Jeanne Benameur - Otages intimes
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Otages intimes
Jeanne Benameur
août, 2015
208 pages
ISBN 9782330053116
4ème de couverture :
Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à réapprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril.
De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde.
Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'Italien, l'ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, "la petite qui vient de loin", devenue avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de mettre en mots ce qu’elles ont vécu.
Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ?
De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.
L’auteur (site de l’éditeur) :
Jeanne Benameur a déjà publié aux éditions Actes Sud : Laver les ombres (2008 ; Babel n° 1021), Les Reliques (Babel n° 1049), Ca t'apprendra à vivre (Babel n° 1104), Les Insurrections singulières (2013 ; Babel n° 1152) et Profanes (2013 ; Babel n° 1249).
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Etienne, photographe de guerre est bloqué devant un tableau familial qui le touche au point d’oublier de fuir et sauver sa peau, de se retrouver otage. « Le visage de la femme qui l’avait fait s’arrêter en plein milieu du trottoir, au lieu de courir vite se mettre à l’abri comme les autres », il l’a chassé de sa mémoire pendant le temps de son enfermement, surtout ne pas y penser, survivre jour après jour ou, plutôt, repas après repas. Otage, enfermé dans quelques mètres carrés, sans visibilité, sans autre attente que le repas. Il est transformé en marchandise. Libéré, il retourne dans son village, chez lui, dans la maison de son enfance. Otage il a été, otage il reste. Pendant son enfermement, « il s’était tenu loin de lui-même », maintenant, il faut briser le mur. Etienne fut un otage physique, « commercial » puisque considéré comme une marchandise par ses ravisseurs
De qui ou de quoi sommes-nous otages ? C’est la question que pose ce livre. D’ailleurs Emma le dit ce mot terrible lors de sa rupture avec Etienne « A chaque fois que tu pars, jusqu’à ton retour, je t’attends…. Je me sens prise en otage, moi, ici ! ». Cette sensation de ne plus s’appartenir, de dépendance, de dépossession de sa vie. Etienne a connu cela dans sa chair, dans son âme.
Irène, la mère d’Etienne, la veuve qui a attendu son mari que la mer a englouti n’a t-elle pas été otage, je préfère le mot captive, de ces arrivées ponctuées de trop de départs ? seule dans le village de montagne
Le retour au village de l’enfance, dans sa maison, auprès de sa mère est pour lui, une nécessité vitale. Il a besoin de se cogner à son enfance, à sa mère, aux deux autres comparses que sont Jofranka et Enzo, les amis, mais, aussi, besoin de leurs corps pour s’en servir comme étais pour mieux se reconstruire, pour mieux sauter dans l’avenir. Le paysage joue un très grand rôle dans ce livre, il est une des balises de leur enfance.
Jean Benameur nous offre un livre où tout semble avoir été travaillé pour employer le bon mot au bon endroit, rien à jeter. L’écriture presque visuelle est d’une grande puissance. Oui, elle utilise la puissance des mots pour parler. Elle ne joue pas dans la grandiloquence, le paysage, les personnages ne s’y prêtent pas. Son écriture très travaillée, très fine, très intériorisée donne beaucoup de force à ce livre. Un très bon Benameur.
Benameur, Jeanne, j’aime votre univers
Explore le mot otage dans tous ses recoins, sous tous ses angles
Notes de musique. La musique qu’ils jouaient avec Jofranka et Enzo. Lui au piano, Jofranka à la flûte et Enzo au piano, guidés par la mère d’Etienne.
Aimerez-vous aussi ce livre autant que moi ?
Merci à Price Minister qui, dans le cadre des Matches de la rentrée m’a permis de lire ce très beau livre
Ecriture fine, ciselée avec ce soin, ce besoin de trouver la phrase, le mot juste
Un retour vers le cocon de l’enfance, retour aux sources pour mieux se ressourcer, s’appuyer pour essayer de se reconstruire, d’avancer avec une assise reposée sur les bases de l’amitié
Recommandé par le gouvernement qui régit mon cerveau
Je remercie Price Minister et son opération Matchs de la rentrée qui m'ont permis ce coup de coeur. Je n'aurais garde d'oublier les Editions Actes Sud source de belles lectures.