Sébastien Berlendis - L'autre pays
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L’autre pays
Sébastien Berlendis
Collection : La Forêt
Avril 2014
80 pages
ISBN : 9782234075351
« A cet instant, je sais que le périple italien ne s'aventurera pas plus au sud, comme si j'avais trouvé un pays à Craco, un pays certes sans ossements, sans tombes qui portent mon nom, sans murs de famille mais un pays tout de même ». Dans ce récit charnel et poignant, Sébastien Berlendis nous invite à un voyage en Italie, à la recherche de traces familiales et amoureuses. Une traversée des lieux en une longue rêverie où affleurent des images, des visages, des paysages comme s'il s'agissait de photographies cadrées avec l'urgence du désir.
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De retour en Italie avec le second livre de Sébastien Berlendis. Bien qu’il n’ait pas la même densité mélodramatique que le précédent, la poésie de son écriture m’a attirée dans son sillage.
L’autre pays, celui du cœur, du berceau de la famille. Je ne connais pas l’Italie et n’ai pas cherché à suivre son trajet sur une carte. J’ai préféré le flou artistique et les photos surgies au fil de ma lecture. Comme dans son précédent livre, les paragraphes sont de véritables instantanés photographiques. Il y a plus de poésie, de tableaux impressionnistes, de sensualité dans ce livre.
Il n’ira pas au-delà de Craco. Il y a trouvé SON pays dans les ruines de ce village dévasté par un tremblement de terre. Il se recréé sa nostalgie de l’Italie de ses ancêtres.
J’ai aimé feuilleter ce livre-album en sépia, en noir et blanc ou en couleurs selon les périodes, les rencontres ; souvenirs d’enfance, récit de voyage, re-découverte de lieux… Les odeurs, les couleurs sont très présentes
La mélancolie sied bien à ce livre et j’ai aimé mettre mes pas dans les roues de Sébastien Berlendis.
Un livre où il fait bon repiocher, de temps à autres, quelques paragraphes-photos.
Je vais de places en places pur me perdre dans le Quadrilatère romain dont la vitalité et la jeunesse me surprennent. J’avais le souvenir d’un vieux centre délaissé, de rues noires et inquiétantes.
J’écoute les mots de Federica. Des mots que je comprends à moitié mais qui ne scellent pas les lèvres. Et l’abandon timide à son corps, le silence des toits de Ferrare, la fatigue et le sommeil qui se refuse, la gêne du matin, lorsque la pudeur bâillonne la poitrine.
Dans la chambre, j’essaie de reconstituer le trajet de mes aïeuls.
En fin de jour, une jeune femme brosse ses cheveux noirs, et j’aime l’étrangeté du visage, la légère plissure asiatique des yeux et l’alignement des grains de peau depuis la bouche jusqu’aux seins.
Elle apparaît sans voile et sans frange, les épaules et la nuque découvertes. Sur ses hanches une robe leste et flottante, une de ces robes de vent dont l’échancrure plonge si bas dans le dos que je peux apercevoir deux fossettes qui creusent la rondeur des fesses. Gianna a des airs d’enfance inachevée.