Nell Leyshon - La couleur du lait
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La couleur du lait
Nell Leyshon
Traduction de l’anglais de Karin Lalechère
Août 2014
176 pages
ISBN : 9782752909824
4ème de couverture :
En cette année 1831, Mary, une jeune fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible, en bref, une banale vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.
Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée chez le pasteur Graham, pour servir et tenir compagnie à son épouse, une femme fragile et pleine de douceur. Avec elle, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l’écriture… mais aussi obéissance, avilissement et humiliation. Finalement l’apprentissage prodigué ne lui servira qu’à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.
L’auteur (site de l’éditeur):
Nell Leyshon est née à Glastonbury, dans le comté du Dorset au Royaume-Uni. Après des études de littérature anglaise à l’université de Southampton, elle s’est fait connaître par ses pièces de théâtre enregistrées pour la BBC. Son premier roman, paru en 2004, Black Dirt figurait sur la liste de l’Orange Prize. Devotion et The Voice ont remporté un franc succès. Publié en 2012, La Couleur du lait est la première œuvre de Nell Leyshon à être traduite en français.
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XIXème siècle, campagne anglaise. Une famille de paysans, un père brutal avec ses filles, il n’a pas de garçon, une mère abrutie par le boulot, la misère, le mari. Trimer du matin au soir pour si peu, telle est la vie quotidienne de cette famille. Mary, qui a une « patte folle » sera placée chez le pasteur Graham pour s’occuper de l’épouse très malade. Elle n’y va pas de bon cœur, alors que ses sœurs aimeraient être à sa place. Non, elle voudrait rester avec son grand-père, sa vache préférée. Par chance, son franc parler plaira à ses maîtres (quel mot !). Ce n’est pas de l’esclavage, mais ça y ressemble beaucoup, elle ne peut pas partir. Mary ne touchera aucun émolument pour son dur labeur ; son père perçoit la somme, ils se sont arrangés entre hommes. Au début, tout va bien, puis à la mort de l’épouse, son sort va basculer. Non, elle ne sera pas renvoyée, il aurait peut-être mieux valu.
Son rêve secret ? savoir lire et écrire et cela lui coûtera très, très cher. Le pasteur, dans sa "grande mansuétude" s'attèle à cette tâche. Petit à petit, il se permet quelques libertés avec Mary jusqu’à la retrouver dans sa mansarde gelée et la déflorer. Et oui, même le pasteur qui, bien sûr, fait son mea culpa avant de forniquer, use de son droit de cuissage. Un soir, Mary ne veut plus subir, alors elle essaie de se dérober et, là, le pasteur la viole brutalement. Bien entendu, c’est la faute de la servante qui, on ne sait pourquoi, ne veut plus !
Là tout bascule et Mary se retrouve en prison. Sa seule exigence, de quoi écrire.
Mary raconte son histoire, avec ses mots, son parler. A chaque début de chapitre, elle martèle : « ceci est mon livre et je l’écris de ma propre main » Un texte sans fioriture, sans compassion, sans majuscule, les faits, rien que les faits. 4 grands chapitres correspondant aux 4 saisons. C’est ainsi que Mary déroule son année. Quand on ne sait ni lire, ni écrire, les points de repères sont différents et liés au cycle de vie, des moissons, des semailles... La campagne du Dorset fait partie intégrante de ce livre.
Une peinture de l’Angleterre du XIXème siècle où la gente ancillaire ne doit avoir ni orgueil ni espoir d’une vie meilleure et paie très cher cette obstination. Beaucoup de noirceur dans ce livre. Pourtant, il en émane une certaine poésie.
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