Gaëlle Josse - Le dernier gardien d'Ellis Island
-
Le dernier gardien d’Ellis Island
Gaëlle Josse
Editions Notabilia
Septembre 2014
176 pages
ISBN : 9782882503497
4ème de couverture
New York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d’immigration d’Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, reste seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l’épouse aimée, et Nella, l’immigrante sarde porteuse d’un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l’expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d’évènements tragiques. Même s’il sait que l’homme n’est pas maître de son destin, il tente d’en saisir le sens jusqu’au vertige.
À travers ce récit résonne une histoire d’exil, de transgression, de passion amoureuse, et de complexité d’un homme face à ses choix les plus terribles.
Gaëlle Josse a reçu le prix 2015 de littérature de l’Union européenne pour « Le dernier gardien d’Ellis Island ».
=============
Ellis Island ; île tremplin pour une nouvelle vie, aube pleine de promesse pour beaucoup ou arrêt et retour à la case départ pour quelques uns.
John Mitchell en est le dernier, l’ultime gardien puisque le centre d’accueil pour migrants est maintenant fermé. Pour ne pas oublier, John Mitchell note tout sous la forme d’un journal. Sa vie, ses amours, ses joies, ses peines, sont intiment liées à ce centre.
Tous ces migrants débarquent de la cale après des jours ou des semaines de voyage dans la promiscuité, la misère, la puanteur, les petites bestioles et les maladies. C’est le typhus qui emportera Liz, son épouse tant aimée, infirmière dans le centre.
De tout ceci John se souvient, comme il n’oubliera pas Nella, l’immigrante sarde dont il tomba amoureux.
Gabrielle Josse, de son écriture précise, d’une grande maîtrise, raconte le quotidien, quelque fois sordide, fait de marchandages, de petits compromis, d’espoir, de peur, de drames. Ces vies qui se jouent sur une croix dessinée sur un manteau… C’est un roman d’une grande humanité. La poésie côtoie la misère, l’espoir, le désespoir. Une superbe lecture, un bel écrivain.
Pendant quarante-cinq années –j’ai eu le temps de les compter-, j’ai vu passer ces hommes, ces femmes, ces enfants, dignes et égarés dans leurs vêtements les plus convenables, dans leur sueur, leur fatigue, leurs regards perdus, essayant de comprendre une langue dont ils ne savaient pas un mot, avec leurs rêves posés là au milieu de leurs bagages.
Et s’ouvre la Porte d’Or… Pour beaucoup, elle n’aura été qu’un portail grinçant et ils n’auront cessé de l’embellir pour les générations à venir. Car aucun miracle ne les attendait ici, sauf celui dont ils seraient les seuls artisans.
Depuis Ellis, j’ai regardé vivre l’Amérique. La ville, si près, si loin. L’île avait fini par en constituer pour moi le poste avancé, la tour de guet, le rempart contre des invasions dont j’étais la sentinelle.