Grégoire Courtois - Révolution
-
Révolution
Grégoire Courtois
Série QR
août 2011
174 pages
ISBN 9782923400822
4ème de couverture :
Je ne vais pas mentir. En écrivant cette épopée loufoque, j’avais décidé de me moquer. Je voulais rire en posant un regard sarcastique sur ce groupe d’individus que nous connaissons tous, cette jeune bourgeoisie contemporaine, branchée et bavarde, qui ne trouve pas incongru de dénoncer l’oppression capitaliste tout en courant les boutiques, à la recherche du dernier vêtement à la mode. Or, tout en faisant agir et parler ces révolutionnaires du dimanche, l’énergique Jean-Christian et ses acolytes, je me suis aperçu qu’il m’était impossible d’en faire de parfaits idiots. Avec appréhension, je prenais même conscience que les questions qu’ils se posaient, et les actions qu’ils entreprenaient, censément stupides, écrites pour l’être, rejoignaient étrangement mes propres interrogations. Je réalisais avec horreur que le vrai réactionnaire, c’était moi, l’auteur, balayant d’une bonne blague la colère de mes personnages. Alors je me suis mis à les aimer, mes révolutionnaires. Parce que, malgré leur mode de vie, eux s’élevaient. Ils refusaient l’inertie et se lançaient tête baissée, avec ridicule mais une profonde sincérité, dans la grande aventure insurrectionnelle. Parce qu’au fond, je me disais, si eux ne le font pas, qui le fera? Moi? Vous? — G. C.
===========
Un seul mot : J U B I L A T O I R E !
Un groupuscule BCBG a décidé de faire la Révolution. Oui, vous m’avez bien lue, non pas leur révolution, mais LA révolution. Pour mettre tout en place, rien de tel qu’une petite réunion entre amis dans l’appartement de Jean-Christian… Mais faut pas déc., on y boit du bordeaux 1er cru et on est sapé marques, voire couture. Oui, ils voulaient ourdir un complot visant à un changement radical de la société, ils ont bien aidé au Restos du Cœur. Le lendemain, le réveil fut des plus chaotiques dans un amas de bouteilles vides, vêtements, corps nus ou vêtus, le tout badigeonné de leurs abus. Les ci-devants BCBG ne se souviennent de rien, nada… Mais ils suivront tous un chemin, suite à un petit texte laissé sur un coin de nappe en papier retrouvé sous les reliefs festifs. Faut dire qu’ils ont retrouvé le tube de GHB appartenant à Françoise vide « Son psy lui a conseillé d’en gober avant les soirées, car ça lui permettrait d’aiguiser son appétit sexuel, et même si elle ne se souvenait de rien, son inconscient s’en souviendrait, lui » Ah bon, ça fonctionne ainsi un psy de bobos !
En commençant le livre, je n’ai pu m’empêcher de rire, de me gausser de ces bobos juvéniles comme l’on parle d’un héron juvénile, pas encore tout-à-fait apte à la reproduction. Pourtant, eux sont aptes à se reproduire, mais leur inconscience de fils et filles à papa est crasse.
Les mots que Grégoire Courtois leur prête sont extraordinaires, de vrais leitmotivs pour défilés militants !!
J’ai lu ce livre sur la plage et à chaque rire, je devais lire l’extrait à mes amis… J’ai lu beaucoup d’extraits !
Grégoire Courtois, de son écriture brillante, drôle, incisive, ironique, nous fait presque aimer ces « révolutionnaires ». J’ai compris pourquoi en lisant la 4ème de couverture. Ils y croyaient, étaient assez sincères pour aller loin. "D’ailleurs nous avons cet avantage sur le prolétariat que nous ne sommes pas aliénés par le travail et pouvons donc consacrer tout notre temps à la révolution". Cher voisin bourguignon, vous décrivez fort bien nos travers par le prisme de la dérision et cela me plait beaucoup.
Merci Catherine de me l’avoir prêté. Je vais l’acheter pour l’avoir sur mes étagères, faut pas déc. !
Une heure plus tard, à la terrasse du Kelmann, pas loin du métro Hôtel de Ville, le cœur était à la révolte, les idées à la rébellion et les diabolos à la fraise.
- Nous n’aurions pas dû nous bourrer la gueule, murmura Jean-Christian, comme pour lui-même. Même Lénine avait fin par virer sa maîtresse car cette occupation l’écartait de la révolution. Et il n’écoutait plus Beethoven…
- Beethoven était antirévolutionnaire ? demanda Géraldine
- Tout ce qui n’est pas la révolution écarte de la révolution, confirma Jean-Christian. D’ailleurs, je vais changer ma sonnerie de portable.
- C’est la lutte des classes, plaisanta Bernard. La classe économique contre la première classe ! Vous êtes marrants, vous, les jeunes.
- Et pourquoi, demanda Alexis. Vous étiez où en mai 68, vous, monsieur, si je puis me permettre ?
- Je faisais la lutte des classes aussi, répondit-il. Comme on n’avait pas école, on a organisé un grand tournoi de foot avec toutes les classes du collète. On a perdu en finale. C’était la lutte finale !
D’ailleurs nous avons cet avantage sur le prolétariat que nous ne sommes pas aliénés par le travail et pouvons donc consacrer tout notre temps à la révolution.