Bertrand Guillot - Sous les couvertures

Sous les couvertures

Bertrand Guillot

Editions Rue Fromentin

180 pages

Juin 2014

ISBN : 9782919547326

 

 

4ème de couverture :

Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s’éveillent et se racontent leurs histoires… Mais ce soir, l’heure est grave : les nouveautés viennent d’arriver, et les romans du fond de la librairie n’ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur !

Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s’unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu’ils n’ont pratiquement aucune chance…

Entre roman et conte iconoclaste, Sous les couvertures, quatrième livre de Bertrand Guillot, est une merveille d’humour et d’originalité. Où l’on découvrira, entre autres, à quoi servent les classiques, en quoi les livres ressemblent à leurs auteurs… et pourquoi, à l’habit des académiciens, on a ajouté une épée.

L’auteur :

Bertrand Guillot est l'auteur de quatre ouvrages : le roman Hors-jeu (Le dilettante), B.a, ba (Editions rue Fromentin), son livre-reportage sur l’illettrisme et Le métro est un sport collectif (Editions rue Fromentin), recueil de chroniques consacrées au métro parisien. Avec Sous les couvertures, il s'attaque au conte pour en faire roman iconoclaste, une merveille d'originalité.

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Je vous la fais tout de suite, je sais que vous l’attendez : j’ai lu ce livre, « Sous les couvertures » bien au chaud sous ma couette !

Un libraire de quartier en difficulté a une très grosse envie de baisser les bras tant il est submergé par tous ces livres qui sont publiés et qui finiront au pilon. Sa clientèle a vieilli avec lui et le renouvellement n’est pas arrivé malgré Sarah, sa jeune stagiaire. Nous sommes samedi soir, il ferme sa boutique, baisse le rideau et s’en va chez lui plein d’amertume et de fatigue. Lundi, il recevra les nouveautés de la rentrée littéraire et devra mettre dans les cartons les livres qui partiront dans le couloir de la mort des invendus puis au pilori. Les livres du Boudoir le savent…. Le tri se fera parmi eux et non pas auprès de ceux des tables, les prix, les best-sellers.

Alors, branle-bas de combat parmi les livres du boudoir. « Grand » prend les choses en main, accompagné de « Junior » et de « Mauve ». On va voir les anciens qui ont pour nom « l’Académicien », « Douleur d’Ecrire », « l’Auteur », « Vieille Gloire »… Serait-ce les premiers soubressauts d’une révolte, que dis-je ! Une Révolution !

Ça discute, ça fouraille, ça fomente, ça se dispute, pire qu’à l’Assemblée !! Et pourquoi tout cela ? Pour que finisse cette attente sans fin, cette ségrégation. Pourquoi les livres vendeurs, les prix et tous ceux qui connaissent la gloire sont-ils devant et pas eux ? C’est la double peine pour ceux du Boudoir ! Ils ne bénéficient pas d’une grande publicité télévisuelle, n’ont pas obtenu de prix, ce sont d’anciennes gloires très amères, seuls quelques illustres inconnus les lisent, …. Enfin bref, tout le menu fretin de la librairie. C’est qu’ils la voudraient bien la place au soleil ! Oh, pas grand-chose, juste une quelques jours, enfin connaître le plaisir d’être saisis, palpés, découverts, feuilletés et, le Graal : achetés par les clients.

Le vieux libraire et la jeune Sarah représentent deux façons différentes de voir le fonctionnement d’une librairie. Lui, qui était à la pointe du progrès lors de la création de sa boutique, est fatigué, las, ne veut plus rien changer. Il n’a plus la pêche pour tout chambouler, reste sur ses positions. Sarah représente la nouvelle génération, donc la lumière, l’oxygène. Elle voudrait mettre quelques une de ses idées en place. Dans les livres comme chez les humains, encore et toujours le grand débat des anciens contre les modernes.

Cette bataille des livres pendant la fermeture de la boutique m’a fait penser à un dessin animé où les jouets s’animent la nuit : Merci le moteur de recherches : Toy Story !!

