Timur Vermes - Il est de retour
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Il est de retour
Timur Vermes
Traduction Pierre Deshusses
Mai 2014
390 pages
USBN : 9782714456090
4ème de couverture :
Succès inouï en Allemagne, traduit dans trente-cinq langues, bientôt adapté au cinéma, Il est de retour est un véritable phénomène. Entre Chaplin, Borat et Shalom Auslander, une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise.
Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s'emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise...
Hitler est ravi, qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l'estocade qui lui permettra d'achever enfin ce qu'il avait commencé...
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La couverture très minimaliste avec les fameuses funestement célèbres mèche et moustache démontre le souci du détail pour ce livre au prix judicieux de 19,33 € (1933, année où il devient chancelier du Reich), ironie ou machine commerciale ?
La 4ème de couverture parle d’une satire aussi hilarante que grinçante. Hilarante, non, car je n’ai pas ri, souri jaune quelque fois. Grinçante, ça oui et oh combien !
Hitler (je peine vraiment à écrire ce nom !) se réveille par un beau matin de 2011 au milieu d’un vague terrain de jeu, vêtu de son costume militaire un peu défraîchi. Personne ne le reconnait. Certains lui trouvent même une ressemblance avec un comique et le prennent pour un acteur. Tout le monde est subjugué par ses « talents d’imitateur ». Une superproduction de télévision, pour faire de l’audimat, l’engage sans plus se renseigner sur lui, avalant tout ce qu’il dit. Il a son propre talk-show et afin de boucler la boucle, on lui propose d’écrire un livre. Cerise sur le gâteau, plusieurs partis politiques le veulent absolument dans leurs rangs.
Tout au long de son livre Timur Vermes s’est inspiré de la façon d’écrire du dictateur pour cette parodie, ce qui donne un style très lourd, ampoulé, verbeux.
Un livre édifiant. En cette période d’élections européennes où les partis populistes ont fait un carton (France, Italie, Danemark…), je n’ai pu m’empêcher de faire des parallèles, de noter certaines similitudes de vocabulaire, d’idées. Les mêmes causes amenant, souvent, les mêmes effets, ce livre m’a fait froid dans le dos.
Timur Vermes fait la satire du milieu télévisuel où le contenant et l’audience ont plus d’importance que le contenu… Mais de là à cette adhésion des producteurs de l’émission ! J’avoue avoir été secouée. Je me demande si cela ne m’a pas plus choquée.
La farce est poussée très loin. Dans sa « tanière du loup » reconstituée en studio, il a, sur le plateau, un assistant vêtu du costume SS « Un grand type superblond, genre SS ». Mais comme l’indique la productrice « De toute façon tout ça est symbolique », ben voyons ! Il se sert de leurs instincts les plus bas pour gravir les marches de la renommée. Cette bande télévisuelle va même au devant de ses désirs. Madame Bellini et ses collaborateurs disent penser second voire troisième degré, « Mon Fureur » agit au premier degré. Madame Bellini pense avoir une émission humoristique, « Mon Fureur » développe son argumentation.
Oui ce livre porte à réflexion. Ce scénario peut, hélas, se reproduire. Par ailleurs, peut-on rire de tout ? Desproges a une réponse qui me plait beaucoup : « on peut rire de tout mais pas avec tout le monde http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/extr_dr/desproges.htm.
Je remercie ainsi que les
pour ce livre à lire et à méditer.
« J’ai l’air d’être un voleur ? »
Il me regarda : « Vous avez l’air d’être Adolf Hitler
- Justement », dis-je.
Le Reich avait laissé place à ce qui était appelé un « Etat fédéral. La direction en revenait, selon toute apparence, à une femme appelée « chancelière fédérale », même si des hommes avaient aussi occupé cette fonction avant elle
Mon regard fut attiré par une femme visiblement atteinte de démence, qui longeait cet espace vert en tenant un chien en laisse et était sur le point de ramasser ses déjections. Je me demandai si cette folle avait déjà été stérilisée, avant de me dire qu'elle n'avait guère de valeur représentative pour l'Allemagne.
A la tête du pays se trouvait une femme lourdaude, aussi charismatique qu’un saule pleureur et dont l’action était déjà d’emblée discréditée par ses trente-six années de collaboration bolchévique, sans qu’elle en soit le moins du monde gênée aux entournures.
En 1933, le peuple n’a pas été bousculé par des actions de propagande. Un Führer a été élu selon un mode qui, aujourd’hui encore, passe pour absolument démocratique. Un Führer a été élu alors qu’il n’avait jamais fait mystère de ses objectifs, toujours exposés avec une grande clarté. Les Allemands l’ont élu. Même les juifs. Et peut-être même les parents de madame votre grand-mère.
C’est la seule photo qu’elle a de sa famille. Et elle n’est même pas dessus avec les siens
C’était peut-être une erreur ? Déclarai-je. Je veux dire : ces gens ne ressemblent pas du tout à des…
- « C’est quoi cet argument ? demanda Melle Krömeier d’un ton froid. Et s’ils ont été tués par erreur, ça veut dire que ce n’est pas grave ? Un type s’est di un jour qu’il fallait tuer les juifs, la voilà l’erreur ! Et les gitans ! Et les homosexuels ! Et tous ceux qui ne lui convenaient pas. Je vais vous dire une chose assez simple : si on ne tue pas, on ne risque pas de se tromper de personnes ! C’est simple comme bonjour ! »
Melle Krömeier avait bondi de sa chaise et hurlait : « Non ! Ce n'était pas une erreur. C’était des juifs. Ils ont été gazés en toute légalité ! Simplement parce qu’ils ne portaient par l’étoile. Car non seulement ils étaient juifs, mais en plus ils étaient en situation irrégulière. Vous êtes tranquillisé maintenant ? »