David Foenkinos - Charlotte
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Charlotte
David Foenkinos
Editions Gallimard
Août 2014
224 pages
ISBN : 9782070145683
4ème de couverture :
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
L’auteur :
Né le 28 octobre 1974 à Paris, David Foenkinos étudie les lettres à la Sorbonne, tout en se formant au jazz, ce qui l'amène au métier de professeur de guitare. Son premier roman est publié en 2002 chez Gallimard. Il sera quelques temps attaché de presse dans l’édition. Son roman « la délicatesse » sera porté à l’écran
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Charlotte a déposé toute son œuvre chez son ami médecin pour la transmettre, peut-être, à ses parents et, surtout, la soustraire à la barbarie, en disant ses mots « c’est toute ma vie ».
David Foenkinos a porté en lui, de longues années, cette envie de Charlotte Salomon. Il est allé sur ses lieux de vie, de création. Il nous offre ses doutes, ses besoins, la lente maturation. Il a enfanté d’un livre qui rend hommage à cette artiste méconnue, mise aux oubliettes.
La réunion des deux êtres donne une longue quête que David Foenkinos transcrit en vers libres. Ce parti pris m’a obligée à lire lentement ce livre, à le lire selon une respiration qui lui est propre. Loin de m’avoir rebutée, cette façon de faire donne plus de corps au chaos que fut la vie de Charlotte. Des phrases courtes, termines par des points, comme une respiration. David Foenkinos l’écrit « C'était une obsession physique, une oppression.
J'éprouvais la nécessité d'aller à la ligne pour respirer »
Le style est sobre presque minimaliste, pour mieux repousser l’émotivité et faire ressortir l’émotion. La musicalité des phrases courtes redonne vie à Charlotte, lui laisse ses parts de mystère, ses doutes. La forme du livre donne corps au fond, le sublime. Les vers libres ont une douceur trompeuse, une belle musicalité, pour mieux nous faire ressentir l’horreur.
Un livre étonnant, un hommage à une artiste chahutée, écorchée par la vie, par les bourreaux nazis. Une femme qui n’a eu d’autres moyens que de sortir cette œuvre de sa chair pour essayer de (sur)vivre. Foenkinos ne fait qu’effleurer la vie de Charlotte comme une caresse. J’aurais aimé que cette caresse soit un peu plus appuyée, que l’auteur donne un peu plus chair, d’os à Charlotte. Est-ce son obsession "Sa vie est devenue mon obsession. J'ai parcouru les lieux et les couleurs, en rêve et dans la réalité" qui donne cette impression de survol de la vie de Charlotte ?
Ce livre a obtenu le prix Goncourt des étudiants et le Renaudot 2014