Je savais qu’il y avait des lutins qui venaient la nuit déplacer les chaussons de place. Certains de mes livres disparaissaient pour réapparaître sur une autre étagère ! Oui, oui, je vous le promets. Maintenant je sais que les livres sont des objets animés qui ont une âme. J’aimerais tant surprendre leurs activités nocturnes, mais je crains que ce soit perdu d’avance, comme pour le Père Noël.

Un livre drôle, certaines scènes sont hilarantes, comme cet onanisme littéraire. Sous ses propos légers, Bertrand Guillot parle du malaise du monde de l’édition et des libraires. Un monde en pleine mutation avec les ventes en ligne, les tablettes, les livres numériques. Ces officines du plaisir que sont, pour moi les librairies, doivent inventer, créer, trouver les mille et une façons d’intéresser le client pour qu’il devient lecteur, assidu si possible.

Merci Bernard Guillot pour cette déclaration d’amour pour les livres et les vraies librairies

Je remercie Price Minister qui, dans le cadre des matches de la rentrée 2014 m’ont permis de lire ce livre désopilant. Cela fait un bien fou après un livre plus dur sur la guerre 14-18 ! J’ai, de plus, découvert une nouvelle maison d’Editions : Rue Fromentin

Merci Oliver pour ton humour

Ma note : 17/20

                         

Chaque soir, il les regardait, muets et immobiles. Et chaque soir, au moment de baisser son rideau, il ne pouvait s’empêcher de songer que peut-être, en son absence, les romans se mettaient à plaisanter entre. C’était un pressentiment de vieux gamin, un songe de vrai libraire. Sa façon d’aimer les livres.

Le pilon ! Tous en connaissaient le nom mais bien peu savaient à quoi il ressemblait réellement. Dans cette ignorance s’engouffraient les angoisses les plus folles. La machine du diable ! murmurait-on. Un broyeur immense réduisant les mots en matière brute et le papier en pâte à mâcher.

Quand on lui demandait en quoi consistait son métier, il se disait passeur, parfois entremetteur : il connaissait ses clients et dénichait toujours le livre qui correspondait à leurs envies du moment ; il s’amusait aussi parfois, aux heures creuses, à imaginer à quelles mains il pourrait confier un auteur qu’il venait de découvrir.

Suspendu dans l’air, il commença à lentement frotter ses pages les unes contres les autres. Son papier frissonnait comme dans une brise d’été. Peu à peu, il accéléra son geste, en rythme puis en saccades, et l’accent de son titre fut pris de tremblements comme s’il battait des cils
- mais, il se… murmura Grand
- littéralement, souffla Conteur.
Bientôt les frottements s’accélèrent, l’Académicien oublia toute grâce en s'oubliant lui-même, il avait maintenant les yeux fermés et s’abandonnait pleinement, le circonflexe tendu à la limite de la rupture, jusqu’à ce qu’il ne laisse tomber à terre, presque invisibles, de minuscules traces d’une poudre d’encre échappée d’une de ses pages centrales.

Et comment on pouvait encore être libraire, à l'heure où les mêmes clients qui vous reprochaient de ne pas avoir tout lu se tournaient vers des libraires en ligne qui précisément ne lisaient rien ?

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S
Je l'ai tellement vu sur les blogs avec des billets complètement dithyrambiques que j'avais laissé retomber la mayonnaise avant de m'y repencher (oui je suis comme ça). Et ton article me donne vraiment envie de m'y coller, peut-être attendrai-je la sortie poche (il m'a l'air assez proche du Liseur de 6h27 non ?)
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Z
Je n'ai pas lu le liseur. Je devrais peut-être le faire.<br /> A certains moments je voyais toys story et à d'autres, le dessin animé avec Mickey, Fantasia, il me semble, où il est dominé par un balais
A
Les livres aussi ont leur Woodie et leur Buzz l'éclair !
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Z
Voui
J
J'ai beaucoup aimé moi aussi. En même temps, un livre sur les livres, ça ne pouvait que me plaire.
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Z
Et oui !
C
Il m'attend !
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Z
J'espère que tu te régaleras
A
Je l'ai déjà noté, je crois que j'attendrai la sortie poche.
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Z
MP
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