Maylis de Kerangal, Benoît Grimbert - Pierre feuille ciseaux
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Pierre feuille ciseaux
Récit de Maylis de Kerangal
Photos de Benoît Grimbert
88 pages
ISBN : 9782916073767
4ème de couverture :
« Les jeunes du Clos appellent “Champ” cette réserve d’espace non affectée, indécise, entre Stains et Saint-Denis. Pour eux, il s’agit d’un monde en suspens, sorte d’alvéole acquise à l’imprévisibilité et au biologique : ils y sont mal à l’aise, ils n’y entrent pas comme ça, il leur faut une raison supérieure, un cas de force majeure, quelque chose à planquer ou un assaut du désir à vivre au revers d’un buisson, couchés dans l’herbe drue, toi Jane moi Tarzan. »
Pierre, feuille, ciseaux mais aussi îlot, parcelle, lisière… De mot en mot, au gré d’analogies et de fictions embryonnaires, apparaît un territoire composite fait de mystérieuses friches et de zones maraîchères, vestiges agricoles d’un autre temps. On y croise une vieille dame ex-chef de bande de la Cité-Jardin, une fillette qui conserve ses trésors dans une boîte à chaussures, on y trouve des centaines de téléphones portables qui recèlent des milliers de textos, une perle noire soigneusement enfouie au fond d’une commode, un cahier de couture et d’amples chorégraphies pour rejouer son existence aux yeux du monde.
Fidèle à son écriture puissante et aux thèmes qui la mobilisent, Maylis de Kerangal s’appuie sur les photographies de Benoît Grimbert pour construire un récit en forme de jeu de piste.
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3 récits, 3 personnages, 3 zones.
2 univers séparés par une friche. Le premier, village ouvrier du début du siècle avec ses pavions en meulières, transmis, pour notre héroïne, aux générations futures. L’autre, le Clos Saint Lazare, barres d’immeubles avec sa violence, ses jeunes désœuvrés, sa délinquance, ses propres règles. Au milieu, la friche. Sorte de no man s’land qui abrite des jardins ouvriers et « la frontière » l’immeuble en construction qui abritera les archives nationales. Ah oui, tout cela compose Stains, commune du 9-3.
« La jeune fille de la Cité-Jardin » devenue une femme aux cheveux gris se souvient de sa jeunesse dans ce quartier enchanteur pour elle « cité modèle créée pour loger les populations ouvrières employées dans les usines de Saint-Denis, de la Courneuve ou du Bourget, une cité conçue pour donner forme à l’expansion urbaine de la banlieue parisienne : ici, une forme de toile d’araignée, une forme d’étoile ». Pas de tours, pas de barres d’immeuble à cette époque « Autour de la Cité-Jardin, tout autour, c’est vert. ». « Désormais, la jeune fille de la Cité-Jardin qui a tant aimé le rire et la déconne en bande a peur de la jeunesse. » Petit moment de bonheur lorsqu’une ado du Clos Saint-Lazare lui a proposé la moitié de son sandwich.
Puis, J’ai rencontré « Le garçon du Clos Saint-Lazare » découvre le paradis à 4 ans lorsque la famille déménage dans l’aile du papillon, au 4ème étage. Ce sentiment de liberté et d’euphorie le quittera. Petit à petit, au fil des constructions, le Clos Saint-Lazare devient le « Clos » tout court et ce « nom donne un tour d’écrou à l’ensemble, il isole et retranche. » La liberté, le sursaut arrive grâce à une jeune fille de la Cité-Jardin qui lui fera traverser la friche. Quant à « L’enfant de a prêtresse », un petit bijou cette petite fille qui dans le noir, lorsque tout le monde dort, sort sa boîte à trésors emplis de souvenirs qu’elle garde précieusement.
J’ai aimé ce petit livre où les photos de Benoît Grimbert et le texte de Maylis de Kerangal s’emboitent à merveille pour nous proposer une autre vision du Clos Saint Lazare.
Un récit très court qui marque un attachement à un lieu où les 3 personnages nous servent de guide pour cette promenade insolite
Je remercie qui, grâce à l’opération La voie des indés m’a permis de découvrir cette nouvelle (pour moi) maison d'édition Le bec en l’air. Ce livre est imprimé sur papier d’une très belle qualité, doux au toucher qui donne encore plus de vie aux photos.