Sylvie Germain - A la table des hommes
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A la table des hommes
Sylvie Germain
Editions Albin Michel
janvier 2016
272 pages
ISBN : 9782226322739
4ème de couverture :
Son obscure naissance au cœur d'une forêt en pleine guerre civile a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S'il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle du langage, il garde toujours en lui un lien intime et pénétrant avec la nature et l'espèce animale, dont une corneille qui l'accompagne depuis l'origine.
À la table des hommes tient autant du fabuleux que du réalisme le plus contemporain. Comme Magnus, c'est un roman hanté par la violence prédatrice des hommes, et illuminé par la présence bienveillante d'un être qui échappe à toute assignation, et de ce fait à toute soumission.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Depuis presque trente ans, Sylvie Germain construit une œuvre singulière, imposante et cohérente. Couronnée de nombreux prix littéraires : Prix Femina en 1989 pour Jours de colère, Grand Prix Jean Giono en 1998 pour Tobie des Marais, Prix Goncourt des lycéens en 2005 pour Magnus, Prix Jean Monnet de littérature européenne en 2012 et Grand Prix SGDL de littérature 2012 pour l'ensemble de son œuvre, elle a publié aux éditions Albin Michel quatre romans : Magnus (2005), L'inaperçu (2008), Hors champ (2009), Petites scènes capitales (2013), un hommage à ses parents, Le monde sans vous (2011) et un retour sur son parcours d'écriture : Rendez-vous nomades (2012). Elle vit et travaille à Angoulême.
En 2013, elle a été élue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique au fauteuil de Dominique Rolin.
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Ce conte philosophique explore le Mythe de l’enfant sauvage, du passage du savoir, du rapport de l’homme à l’animalité et l’inverse. Qui est Babel, cet enfant nu sortant de la forêt toujours suivi d’une corneille, celui à qui la forme humaine fut transmise ? Un ennemi, un de l’autre camp ? Car le pays est en guerre, une guerre sale, fratricide, sans limite. Une femme, Ghirzal, l’accepte, l’apprivoise. Passé cette première étape, Yelmat, Rufus, Octave, Lucius, Zelda... lui transmettent le, leur, savoir. A la mort de Didou, sa corneille, sa mémoire, son alter ego, il tombe en syncope. Des sensations, des images, des bribes de son passé lui reviennent qui l’emplissent, le nourrissent pour vivre et manger à la table des hommes.
Afin de devenir complètement humain, Babel sait qu’il doit dépasser le stade flair-sensation pour le langage parlé, l’écriture. Ses mentors lui ouvrent les portes, sans pour autant sacrifier son besoin de nature, ni sa communication avec les animaux.
Beaucoup de références bibliques dans ce conte philosophique qui devient pamphlet lorsque Sylvie Germain parle des dignitaires religieux, de la vache folle ou de la liberté. Babel se fout de connaître ses origines, n’a pas besoin du soutien d’une quelconque religion. A l’instar des héros de Jean-Jacques Rousseau, la nature, les animaux comblent sa spiritualité.
Babel l’enfant sauvage apprendra la vie, saura rester pur, grâce à ses passeurs de savoir, malgré les horreurs dont il est témoin ou victime pour devenir Abel. Une histoire à la limite du fantastique, fantastiquement ciselée, précise.
Livre lu en qualité de membre du jury du prix des lecteurs 2016 l'Express BFMTV