mais aussi un moment privilégié dont le luxe fut avant tout pour l’auteur de « perdre volontairement du temps, de perdre le temps ».
L’auteur
Grand voyageur, esprit cosmopolite, traducteur de l’anglais et du russe, Thierry Marignac est né en 1956. Il a publié une quinzaines de livres, dont les romans Fuyards, A quai, Renegade Boxing Club et Morphine Monojet
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Ce titre, pour moi, est un oxymore. Souvent les histoires qui se passent sur un cargo sont émaillées d’ivresses, pas seulement celle du large.
Après des années d’errance et de destruction, Thierry Marignac entreprend la traversée de l’Atlantique sur un cargo « fer à repasser industriel aux dimensions d’immeuble de quatre étages » et relate ce voyage. Un cargo où, pour des raisons évidentes de sécurité, tout alcool est interdit. Un défi pour lui qui ne cache pas son attirance pour l’alcool « Il y avait plusieurs années que je n’avais pas passé une seule soirée sans boire, et trop, du reste, la plupart du temps. »
Thierry Marignac intellectualise beaucoup le voyage, pourtant il y a comme de la rage, derrière ses mots. Chaque moment, chaque paysage, l’état de la mer sont autant de moyens de se remémorer des auteurs lus, traduits, des films, ses propres écrits. Il s’égare dans ses souvenirs personnels et de lecture. Cela ne l’empêche pas, au détour d’une page, de brocarder le capitalisme à travers les marins philippins et les ingénieurs roumains, de parler de Notre Dame des Landes. Son bateau, il ne l’appelle plus que « cargo sobre » ; La terre, donc, la griserie, lui manque, le thème revient en boucle. Oui, il a le temps du voyage pour penser, il prend le temps de se souvenir, faire le point. « Je concevais donc ce voyage comme une étape utile vers un apaisement salutaire »
« Il se peut que je m’aveugle et que je vogue vers l’échec, à bord du cargo sobre. Mais j’aurais tenté quelque chose d’autre que la traduction au kilomètre pour payer mes factures. J’aurais échappé, bercé le temps d’une rêverie atlantique, à mon sort civilisé. » J’espère que vous avez trouvé cet apaisement.
Un livre à l’écriture exigeante, saccadée, comme l’état de la mer, avec de belles envolées poétiques (très belle description de la toundra russe). Un livre que je n’ai pu lire qu’au calme pour bien m’imprégner des mots de Thierry Marignac. Il y a l’ivresse des mots dans ce cargo sobre.
Une découverte très intéressante dans le cadre de la Voie des Indés orchestrée par Libfly et la participation des Editions Vagabondes dont j’aime la couverture et la pagination de ce livre, sobres comme le cargo.