Alper Canigüz - L'assassinat d'Hicabi Bey
-
L’assassinat d’Hicabi Bey
Alpert Canigüz
Traduit du turc par Célin Vuraler
22/05/2014
ISBN : 9791092145236
Alper Kamu est un curieux petit garçon qui s’est promis de résoudre un meurtre commis dans son quartier à Istanbul. Il a trouvé Ertan le Timbré à côté du cadavre encore chaud d’Hicabi Bey, policier à la retraite, la télévision allumée à plein volume, mais le cinglé du voisinage était plutôt là pour regarder l’équipe du Besiktas perdre en Ligue des champions. Déjà tête à claques d’existentialiste, Alper le désormais détective va sécher la maternelle et balader son revolver en plastique Dallas Gold dans une mégapole bigarrée, pleine d’amantes fatales, d’épiciers lyriques et de directeurs sournois…
L’Assassinat d’Hicabi Bey n’est peut être pas une énigme métaphysique, mais ça y ressemble. Sauf qu’on rit beaucoup et que, à la fin, on a la réponse.
Né à Istanbul en 1969, Alper Canigüz y a passé une enfance remplie de bagarres et de livres. Après des études de psychologie à l’université du Bosphore, il a fait paraître son premier roman, Doux rêves.
L’Assassinat d’Hicabi Bey, son deuxième roman, a remporté un large succès populaire.
==================
"A 5 ans, on est au cœur de l’âge mûr. Ensuite commence la chute". Ainsi parlait Zarathoustra, non Alpert Kamu (ça vous dit quelque chose et bien moi ça me dit que ce patronyme n’a pas été choisi par hasard). Dans ce livre, Zarathoustra hallucinait…
Revenons à nos moutons, plutôt, notre mouton noir. Alpert Kamu, bambin de 5 ans. Bambin vous avez dit ? Non, ce qualificatif ne lui convient pas du tout. Surdoué magistral, parfois tête à claques, cet admirateur de Chostakovitch, Nietzche, connait Wu Zhaoji (et vous ?), J.J. Rousseau comprend les paradoxes de Zénon… S’exprime beaucoup mieux que vous et moi (enfin moi !). Heureusement, il a des réactions d’un gamin de son âge question castagne et jeux de billes et, surtout, son pistolet en plastique Dallas Gold et les balles en même métal. Ce pas-si-gentil gamin va, accessoirement, résoudre une énigme meurtrière dont il est le témoin.
Ce n’est pas possible dites-vous et bien, lisez ce livre et vous saurez. Petite précaution avant d’en entamer la lecture : laissez toute logique au placard sans aucune crainte, le meurtrier ne s’y cache pas, mais l’AEN peut s’y trouver. En entrant dans cette histoire, méfiez-vous des mangemémoires et des champignons
Un livre déjanté. Plusieurs fois, un instant de lucidité me faisait dire : mais non, ce n’est pas possible, un gamin de 5 ans, même surdoué…. Mais si, mais si.
Nonobstant son côté déjanté, Alpert Canigüz a écrit un livre brillant, voire intelligent où il décortique les magouilles de l’administration turque et stambouliote. Ce livre nous offre quelques pensées philosophiques d’Alpert. J’y ai trouvé, avec plaisir, l'existence de cette liberté de culte qui a tendance à régresser.
Alpert Canigüz et les éditions Mirobole m’ont offert un beau voyage en absurdie. Pays que j’avais déjà visité avec « Des mille et une façons de quitter la Moldavie » de Vladimir Lortchenkov. Jamais deux sans trois dit-on…. Je vais continuer à découvrir ce royaume d’absurdie.
Merci à et à qui, dans le cadre m’ont accordé un bon moment de dilatation de rate intelligent.
Ils l'ont lu : Yv - Liliba - Encore du noir - D'autres avis sur le site de Libfly
Je m’appelle Alper Kamu et j’ai fêté mes cinq ans. A l’approche de mon anniversaire, j’ai passé le plus clair de mon temps posté à la fenêtre, à observer les gens au-dehors. Ils traversaient la vie tantôt accélérant, tantôt ralentissant, et émettaient toutes sortes de bruits, le regard sans cesse en mouvement. J’étais malade à l’idée qu’un jour je deviendrais l’un deux. Malheureusement, il n’y avait aucune autre issue possible ; le temps s’écoutait, inexorable, et je vieillissais vite.
J’aime jouer au football. Ce jeu comble mon besoin d’affrontement physique. Rentrer à la maison en sang, couvert de bleus après une partie difficile est un plaisir unique.
Beau pays ! Un meurtre vient d’être commis mais il faut attendre la fin d’un match de foot pour que la police et le procureur lève le petit doigt. Mais effectivement, pourquoi paniquer puisque les criminels étaient sûrement occupés à la même chose !
Je me suis toujours étonné qu’on puisse considérer les enfants comme des êtres beaux, innocents et naïfs. Quand je regarde ces gamins, je ne vois que les aspects les plus vils et violents de l’humanité. D’ailleurs je ne me sens pas vraiment différent. Seulement j’ai la chance de savoir exprimer ma laideur intérieure de manière plus raffinée.
Pour s’amuser, on peut toujours aller au théâtre. De toute façon, on vient ici pour boire notre souffrance. Le meilleur remède à la souffrance, c’est la souffrance