Sergueï Chargounov - Livre sans photographies

 

Livre sans photographies

Sergueï Chargounov

Editions de la Différence

Collection : Littérature étrangère

Traduit du russe par Julia Chardavoine

Illustré par Vadim Korniloff

septembre 2015

304 pages

ISBN : 978-2-7291-2184-6 304

 

4ème de couverture :

Une imprimerie clandestine en URSS. Les restes de la famille du tsar cachés dans un appartement. Des popes qui acceptent de collaborer avec le Parti. La folie destructrice de la fin de l’époque communiste. La manifestation tragique de l’automne 93 à Moscou. L’ivresse en Ossétie du Sud le jour de la victoire contre la Géorgie. La révolution kirghize…Au gré de ses souvenirs et sur le ton de la confidence, Sergueï Chargounov évoque l’histoire récente et mouvementée de la Russie et des anciennes républiques de l’Union soviétique sans jamais citer de noms ni porter d’accusation. Né en 1980, ce fils de pope, devenu écrivain et journaliste, s’est lancé en politique il y a une dizaine d'années à la tête d’un mouvement de jeunes révoltés. Brisé par les répressions du gouvernement de Poutine alors qu’il briguait, à 27 ans, un poste de député, c’est sur les routes de son pays, du Caucase et d’Asie centrale, qu’il est parti en quête du sens de sa vie, inextricablement liée au sort de sa patrie… Sergueï Chargounov dépeint, dans une prose fluide et imagée, une Russie méconnue de l’Occident et fait entendre la voix de son peuple, oublié dans des provinces reculées, abîmé par les dérives capitalistes et nostalgique à sa manière de l’époque soviétique.

L'auteur :

Nominé au National Bestseller Prize et au Big Book Award en Angleterre, ce récit puissant est le premier ouvrage de l’auteur traduit en français.

Actualités

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Sergueï Chargounov m’a ouvert son album de souvenirs et je m’y suis plongée avec délectation. Chaque chapitre est un flash, une parcelle de sa vie.

Ce qui m’a le plus marqué chez ce fils de pope anti-communiste c’est que je n’y ai trouvé aucune révolte, même lorsque Poutine brise sa carrière politique. L’écriture reste toujours fluide, agréable lire, celle d’un conteur.

Sergueï enfant n’est jamais entré chez « les enfants d’octobre » « Je suis resté en mauvais termes avec l’Union Soviétique pendant toute mon enfance. J’ai été le premier dans toute l’histoire de mon école à ne pas entrer chez les enfants d’Octobre. Je n’ai jamais été pionner non plus. » Ce qui rend encore plus irrationnelle sa nostalgie de « la patrie de son enfance ». Est-ce par nostalgie de son enfance ? Toute son enfance baigne dans cette dualité. Attiré par tout ce qui était soviétique, il adorait la clandestinité des antisoviétiques qui passaient chez lui, la littérature passée sous le manteau…

Jeune adulte, il créé son mouvement politique au « nom de la liberté et d’une vie meilleure » « Hourra ! », son oncle lui a dit de l’appeler ainsi, comme le titre d’un de ses livres. Il connait son heure de gloire, puis est descendu par ce cher Poutine qui prend ombrage de sa popularité et de ses idées.

A vouloir trop jouer franc-jeu, on se fait descendre. La chute est rude, il perd beaucoup de ses « amis ». « On m’avait détruit. On ne m’acceptait nulle part comme journaliste. Mes amis d’hier en politique m’évitaient comme un lépreux. Mes amis d’hier en littérature se réjouissaient de mon malheur. Seuls mes parents n’avaient pas changé. »

En créant son mouvement, Sergueï voulait faire non pas faire une révolution, mais faire évoluer son pays vers plus de justice, vers un meilleur développement.

Persona non grata à la télévision sur les ondes de radio, il obtient un petit reportage sur la Tchétchénie ; ironie du sort, la carte-mémoire lui est confisquée et donc plus de reportage.

Parcourant le pays, il découvre une autre vie beaucoup plus rustre, plus rude, plus dure. Je n’ai pu empêcher un haut-le-cœur en lisant ce qui suit « Le petit s’est approché son père l’a entouré de son énorme bras, a écrasé sa tête duveteuse contre son genou puissant et enfoncé la bouteille dans la petite bouche. » Il s’agissait de vodka et le gamin avait 2 ans !

De son voyage en province, il ramène un sentiment de démission, de nostalgie de l’URSS d’avant où les gens n’étaient pas abandonnés. L’impression, qu’actuellement, les russes éloignés de la capitale ne peuvent compter que sur eux-mêmes, se sentent et semblent être totalement abandonnés par le pouvoir. C’est quelque chose que j’avais ressenti en lisant Assan de Vladimir Makanine ou Un homme de peu d’Elisabeth Alexandrova-Zorina.

Sergueï Chargounov ne polémique pas, il raconte la Russie d’aujourd’hui. Je le sens imprégné de et par son pays. Son écriture est imagée, fluide, forte, sans apprêt ni concession. A l’inverse, les dessins de Vadim Korniloff, me paraissent saccadées montrent le chaos et me mettent mal à l’aise. Toutes ces mains qui enserrent, cachent, se prennent la tête, ces yeux fixes, ces regards sans vie expriment ce qui se cache derrière les phrases.

J’ai aimé cette lecture d’une Russie que l’on entr’aperçoit dans quelques reportages. L’impression d’un bateau à la dérive, d’un bateau ivre où la politique capitaliste menée par d’anciens oligarques fait beaucoup de victimes parmi les petites gens.

 

Un livre sans photographies mais très imagé. Un livre à lire. Une maison d'éditions qui nous ouvre les portes de la bonne littérature russe contemporaine. Déjà lu, en grandement apprécié, Les enragés de la jeune littérature russe de Monique Slodzian

C’était au nom « de la liberté et d’une vie meilleure » que je m’insurgeais. Les insurrections m’ont toujours fait penser à des bourrasques. A du vent. Parce que le vent est toujours plus puissant quand on court

Ce n’est pas parce qu’en passant, le temps nous prend en photo qu’on doit rester immobile. Au contraire, plus on court avec fougue, plus on est arrosés de flashs.

J’ai soufflé sur les traces de neige qui recouvraient le métal et j’ai regardé mon reflet trouble : la tâche du visage, les cheveux éboufiffés. C’était comme si je m’imprimais sur cette feuille en acier. La photographie de la solitude. Le visage et la pelle. Je creuserai la neige avec mon propre visage. Et le jour où je ne travaillerai plus ici, le nouveau balayeur enfoncera lui aussi la pelle dans la neige avec mon visage.

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J
Merci Zazy. Je vais me précipiter sur le livre de Chargounov, dont j'avais déja entendu parler, mais que je n'avais pas pu lire en russe (trop dur pour moi).<br /> Je te signale dans le même genre, la sortie du dernier livre d'Edouard Limonov, "Le Vieux" qui parle justement de l'action politique dans la Russie de Poutine.<br /> Tu peux aller voir sur mon site TOUT SUR LIMONOV. Il y a un large extrait du livres, avec pas mal de photos.<br /> Et aussi un portrait très brillant de Limonov écrit par Serguei Chargounov : Limonov, qui est pour lui la référence absolue, comme pour la plupart des jeunes écrivains russes d'aujourd'hui (à commencer par Prilepine) :<br /> http://www.tout-sur-limonov.fr/412678069
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Z
Lire qui en faisait
Z
Merci José-Dominique. Je n'avais pas du tout aimé le livre de Carrière qui en faisais un homme pas aimable. Je vais sur ton site
Y
Bientôt pour moi.... Le Zakhar Prilepine ets sans doute plus violent...
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Z
Je suis allée sur ton site ce matin. En ce moment je fonctionne en pointillé pour des raisons de mauvaises connections avec Wi-Max
J
D'accord avec toi, Zazy. Il y a d'ailleurs sur la première page de mon site, TOUT SUR LIMONOV, pas mal d'infos (plus ou moins inédites) sur le livre de Carrère, qui s'est (beaucoup beaucoup) inspiré des livres d'Edouard Limonov pour écrire le sien :<br /> http://www.tout-sur-limonov.fr/
Z
Oui, beaucoup plus, c'est pourquoi j'ai préféré les lire dans cet ordre. Peut-être y trouveras-tu autre chose ayant débuté par Prilepine
A
Une autre vision de la Russie d'aujourd'hui de l'intérieur.
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A
Un titre que je retiens ; je connais très peu la littérature russe contemporaine et ça permet de sortir des infos figées des médias.
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Z
J'ai lu récemment le dernier livre traduit de Jack Hugo-Bader qui offre également une vision de la Russie hors des sentiers battus. Celui-ci, écrit pas un auteur Russe (Hugo-Bader est polonais) me parait également prometteur. Je le note dans un coin...
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Z
Une façon agréable de connaître la Russie
Z
Je ne connais pas cet auteur et le le note.
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